..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

samedi 17 mai 2014

A la manière d’Hercule Poirot



Bien que ça se laisse regarder, les scénarios (ii) de la série anglaise mettant en scène le grand détective Hercule Poirot  créé par Mme Christie, Agatha de son prénom, me laissent parfois pantois.  La trame générale en est assez simple : Poirot est invité dans un quelconque château, séjourne dans un hôtel de luxe, prend l’Orient-Express. Quel que soit le lieu, il faut que ce soit un huis plus ou moins clos où il est entouré de quelques personnes titrées (comtesses, baronnes, receveuses des postes)  accompagnées de leurs éventuels époux, de leurs domestiques, et de divers loquedus plus ou moins louches et parasitiques. Un crime est commis. Ce qui inquiète les survivants. Poirot est appelé à mener son enquête. Qui paiera  la note ? C’est là le plus grand des mystère ! Car après tout, étant détective privé, il ne peut pas vivre de l’air du temps… Le brave Hercule, bien qu’évoluant dans un milieu typiquement britannique est belge mais cela n’affecte pas ses capacités intellectuelles, bien au contraire car il possède de « petites cellules grises » d’une exceptionnelle efficacité.  Il est vrai qu’en Angleterre, ce sont les Irlandais qui sont censés être abrutis. Trêve de digressions, revenons à nos moutons. M. Poirot, se met donc au boulot. Il cause un peu avec tout le monde, épie l’un et l’autre De temps à autre il se plaint du mauvais fonctionnement de ses fameuses cellules  (il parle volontiers seul)  tandis qu’à certains moments, à la vue d’une scène ou d’un objet son visage prend l’aspect grave et inspiré du chat qui chie dans la cendre : il a trouvé un indice. Bien entendu, nos cellules n’étant pas grises, nous ne saisissons pas les raisons de sa satisfaction. Il se peut qu’une nouvelle tentative de meurtre ait lieu et même soit couronnée de succès. La tension monte. Poirot demeure impassible, bavarde toujours et  épie plus que jamais. Tout à coup son visage s’illumine comme la lanterne d'un bordel quand un navire arrive au port :  les petites cellules ont fonctionné, rassemblant un faisceau d’indices qui mènent à la découverte du coupable et de ses éventuels complices. Il réunit tout son monde dans une pièce propice à cela (en général un salon) et se lance dans un interminable laïus durant lequel il retrace les principaux événements auxquels nous avons assisté sans y comprendre grand-chose, dépourvus des cellules nécessaires que nous sommes, dévoile au grand jour tous les petits secrets de chacun avant de révéler l’identité du, de la ou des coupables.
Ça donne quelque chose comme ça : 

-      Quand Poirot (c’est lui qui parle de lui-même à la troisième personne) est sorti de la chambre    de Miss Fuckmequick à laquelle il venait de montrer  comme on danse en Afrique…
-          C’était donc ça ce rafut !
-          Poirot est une bête de sexe… Cependant  je vous prierai  de ne pas l’interrompre Sir Archibald !
-          Donc,  en sortant de la chambre de Miss Fuckmequick, Poirot aperçut  Archibald Assdick, vêtu en soubrette sortir de la chambre de Lord Softprick. N’eût été sa barbe il ne l’eût pas reconnu tant la robe moulante qu’il portait mettait en valeur la féminité de ses courbes plantureuses.  C’est alors que j’ai compris que vous étiez une femme Assdick !
-          Moi ? Une femme ? Vous voulez rire, Monsieur Poirot.
-          Poirot ne rit que quand il se brûle ! Ladies and gentlemen, ce gros homme barbu est en fait la future Lady  Softprick, qui grâce à une fausse barbe, une fausse bedaine et  d’amples vêtement a pu sans problème se faire passer pour Sir Archibald Assdick, directeur général des Établissements Marchenoir, bricolage et quincaillerie en gros !  Il avait à la main le dernier ouvrage de Miss Rosa Hell, que j’ai reconnu à sa photo de couverture. Je ne m’avais pas trompé…
-          Aaaaaaaah, c’est trop horrible, je ne peux le supporter !
-          Calmez-vous, Miss Fuckmequick, Poirot n’a commis ce solécisme que pour vérifier que comme votre sœur jumelle, la défunte Lady Softprik, vous souffriez  de cette maladie  rare qui rend insupportable  toute faute grammaticale, la solécismophobie. Vous seule saviez que votre sœur en était atteinte jusqu’à ce que vous l’appreniez à Sir Archibald, ou plutôt à Jennifer Lets-Haveit  puisque tel est son vrai nom comme Poirot l’a appris en découvrant des lettres à elle adressées et qu’elle dissimulait dans le double-fond de sa boite à sex-toys. Cette maladie  rend la personne qui en est atteinte incapable de supporter la moindre faute de syntaxe. Une passe encore, mais quand elle en entend une succession infinie, elle devient prête à TOUT pour fuir l’enfer qui se déchaîne dans  son esprit y compris à se jeter par la fenêtre  comme l’a fait  la malheureuse Lady Softprick, ce que l’on a d’abord pris pour un suicide mais qui n’était qu’un meurtre commis  par un  trio infernal. Car Lady Softprick ne cachait pas son intention de divorcer de son mari, ce qui eut laissé ce dernier sans un penny. Elle comptait s’enfuir à Venise avec votre fiancé, Rupert Bigcock et ça, vous ne pouviez le supporter, Miss Fuckmequick . C’est alors que naquit en votre esprit l’idée démoniaque de faire d’une pierre trois coups : en supprimant Lady Softprick, vous espériez reconquérir votre fiancé, son mari était sauvé de la ruine et Miss Lets-Haveit pouvait l’épouser. C’est alors que naquit le plan machiavélique où ce livre apparemment banal  joue un rôle capital. Mes joies, mes peines de Rosa Hell quoi de plus anodin me direz vous ? Mais Poirot l’a lu et a pu constater qu’il fourmillait de barbarismes et de solécismes, bref, que sa lecture était de nature à mettre Lady Softprick dans un état de panique tel que si elle n’avait d’autre solution, elle sauterait par la fenêtre de sa chambre situé au deuxième étage de Softprick Lodge.  Sous prétexte que vous deviez donner quelques ordres au jardinier  et pour éviter de trop entendre son langage rustique, vous avez emprunté sa boite de boules Quies à votre sœur que j’ai entendu vous dire d’en prendre le plus grand soin, vu qu’elle n’en avait pas d’autres suite à un vol, dont elle ignorait que vous fussiez l’auteur, Miss Fuckmequick. C’était au moment où Poirot s’apprêtait à se rendre à pied au village pour visiter une jeune personne dont vous m’aviez vanté le goût pour les danses africaines. A son retour, Poirot apprit qu’en compagnie du jardinier vous aviez vu votre sœur se jeter de la fenêtre de sa chambre et se ratatiner la gueule par terre selon les termes du rustre. Mais les petites cellules grises de Poirot  l’avertirent qu’il ne pouvait s’agir que d’un meurtre. En effet, Lady Softprick n’avait aucune raison de mettre fin à ses jours alors qu’elle filait le parfait amour avec Bigcock et qu’elle allait quitter ce vieux pervers de Lord John qui exigeait qu’elle portât une fausse barbe et se déguisât en soubrette pour envisager le coït. C’est ce qu’elle avait confié à Poirot un soir de grandes libations. Elle l’avait également informé qu’elle souffrait de solécismophobie héréditaire.  Et voici ce qui s’est passé : alors qu’elle était montée dans sa chambre afin d’y chercher  la barbe dont  la restitution  selon son mari était la condition sine qua non de son acceptation d’un  divorce à l’amiable, Lord John la suivit, bloqua la porte de la chambre tandis qu’à travers  celle-ci, Miss Lets-Haveit  de sa puissante voix se mit à lire Mes joies, mes peines. Après avoir  en vain tenté de fuir par la porte, rendue folle par tant d’erreurs  grammaticales, elle n’eut plus d’autre solution que de se précipiter dans le vide.
-          Sergent  Cuntface, veuillez emmener  ces trois complices de meurtre. Là-dessus, Poirot va s’envoyer un gorgeon derrière la cravate car toutes ces conneries, ça donne soif… 

Toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé serait non seulement fortuite mais dommage pour elles (surtout si elles vivaient en Angleterre où leurs  patronymes seraient pénibles à porter).

vendredi 16 mai 2014

L’Italie



Ce pays  a en commun avec la Suisse d’être outrageusement montagneux, toutefois les confondre serait le fait d’esprits légers : l’Italie se trouve bien plus au sud et les Italiens y sont ultra majoritaires alors qu’en Suisse ce n’est pas le cas.  De plus,  ce pays est une péninsule entourée d’eau salée. Les volcans y éruptent à qui mieux mieux tandis que la terre y tremble, entraînant  bien des dégâts. En dehors des montagnes, l’altitude  est plus raisonnable. On peut même parler de plaines notamment  autour du Pô, dans le Latium et en Campanie. Les fleuves y sont relativement courts à cause de l’exiguïté du territoire.

Du point de vue historique, peu de choses à dire vu que ce pays n’existe que depuis un siècle et demi. Il faut pourtant croire qu'il était habité auparavant, vu qu’il regorge de vestiges et de monuments bien plus anciens. Les Romains y auraient vécu (ce que la présence de la ville de Rome sur son territoire tendrait à confirmer) mais, vu les performances italiennes lors des deux derniers conflits mondiaux, on a du mal à voir en eux les descendants de grands conquérants.  On est donc en droit de se demander si   les soi-disant ruines  antiques ne seraient pas des contrefaçons.

L’Italien est gai quand il sait qu’il aura de l’amour et du vin. Le reste du temps, il est hétéro. C’est pourquoi mesdames, si vous envisagez de torrides parties de jambes en l’air avec un habitant de la péninsule, il est préférable de lui promettre de l’eau et de lui dire que vous ne pouvez pas le saquer. L’Italienne était très jolie dans les années cinquante comme l’ont montré Mesdames Sophia Loren, Gina Lollobrigida et Anita Ekberg (certains esprits chagrins me diront que cette dernière est Suédoise mais quand on s’arrête à de tels détails, on n’avance pas). Je ne sais pas si c’est toujours le cas, vu que je ne vais plus au cinéma. Toujours est-il que jusque récemment mâles et femelles formaient des couples prolifiques  avec pour conséquence  une forte émigration qui permettait à l’Italien de se transformer, la frontière française passée, en Rital ou Macaroni. Mais ça, c’était avant que le vin ne coule à flot et que la société ne baigne littéralement dans l’amour.

Les professions préférées des locaux sont pape, pizzaiolo et mafioso. Ceux qui ne parviennent ni à accéder au trône pontifical ni à se faire embaucher dans une pizzeria ou adopter par une famille mafieuse trouvent une maigre consolation dans l’agriculture, l’industrie, divers services ou le chômage. L’économie Italienne est plutôt dynamique ce qui est étonnant vu que M. Arnaldo Montebouri n’y est pas aux manettes. Parlant de politique, il faut noter  une instabilité gouvernementale certaine: en plus de soixante ans, l’Italie a connu un peu plus de cabinets ministériels que la France en douze ans de quatrième république. Il est donc normal que nous considérions ces voisins avec dédain. Contrairement à la France, les premiers ministres y pratiquent ouvertement le bunga bunga et se recyclent dans l’aide aux vieillards durant leurs périodes d’éloignement du pouvoir.

La langue du pays, judicieusement nommée Italien, appartient au groupe roman ce qui est bien pratique : il suffit de changer la finale de nos mots français pour un o, un a , un e ou un i (selon le genre et le nombre) pour parler un italien tout à fait acceptable. Si de tels efforts vous ennuient, rassurez-vous : beaucoup d’Italiens parlent français.

Il serait pour cela tentant de se rendre en ce pays. Je préfère cependant vous mettre en garde contre certaines désillusions : d’abord les ruines grecques ou romaines y sont souvent très délabrées, ensuite la cuisine italienne que certains déclarent être une des meilleures du monde est très surfaite, le pinard moyen, les hébergements coûteux, la peinture répétitive, l’art baroque surchargé et comme l’a prouvé Pline l’ancien, la contemplation des éruptions ne va pas sans désagréments. Tout cela devient  très vite lassant. Si vous tenez absolument à vous ennuyer à l’italienne, pourquoi ne resteriez-vous pas tranquillement chez vous à lire un roman d’Alberto Moravia ?  Ça vous reviendra bien moins cher pour un résultat identique.

jeudi 15 mai 2014

Où sont-ils donc ?



Ces derniers temps, j’ai comme une impression qu’il souffle sur la réacosphère comme un vent de désertion. Les billets s’espacent, se font rares ou courts. On assiste même à d’inquiétantes disparitions : où est donc passé le bon Amiral Koltchak dont le dernier billet remonte à onze jours ? Quid  des brèves de son collègue Woland ? La caméra du talentueux Archischmok serait-elle en panne ? La Droite d’avant se serait-il converti au Hollandisme ? Mat, récemment devenu fonctionnaire, profiterait-il déjà de plus de deux mois de vacances ?  L’iconoclaste consacrerait-il plus de temps à ses chères lectures ? Didier Goux se fait moins disert et plus rare… 

Bien sûr, quelques uns restent fidèles au poste. Corto, Pangloss, Le Plouc, Lady, Skandal, Boutfil comme votre serviteur gardent leur rythme comme font, en moins soutenu  Nouratin et Aristide.  Mais est-ce suffisant ?

Je m’interroge quant aux raisons de tout cela. L’arrivée des (plus ou moins) beaux jours y serait-il pour quelque chose ? Les ponts de mai également ? Le changement de gouvernement et la relative absence de couacs qu’il a entraîné nuirait-il à l’inspiration des polémistes ?  S’installerait-il dans le pays un climat d’apathique résignation ?

Je me perds en conjectures. Si vous ressentez la même impression, si vous avez des pistes d’explications, si vous avez des nouvelles de nos disparus, n’hésitez pas à vous exprimer.

PS : Mes excuses à ceux que j’aurais omis de mentionner…

mercredi 14 mai 2014

Libérés…





M. Marchenoir dans un long et documenté commentaire à mon billet d’hier  semblait contrarié par l’attitude de certains qui mettraient en cause le fait que nous ayons été libérés parles Étasuniens et qui utiliseraient les victimes des bombardements alliés de 1944 afin de justifier leur antiaméricanisme d’aujourd’hui  tout en dissimulant leurs motivations profondes qui seraient de souhaiter que l’Allemagne (ou les Soviets) aient gagné.

Mon billet d’hier, je crois que c’est clair, ne s’inscrivait aucunement dans une telle perspective. Je m’interrogeais simplement sur l’apparente disparition du ressentiment qu’auraient pu éprouver les victimes desdits bombardements (du moins celles qui avaient survécu) et leurs proches.  

Nier le fait que nous ayons été   libérés  par les Étasuniens ne saurait être le fait que d’esprits dérangés.  Que les Français s’en soient réjouis est également indéniable. Et comment en aurait-il pu aller autrement ?  Du fait des réquisitions allemandes le pays était affamé, ses jeunes, par le biais du STO, envoyés en Allemagne. D’où que soit venue la fin de cet état de choses, elle eût été acclamée. La fin de l’occupation, c’était l’espoir d’un retour à une situation normale, la fin des privations, le retour des prisonniers… Qui, en dehors d’une poignée de collaborateurs fascisants ne s’en serait réjoui ?

Maintenant, dire que cette libération ne serait due qu’au profond amour des valeurs démocratiques du peuple Étasunien et de ses dirigeants serait faire preuve d’une grande naïveté. Chacun sait quel mal eut le Général De Gaulle, leader autoproclamé de la France Libre, à voir reconnue son existence par MM Churchill et Roosevelt. Ce dernier entretint longtemps de cordiaux rapports avec le régime de Vichy… Seulement, une fois entré en guerre avec le Japon, allié de l’Axe, il fallait bien défaire l’Allemagne, ce qui impliquait la reconquête des territoires qu’elle occupait en Europe. Il était d’ailleurs prévu qu’en l’attente de l’établissement de gouvernements démocratiquement élus, ceux-ci fussent administrés par  des officiers  alliés dans le cadre de l’AMGOT (Allied Military Government of Occupied Territories). De Gaulle s’y opposa mais son Gouvernement Provisoire de la République Française ne fut reconnu par Roosevelt qu’en octobre 1944.

Il y eut donc libération. Par une alliance où le poids des États-Unis était prépondérant. De là à ce qu’à la rencontre d’un Étasunien nous saisissions sa blanche main entre nos mains calleuses et, qu’agenouillé, nous la couvrions de pleurs en l’appelant entre deux sanglots « My benefactor ! », il y a un pas que je ne franchis pas. Nous avons été libérés parce que ne pas défaire l’Allemagne était inconcevable pour de nombreuses raisons (géopolitiques, stratégiques, économiques, idéologiques), c’est tout. Les tombes de tous ces jeunes gens dont les croix blanches dessinent de si impeccables cimetières aux abords de nos côtes normandes me font plus déplorer le peu de cas que font les dirigeants et les chefs militaires de la chair à canon qu’ils ne me poussent à une reconnaissance éternelle.

Quant à mon antiaméricanisme primaire et invétéré, il se base sur des considérations culturelles. Peut-être s’atténuera-t-il le jour où nos progressistes cesseront de fouiller les poubelles de la gauche Étasunienne afin d’y trouver des idées novatrices propres à moderniser un pays auquel elles ne sont pas plus adaptées qu’à celui qui les a mises au rencart et où leur cinéma ne se fera plus le vecteur de la propagation d'une idéologie que je rejette.