..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

jeudi 28 août 2014

Kozon ortograf



J’ai eu la joie de trouver hier, dans ma boîte à lettres une carte que ma fille m’envoyait de Fontenay, abbaye cistercienne bourguignonne. Outre le plaisir que procure toujours une pensée et la satisfaction qu’on retire de voir que le goût pour les visites de monuments qu’on lui a inculqué dès son enfance demeure partagé par une quasi-trentenaire, j’ai eu la surprise de voir que la douzaine de lignes qui en couvrait le verso était exempte de fautes d’orthographe.

Ma fille appartient à une génération à laquelle on a négligé d’enseigner  la morphologie comme les règles qui régissent les accords grammaticaux. Lorsque, un peu inquiet du nombre de fautes qu’elle commettait, j’essayais de lui rappeler telle ou telle règle, j’ai maintes fois pu constater que cela la laissait aussi perplexe qu’une poule à laquelle on aurait offert un couteau suisse. De plus, du fait que l’on n’avait jamais particulièrement insisté sur l’orthographe au cours de sa scolarité, elle ne semblait pas accorder grande importance à une discipline qui, selon la formule attribuée à Napoléon « est la science des ânes ».  Cette formule peu élogieuse, aurait, dit-on, été créée pour excuser la piètre orthographe de l’empereur. Elle est cependant à double tranchant car ne pas maîtriser ce dont une bête supposée stupide est capable fait de vous son inférieur…

On pourrait adresser à l’orthographe française dont l’évolution complexe est en partie liée à celle de la centralisation de l’état de nombreux reproches parfois justifiés. Si le français a choisi une orthographe plus étymologique que phonétique, contrairement aux autres langues romanes, ce n’est pas toujours sans raisons. Du fait du renforcement de l’accent tonique sous l’influence des envahisseurs germains, les syllabes finales latines se sont amuïes donnant naissance à de nombreux homophones comme vers (à la fois préposition, poétique et lombric), vair (dont on fait les pantoufles), verre (matière), vert (couleur). Il est évident que le contexte permet généralement de lever l’ambiguïté car si on vous offre un verre, vous ne vous attendez pas à recevoir un asticot.  Toutefois,  une orthographe phonétique exige une certaine homogénéité des accents et aussi l’abandon de formes patoisantes, ce qui, jusqu’à une époque récente n’était pas le cas (et ne l’est toujours pas dans certaines régions au point qu’un Ch’timi  et un Béarnais  pur sucre auraient bien du mal à communiquer s’ils écrivaient phonétiquement). Que le choix fait ait été phonétique ou étymologique, il n’empêche que l’orthographe est toujours normative et facilite la compréhension écrite.  La réformer en profondeur n’aurait pour effet que de perturber les lecteurs habitués aux anciennes graphies et ne dispenserait en aucun cas les nouveaux utilisateurs d’apprendre les nouvelles.

On m’objectera que l’on peut très bien communiquer par un langage SMS fait d’abréviations, de phonétique, de mots anglais plus courts, d’épellations ou de rébus typographiques. Certes. Mais je crains que cette possibilité soit liée au contenu : il s’agit de faire part d’informations ou d’émotions simples, excluant style, mots rares ou nuances, bref d’un système de base adapté aux  messages de base.

De plus, et ce n’est pas négligeable, la dysorthographie est un marqueur social. Une lettre bourrée de fautes classe son auteur dans la catégorie des rustres y compris pour ceux qui font autant d’erreurs que lui tant il est commun de voir les fautes des autres sans remarquer les siennes. A mes élèves qui mettaient en avant le « fond » de leurs textes pour en excuser la piètre forme, j’opposais la métaphore qui suit : « Que diriez-vous d’un homme (ou d’une femme) portant des vêtements de bonne coupe et de belle étoffe qui seraient maculés de taches aussi diverses que nombreuses ? Que c’est un (e) élégant ( e) ou un (e) cochon (ne)? »

Résumons-nous : l’orthographe conservant toute son importance, ne serait-il pas préférable de lui rendre la place qu’elle mérite dans les cursus primaire et secondaire plutôt que d’obliger les jeunes à faire ensuite de grands efforts pour la maîtriser, conscients qu’ils sont devenus de l’importance sociale (et professionnelle) qui s’y attache ? Vous me direz qu’on ne peut pas être à la fois au « genre », au Bled et au Bescherelle…

mercredi 27 août 2014

L’Angleterre (2)




Toute culture est véhiculée par une langue, pour l’Angleterre, il s’agit de l’Anglais. Bien qu’appartenant au groupe germanique cet idiome fut, pour les causes historiques que nous avons évoquées,  très influencée par le français qui y demeura langue de culture jusqu’au milieu du XIVe siècle et y survécut bien plus tard dans le domaine juridique. Elle produisit une riche littérature dite Anglo-normande. Bien qu’environ cinquante pour cent de ses mots soient d’origine française ou latine, l’Anglais demeure largement incompréhensible et surtout imprononçable. En bien des lieux, l’accent local n’a rien à voir avec celui que l’on enseigne en nos écoles. Il n’y a donc aucune raison valable, sauf pour les espions allemands  durant la dernière guerre,  de tenter de le parler comme la reine. Sans compter que, si la nature ne vous a pas dotée d’un sens de l’humour apte à provoquer leur rire, votre accent français vous permettra de déclencher l’hilarité de vos interlocuteurs anglais. Cette langue est devenue, via l’Empire britannique et la relève qu’assurèrent les USA, LA Langue Mondiale. Un de ses grands avantages est qu’il est assez facile de la parler très mal.

La littérature anglaise est si riche et a donné au monde tant de grands écrivains si bien connus de tous que je ne vous ferai pas l’injure de les citer. Pareil pour la musique, la peinture, la danse, la poésie, l’architecture, la peinture et le cinéma. Mais ce qui rend la culture de ce peuple encore plus étonnante c’est son mode de vie.  La cuisine anglaise est remarquable. TRÈS remarquable. Comme bien d’autres cuisines, elle aurait pu choisir d’être simplement savoureuse, elle a choisi d’être exceptionnelle par ses cuissons, ses sauces, ses mariages d’ingrédients. Il se trouve qu’elle est rarement du goût des étrangers. Il semblerait même qu’elle ne soit pas de celui des autochtones  si on considère le nombre de restaurants plus ou moins exotiques vendant des plats à emporter qu’on y trouve partout. Curieusement, ouvrir un restaurant anglais ailleurs qu’au pays n’apporte à son propriétaire qu’une clientèle de compatriotes, et encore…

La nourriture n’est pas la seule caractéristique originale de ce peuple. Il est fréquent qu’on y boive, à toute heure du jour et de la nuit, des quantités industrielles de thé au lait. Curieusement, dans des débits de boisson appelés Pubs (alors que le Public Bar, ne constitue que la plus  populeuse des diverses salles de l’établissement), les hommes se saoulent en ingurgitant quantité de pintes de bières diverses tandis que leurs charmantes compagnes s’arsouillent aux spiritueux.  Parmi les heureux mariages de boissons pratiqués, le Pernod-Coca est le plus surprenant.

Au niveau des loisirs, on y joue, tout vêtu de blanc, aux boules (sur herbe) ou au cricket. Ce dernier sport constitue une énigme totale pour qui n’en connaît pas les règles complexes. En dehors de son pays d’origine il n’est d’ailleurs pratiqué que dans ses ex-colonies et dominions (probablement  parce que les traités menant à l’indépendance imposaient sa pratique).

Appartenir à une nation qui assura sa puissance par la maîtrise des océans laisse des traces. Aussi voit-on, même au cœur de l’hiver des rangées de voitures garées face à la mer, sous la pluie, et dont les occupants fixent les flots tout en mangeant un sandwich arrosé de thé au lait. Le printemps venu, l’Anglais et l’Anglaise sortent leurs tenues estivales même quand la température permettrait de supporter une grosse laine. Ils aiment fleurir leurs jardinets, décorer leur maison et régulièrement repeindre de couleurs vives tout ce qui est susceptible d’être repeint. Les intérieurs sont rendus confortables par d’épaisses moquettes et de profonds fauteuils et sofas où l’on s’assoit, mug de thé au lait à la main, pour contempler un radiateur électrique imitant si bien un feu de charbon qu’un aveugle s’y laisserait prendre.

L’Anglais apparaît jusqu’ici comme un être discret, pondéré, ouvert à l’autre et pacifique et pourtant chacun sait que le hooliganisme fait des ravages en ce pays, que les jeunes s’y adonnent à de honteuses beuveries, que le Sun, journal le plus lu, mène de temps à autre des campagnes anti-françaises d’une rare violence (si dans les articles injurieux de ce journal, on remplaçait « français » par «noir », « musulman » ou « juif » il se verrait immédiatement interdit). Comment s’expliquent de telles incohérences ?  C’est très simple : comme parmi les chasseurs, il existe de bons et de mauvais Anglais. Fréquentez de préférence les bons.

Du point de vue économique l’Angleterre est un pays plutôt riche. Elle tire ses principales ressources de la finance, des assurances, des services, de la vente de souvenirs royaux  et de gisements de pétrole et de gaz qui la dispensent provisoirement d’avoir des idées. L’agriculture  et l’élevage ne sont pas les deux mamelles de Britannia, mais produisent  quand même quelques denrées. L’industrie automobile fabrique de très jolies voitures comme les Rolls, les Bentley, les Jaguar, les Range Rover mais aussi des Nissan ; l’an dernier, elle a produit plus de véhicules que la française alors qu’il y a quelques décennies elle était en voie de disparition. Bien que M. Sarkozy n’y ait jamais été au pouvoir, l’économie anglaise a été très durement frappée par la crise de 2008 mais en dépit du fait que M. Hollande n’y soit pas aux manettes, elle prévoit pour cette année une croissance encore plus forte (+ 2.7%) que celle de l’an dernier.

Résumons-nous. Un voyage en Angleterre est-il envisageable sinon souhaitable ? Ça dépend. Si vous êtes gourmand, et n’aimez ni le chinois, ni l’indien, ni le tex-mex, ni le KFC, ni le Macdo, etc. : non. Si vous cherchez un dépaysement total, si ne rien comprendre à ce qu’on vous dit vous repose, si un prix astronomique des cigarettes ne vous fait risquer aucun infarctus, si vous avez un goût immodéré pour le thé au lait et/ou la bière tiède, si votre curiosité vous incite à goûter aux savoir-faire érotiques des filles ou des fils d’Albion, si vous ne sauriez concevoir une belle journée sans pluie,  pourquoi pas ? Trois conseils cependant : 
1) Montrez vous prudent car traverser une rue peut s’avérer dangereux vu que, du fait de la conduite à gauche,  les véhicules arrivent d’où on les attend le moins. 
2) Pour faire plaisir aux Anglais et si vous êtes de sexe (ou de genre) masculin, adoptez la tenue du Français typique : béret, marinière, baguette sous le bras et, si vous visez la perfection, des tresses d’oignons autour du cou et une bouteille de rouge à la main. Une moustache s’impose également.
 3) Faites l’effort de toujours prononcer « ze ou zi» l’article « the » : votre popularité se verra ainsi assurée. 

Vu que les autochtones auront toujours tendance à vous regarder avec une certaine condescendance voire à vous trouver ridicule, autant justifier leurs préjugés…

mardi 26 août 2014

L’Angleterre (1)



Contrairement à ce que croient bien des gens, l’Angleterre n’est pas une île mais seulement une partie de la Grande-Bretagne. Ce n’est même pas un état mais une composante parmi d’autres du Royaume Uni. On se demande donc pourquoi on a au cours de l’histoire fait tant de cas de ce bout de machin. Une chose est pourtant certaine : en dehors de l’Irlandais ou de quelqu’un qui se serait malencontreusement trouvé prisonnier sa vie durant dans sa douche, L’Anglais est l’être le mieux arrosé d’Europe au point qu’il vient s’installer dans mes vertes collines afin d’y expérimenter les joies d’un climat aride et qu’il considère M. Hollande comme un homme tout à fait normal quoique un peu distrait puisqu’il sort souvent sans parapluie. 
Le climat y est adapté à des êtres capables de se mettre en T-shirt dès que la température avoisine les 15 ° Centigrades.   

Sa « montagne » la plus élevée, le Scafell Pike, culmine à 978 m et le plus long de ses fleuves, la Tamise, ne parcourt que 346 kilomètres Vraiment pas de quoi être fier ! Borné au nord par l’Écosse et à l’ouest par le Pays de Galles, terres maigrement peuplées par les rares celtes que les germains n’ont pu ni exterminer ni déloger, le reste de son territoire, exigu autant que surpeuplé, est entouré de diverses mers comme la Manche (que dans leur jargon ils nomment avec une impudente ignorance « English Channel »), La Mer du Nord, la Mer d’Irlande, la Mer Celtique et L’Océan Atlantique, toutes mers que je soupçonne fort de communiquer entre elles quand on ne les surveille pas attentivement. Ils sont 53 millions d’Anglais, d’Anglaises et de gens venus d’un peu partout à s’entasser sur ses 130 000 km2 !  407 au km2 ! Plus que la Hollande ! Soyez sur vos gardes, voisinophobes surtout que la plupart habitent dans des villes. Sa capitale, Londres (allez savoir pourquoi « London » dans leur patois) compterait dans son aire urbaine 15 millions d’habitants, soit plus d’un Anglais sur quatre. 

L’histoire de l’Angleterre est si longue et complexe qu’en dresser un résumé sommaire serait une gageure. Nous n’en donnerons donc que quelques dates et faits  importants. Vers 9000 avant Jésus-Christ, à neuf heures moins le quart, le niveau des mers s’éleva et sépara la Grande-Bretagne à la fois de l’Irlande et du continent, en faisant une île. L’Angleterre ne put que suivre le mouvement. Les habitants préhistoriques du pays connurent successivement le paléolithique, le néolithique, l’âge de bronze et l’âge du fer. Rien de bien original. Entre -2 800 et – 1 100, ils bâtirent l’ensemble de cercles de pierres érigées de Stonehenge. 1700 ans pour un truc qui ne ressemble pas à grand-chose, c’était pas des rapides !  

En l’an 43 de notre ère, les Romains conquirent l’Angleterre qui s’appelait alors la Bretagne et que la Bretagne s’appelait Armorique (de l’Arabe al mouriq = Chapeau rond* et non pas « pays des armoires », vu que le pays des armoires, c’est la Normandie). Malgré trois cent soixante années de colonisation, les Bretons ne se mirent jamais sérieusement au latin. Ils continuèrent de baragouiner leur breton jusqu’à ce qu’aux Ve et VIe siècles diverses peuplades germaniques, dont les Angles et les saxons, viennent les importuner au point que beaucoup d’entre eux préférèrent quitter leur pays pour l’Armorique que l’on appela désormais « Bretagne ». Les Angles donnèrent leur nom au pays et leur côté anguleux à certaines Anglaises (bien que d’autres soient dotées de généreuses rondeurs). 

En 1066, un certain Guillaume le Bâtard, duc de Normandie de son état, suite à la victoire d’Hastings,  conquit le pays ce qui lui permit de se surnommer « le Conquérant », ce qui fait plus sérieux. Les seigneurs normands qui l’accompagnaient firent main-basse sur les terres et pendant près de trois siècles firent du français la langue de l’élite et du commerce. Nous y reviendrons. La Peste Noire de 1348 vida le pays de la moitié des croquants qui l’encombraient dont l’essentiel des francophones. Pour des raisons dynastiques, la perfide Albion et la douce France** s’affrontèrent durant plus de cent ans aux XIVe et XVe siècles. Vers la fin de ce conflit, les Anglais brûlèrent une sainte sans laquelle les militants du Front National ne sauraient pas trop quoi faire le 1er Mai (comme quoi à quelque chose malheur est bon). 

Petit à petit, les rois Anglais unirent sous leur autorité le Pays de Galles, l’Écosse et l’Irlande en un Royaume que leur manque d’originalité les fit baptiser « Uni ». Parallèlement leur flotte leur assura une suprématie maritime que vante l’excellent hymne patriotique « Rule Brittania » (que seul un angliciste médiocre traduirait par « roule ma poule »  ou « en voiture Simone»). Après quelques malentendus avec l’Empire Napoléonien qu’elle contribua à abattre, elle continua de se constituer un empire colonial à faire baver d’envie (s’il avait alors été en mesure de baver) le Roi Philippe II d’Espagne. La Révolution Industrielle lui permit de devenir la première économie mondiale avant de se voir détrônée par ses cousins Étasuniens au début du siècle dernier. 

Durant la dernière guerre, un certain Winston Spencer-Churchill, têtu comme une bourrique, refusa de s’incliner devant M. Hitler et continua de mener un combat un temps solitaire contre l’Allemagne.  Le monde libre lui doit donc beaucoup.  Ensuite suivit la décolonisation, un déclin certain puis un relatif redressement sous la férule d’un Dame de fer nommée Margaret Thatcher (en français : Marguerite Couvreur en chaume) qui malgré son nom ridicule parvint à devenir premier ministre dans les années quatre-vingts. En 1997, la mort de Lady Diana Spencer (eh oui, encore une Spencer !), ex-épouse du Prince de Galles (nom que partagent un tissu et le prince héritier du royaume) bouleversa bien plus le monde entier que celle qui fut sa belle-mère. Depuis, à part le 50e puis le 60e anniversaire de l’accession au trône de la reine Elizabeth II, et les jeux olympiques de 2012, rien de bien saillant.

Fin du premier volet. Nous évoquerons prochainement l’économie et la culture  anglaises.

*Cette étymologie nous a été communiquée par Mme R., professeur  de philologie comparée in partibus infidelium
**Les qualificatifs accolés à chacun des pays montrent avec clarté de quel côté se trouvait le bon droit

lundi 25 août 2014

L’homme d’inox



Les Soviets ont eu, il y a longtemps, leur Homme d’acier, les Britanniques leur Dame de fer dans les années quatre-vingts. Nous, avec toujours un peu de retard à l’allumage, il nous a fallu attendre 2012 pour qu’à notre tête se trouvât un homme à la fois résistant et inaltérable comme sait l’être l’acier inoxydable. C’est ce que je me disais en regardant les images de M. François Hollande inaugurant de nouveaux chrysanthèmes sur l’île de Sein. Seul l’acier peut rivaliser en dureté avec notre président. En effet, à un journaliste qui lui demandait de commenter la démission du premier (combien y en aura-t-il ?) gouvernement Valls, notre cher président a déclaré, avec cette mâle concision que seuls possèdent les vrais leaders : « Je ne parle pas, j’agis !». Pour ce qui est de l’inaltérabilité, il suffisait de voir avec quelle fière  indifférence il recevait le déluge seinan et de se souvenir de combien de fois, il s’était fait, lunettes dégoulinantes et rare cheveu détrempé,  saucer lors d’une occasion officielle pour acquérir la conviction que sa forte nature le mettait à l’abri de toute oxydation.

Cela dit, l’inaltérable homme d’action est tout de même bel et bien dans la merde. Soutenu par une poignée de plus en plus restreinte d’irréductibles Bataves dont certaines analyses politiques égalent les prévisions économiques de leur idole (voir ce billet), il se trouve dans une situation délicate.

Le PS a toujours été un agglomérat hétérogène de gens dont les leaders ont pour tout objectif d’occuper un poste électif et éventuellement ministériel. Pour y parvenir, il leur faut ménager la chèvre gauchiste et le chou centriste. Grâce à des alliances électorales qui les obligent à un écart encore plus grand, il arrive que, par hasard, quand les circonstances s’y prêtent, un de leurs spécialistes des magouilles d’appareil (l’Homme d’inox en est un, et un beau) parvienne à se faire élire. Et là commence le drame. Car si, pour parvenir à un poste, on peut s’unir, l’élection passée la carpe et le lapin ne veulent plus entendre parler de mariage. Chacun retrouve sa vraie nature et la majorité se délite. D’autant plus vite qu’un incendie ravage le lac.

Jusqu’à nouvel ordre, la « politique mise en place » n’a porté que des fruits bien amers. Du coup, les factions s’entraccusent d’être à l’origine du fiasco.  L’aile gauche veut une relance par la demande tant il est vrai que les recettes qui n’ont jamais mené à rien sont les meilleures. L’aile droite prétend, à coups de réformettes, relancer l’offre. Réalistes timides et démagogues antédiluviens se tiennent cependant par la barbichette car un réel divorce les amènerait devant un électeur que son manque de jugement risquerait de pousser à ne pas les reconduire. Ils sont, comme un ménage que seul l’intérêt réunit (en nos temps troublés n’est-ce pas l’union la plus stable ?),  condamnés à se supporter.

L’aile gauche continuera donc à avaler des couleuvres tout en déclarant à qui veut l’entendre et la main sur le cœur son dégoût des reptiles. A moins, bien entendu, que son fanatisme et une mauvaise appréciation du climat politique général ne l’amène à se saborder en mettant le gouvernement Valls 2 en minorité, provoquant ainsi une dissolution. On peut encore imaginer que des troubles sociaux d’une intensité inouïe rendent tout statu quo impossible. Ne possédant  pas de boule de cristal fiable et n’étant, par nature, pas joueur, je ne parierai sur aucune de ces éventualités.

Toujours est-il que l’Homme d’inox est mal, quoi qu’il arrive. La gauche de son parti et les alliés extrêmes de ce dernier le vomissent ; quant au premier ministre qui mène sa droite il faudrait être peu perspicace pour ne pas soupçonner son désir fervent de l’envoyer au plus vite se faire voir chez plumeau et prendre sa place. Au dauphin si gentil de la chanson ne restaient qu’Orléans, Beaugency, Notre-Dame de Cléry et Vendôme. Que reste-t-il à notre président ?  Mayotte ? Ce n’est même pas assuré… A moins que la petite fée bleue ne lui accorde une reprise rapide et forte avec inversion de courbe intégrée, je crains qu’il n’ait guère d’avenir et qu’il ne laisse que le souvenir d’un calamiteux quinquennat.