..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mercredi 16 avril 2014

Retour sur le tamanoir



Hier, j’ai passagèrement évoqué cette honte de la création qu’est le tamanoir. Je m’attendais à ce que ma réprobation fût unanimement partagée. Car en effet, comment considérer autrement que comme une aberration créatrice cet inutile dont le seul rôle est de supprimer d’inutiles hyménoptères, faisant ainsi une opération blanche. Un Créateur rigoureux eût pu se dispenser de créer la fourmi ce qui lui eût évité de créer les fourmiliers.

Au lieu d’un sain réflexe de dégoût, certains de mes commentateurs firent preuve d’une coupable tolérance, voire de sympathie envers cette bête immonde. L’une cita un poème à sa gloire, un autre me suggéra d’en adopter un, un dernier rêva d’en apercevoir un dans son jardin !  Signes supplémentaires s’il en était besoin de la profonde déliquescence morale dans laquelle baigne désormais ce pays dont les lumières éclairèrent de jadis jusque  naguère le monde !

Je ne suis pas homme à jeter l’éponge face à la moindre contradiction. J’ose encore espérer que cette folle indulgence ne résulte que d’un manque d’information.  Il est donc indispensable d’apporter quelques précisions sur l’infâme myrmécophage.  

Signalons d’abord qu’il est d’une fainéantise insigne : il dort entre 14 et 16 heures par jour ! Si l’on retranche les 24 heures d’observation d’un sabbat, d’un jour de prière ou  du Seigneur selon sa religion, si on lui accorde 1 heure et demie de temps de repas, une demi-heure pour sa toilette,  et 3 heures hebdomadaires pour faire ses courses, sur les 168 heures que compte une semaine, il ne lui en reste que 22 pour travailler et cela en admettant qu’il habite sur son lieu de travail ce qui serait étonnant.

En plus de cela il a un cerveau atrophié (soi-disant afin de ne pas gaspiller d’énergie !) et la température corporelle la plus basse enregistrée chez un mammifère (32°). Il s’agit donc d’un monstre imbécile et froid.

Autres caractéristiques ridicules : 
  • afin de pouvoir éventrer les parois des termitières (car le bougre se nourrit également de termites !) ses cinq doigts sont armés de redoutables griffes dont celle du troisième mesure 10cm. Du coup, il ne peut marcher les paumes à plat sur le sol comme vous et moi quand nous rentrons d’une soirée chez des amis, mais s’appuie sur ses phalanges retournées avec pour conséquence de ne parcourir que 0,8 km en une heure !   
  • Sa queue préhensile mesure de 90 cm à 1 m 40 et il s’en sert de couverture (essayez messieurs  d’en faire autant sans attraper froid !). 
  • Muni d’une langue de 60cm dont il fouille fourmilières et termitières au rythme de 150 fois par minute, cette caractéristique pourrait le rendre populaire auprès de certaines dames avides de sensations nouvelles si elle n’était pas si gluante. 
  • La femelle donne naissance à un petit environ tous les deux ans et demi, la gestation durant 180 jours soit six mois. Cela s’explique probablement par le fait que le petit, encore plus fainéant que ses parents, reste deux ans durant agrippé à la fourrure du dos de sa mère. Un accouplement plus fréquent aurait donc pour conséquence d’écrabouiller le marmot. 
  • Pour finir : voici la photo d’un squelette de tamanoir : 


Honnêtement, si vous aviez la perspective de laisser des restes aussi grotesques, oseriez-vous mourir ?

mardi 15 avril 2014

La fourmi



«La fourmi n’est pas prêteuse ; C’est là son moindre défaut » disait le bon La Fontaine. Et il avait entièrement raison. Car si le refus de prêter est son petit défaut, l’observation de cet hyménoptère haïssable nous amène à conclure qu’elle en a de bien plus grands.

Tout d’abord, la fourmi comme la plupart des autres animaux est totalement inutile à l’homme. Y a-t-il parmi vous une seule personne qui puisse affirmer s’être vu rendre le moindre service par une ou des fourmis ?  Sérieusement ?  Et encore, si elle se contentait d’être inutile !

Une étude attentive de ce ridicule animalcule laisse atterré l’esprit le plus rassis. Supposons que, comme ce fut mon cas hier, vous entrepreniez de désherber votre serre en vue d’y planter des tomates et que vous vous aperceviez que des colonies de fourmis ont profité de la trêve hivernale pour s’y installer. De quel droit ? Ma serre est ma propriété privée !  Nul ne saurait m’en contester la jouissance ! Eh bien, au lieu de s’excuser de leur importune présence, de réaliser qu’elles constituaient une gêne et de vider calmement les lieux après de plates excuses qu’ont-elles fait ? Eh bien après s’être mises à courir dans tous les sens comme autant de minuscules canards sans tête au fur et à mesure que mon arrachage  progressait, certaines ont eu l’impudence de m’attaquer en me piquant les mains !  Quelle témérité ! A côté d’elles le duc Charles de Bourgogne était raisonnable !

Il paraît, mais quelqu’un l’a-t-il jamais vérifié avec une balance poinçonnée par le service des poids et mesures, que la masse totale des fourmis qui peuplent notre planète serait  égale à, voire dépasserait, celle de la totalité des humains. On ne me fera pas croire que si tel était le cas cela irait sans conséquences dramatiques pour l’environnement : émissions de CO2, déjections, pestilence (la fourmi a mauvaise haleine, c’est bien connu), consommation de quantités énormes de nourritures diverses, etc.  Et tout ça pour quel résultat tangible ? Rien, zéro, nib de nib !  Tout au plus, et seulement en Amérique du Sud, la fourmi sert-elle de nourriture au tamanoir et à plusieurs espèces voisine de la famille des Myrmecophagidae (bouffeurs de fourmis). Seulement, le tamanoir, hein, du point de vue utilité, on a vu mieux. Moi qui vous parle, en plus de soixante ans d’existence je n’ai pas vu la queue d’un seul de ces  myrmecophaga et je ne m’en porte pas plus mal pour autant. C’est dire le total manque d’intérêt de ce disgracieux animal dont l’aspect est une agression pour l’œil de l’esthète :

Dieu qu'il est laid, ce tamanoir !


Pour terminer je ferai mention d’un épisode de la mythologie grecque qui incite à se méfier de cet insecte qui inspire à tort plus de mépris que de haine. Ayant pris la forme d’une fourmi, Zeus séduisit Eurimédie, Princesse de Phtie. De cette union naquit Myrmidon (nom dérivé de μύρμηξ , fourmi), roi de Phtie, ancêtre des myrmidons, guerriers redoutables,  qu’Achille commanda lors de la guerre de Troie. Qui nous dit que, depuis,  Zeus a cessé ce genre de manigances ?  Croyez m’en, si vous voulez que vos enfants vivent dans un monde paisible, mesdames, tenez vous éloignées des fourmis !

lundi 14 avril 2014

Sauvons la belle Hélène !





Le récent gouvernement est basé sur une injustice fondamentale, à savoir l’éloignement, provisoire j’espère, de Mme Hélène Conway-Mouret.  Comme beaucoup, vous vous demanderez qui peut bien être cette ministre déléguée et quel poste elle pouvait occuper. Se poser cette question  c’est commencer de reconnaître ses mérites : si vous n’en avez jamais entendu parler, c’est qu’elle n’a été mêlée de près ou de loin à aucun scandale pas plus qu’elle n’a été à l’origine d’un projet de loi susceptible de troubler  par son absurdité l’ordre public. C’est en vain qu’on chercherait une archive où HCM aurait prononcé des propos tonitruants aptes à scandaliser les foules ou à nuire à la réputation d’un gouvernement déjà  impopulaire. Ne sont-ce pas là des qualités rares au sein de l’ancienne équipe ?  Hélène fut en tout point exemplaire. Totalement inconnue avant son entrée en fonction, elle sut le demeurer pendant et après son passage au ministère. N’est-ce pas remarquable ?

Hélène Conway-Mouret fut  Ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères chargée des Français de l’étranger au sein du gouvernement Ayrault II. En quoi consistaient ses missions ? Le décret no 2012-898 du 20 juillet 2012 (un des meilleurs décrets de ces dernières décennies) nous le précise : « Mme Hélène Conway-Mouret, ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères, chargée des Français de l'étranger, traite, par délégation du ministre des Affaires étrangères, de toutes les affaires concernant les Français de l'étranger, notamment les questions relatives à leur représentation, à leur administration, à leur sécurité et à leur protection sociale. Elle traite également, par délégation du ministre des Affaires étrangères, des questions relatives à la scolarisation des Français établis hors de France. La ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères, chargée des Français de l'étranger, accomplit toute autre mission que le ministre des affaires étrangères lui confie. ». Ce n’est pas rien. Et Hélène ne fut pas économe des son énergie vous trouverez ici  la liste complète de ses déplacements aux quatre coins du monde au cours des presque deux ans que dura son ministère. Afrique, Amérique (Nord et Sud) Asie, Europe et jusqu’à Monaco : on vit l’inlassable HCM quasiment partout !

Qui mieux que cette ex-sénatrice socialiste élue par les français de l’étranger aurait pu remplir ce rôle éminent ?  Ayant vécu vingt-cinq ans en Irlande, on peut supposer qu’elle maîtrisait la langue anglaise encore mieux que notre cher président Hollande. Un tel atout étant rare parmi nos élites, au lieu de se voir remerciée n’eût-elle pas mérité une promotion au commerce extérieur ou affaires étrangères ? Eh bien non, tel un couperet, la décision est tombée. A l’étonnement que provoqua son absence dans la liste des ministres succéda la stupéfaction engendrée par sa nomination à aucun secrétariat d’état. Comment supporter telle injustice ?

Une communauté s’est créée sur facebook pour que soit palliée cette énorme erreur. Elle ne compte hélas à ce jour que 56 membres, preuve supplémentaire,  s’il en est besoin, de l’état de déliquescence où est tombé notre pauvre France. C’est pourquoi j’appelle ceux de mes lecteurs qui savent reconnaître les vrais talents à se rendre sur cette page et, d’un index assuré, à cliquer sur « j’aime ». Si nous sommes suffisamment nombreux, le gouvernement reculera et accueillera en son sein, à une place que l’on peut espérer prestigieuse, la belle Hélène.  Le réenchantement du rêve français est à ce prix. Avouez que ce n’est pas cher !

dimanche 13 avril 2014

Aventures inouïes



Peut-être vous inquiétâtes-vous de mon silence d’hier. En ce cas vous ne seriez pas seuls car m’est parvenu du district de Jinst (province de Bayankhongor), ce matin même,  un mail s’enquérant des raisons de mon mutisme.  Je me contenterai donc de retranscrire ce message et ma réponse.

A vous, illustrissime maître dont la pensée illumine le Monde, respectueux salut !*
Les ténèbres ont envahi mon âme, mon samedi fut triste comme des funérailles de belle-mère sans lait de jument fermenté : tout au long du jour, j’ai, faisant les cent pas dans la yourte, attendu vos paroles de sagesse. En vain ! L’angoisse m’étreint et, comme la saïga tartarica ivre qui bondit en tous sens dans les steppes mongoles, mon esprit s’est perdu en tristes conjectures : seriez-vous malade ? Un accident vous aurait-il ôté la vie ? Le dictateur Hollande vous retiendrait-il en ses geôles ? Rassurez-moi vite si vous le pouvez !
Bisous enfiévrés** de votre féal Nambaryn

*Le Mongol est de jugement très sûr.
**Il se montre parfois un peu trop affectueux et familier!

Mon Cher Nambaryn,

Rassurez-vous : rien de ce que vous craigniez ne s’est produit. Si je me suis trouvé éloigné de mon clavier, c’est qu’un incident domestique, de ceux qu’heureux nomades vous ignorez, m’est advenu. Dimanche dernier, après que j’y eus nettoyé pinceaux et rouleau, les bacs de mon évier refusèrent avec un entêtement de mazaalai* de se vider. Suspectant  le syphon d’être bouché, j’entrepris de le démonter, provoquant ce faisant un début d’inondation de la cuisine. Hélas, tel n’était pas le problème !  Le blocage venait de plus loin. Un flacon de déboucheur acheté le matin suivant se montra inopérant. Je me résolus donc à acheter  un furet et en  fis l’emplette sur Internet. Entendons nous bien avant qu’on ne m’accuse de cruauté envers les animaux : il ne s’agissait pas de l’adorable mustélidé domestique mais d’un câble d’acier torsadé qui, introduit dans une canalisation, s’y faufile avec la souplesse du mammifère éponyme et  en expulse les matériaux qui l’obstruent.  Du moins en théorie. Ce vendredi, la zélée préposée des postes déposa l’outil convoité  dans ma boîte à lettres.  N’ayant relevé ladite boîte qu’au soir, je remis donc l’opération au matin suivant. Armé de mâle décision et de mon furet, le lendemain je m’attelai à ce que je pensais devoir être une simple formalité. Et c’est là qu’un destin cruel m’infligea une première désillusion. La souplesse du câble se montra incapable de passer avec succès le troisième coude du conduit de 40 mm. Une âme forte ne se laisse pas ainsi décourager ! Je décidai de prendre l’ennemi à revers en démarrant du regard ou les différents conduits convergent avant que leurs flots ne rejoignent la fosse. Les conduits étant alors de 100 mm, l’introduction du furet en fut facilitée. Comme vous dites à Jinst, ça rentra comme papa dans maman. Sauf qu’en l’occurrence, maman s’avéra après quelques mètres complètement bouchée.  Ajoutant un crochet au bout de mon furet, je le fis tournicoter en tous sens  arrachant des morceaux  d’une matière gluante et putride propre à faire vomir un rat des steppes mort. Mais l’évier continua de refuser de se vider. De nouvelles tentatives firent naître un fol espoir : de gros blocs de matière innommable se détachèrent d’un coup me faisant croire à la disparition du bouchon maudit. Hélas, il n’en était rien. C’est alors qu’une idée me vint : et si au lieu du furet, j’introduisant le tuyau d’arrosage dans le conduit et y faisais couler de l’eau ? Ce qui fut fait  mais malgré un relatif succès, l’eau ne s’écoulait toujours qu’à regret.  Je pris alors une décision héroïque : si c’était à un coude  que se trouvait l’obstacle, pourquoi ne pas creuser  à l’endroit où était censé se trouver ledit coude, couper le conduit, et en extirper l’immonde masse gluante. Aidé de ma fidèle compagne, nous creusâmes. Une heure d’efforts nous permit de dégager un conduit. Hélas, après vérification, nous dûmes constater qu’il s’agissait de celui qui évacue l’eau des gouttières.  C’est alors que du fond de ma mémoire surgit une vision : celle du fils de mon plombier  forant avec force plaintes et ahans, à l’aide d’une énorme chignole le mur de la maison afin qu’y passe le conduit d’évacuation de l’évier. Il y avait donc un autre accès pour prendre l’ennemi en traître. Après le repas, je me mis à creuser à l’endroit supposé et mis bien vite à nu le raccordement. Un saut au magasin de bricolage me permit d’acquérir le matériel nécessaire à la subséquente réparation du conduit et, une fois le raccord coupé, nous attaquâmes le félon par derrière. Furet, tuyau furent des heures durant mis en œuvre. Le succès se fit attendre. Et puis, finalement lors d’une énième tentative de vidage d’évier d’inquiétants borborygmes s’échappèrent  du regard avant qu’un flot liquide ne l’atteigne, charriant d’énormes masses de nauséabonde matière. L’évier s’était vidé bien vite. De nouveaux essais confirmèrent le désengorgement.

Il était tard mais nous avions vaincu. N’est-ce pas là l’essentiel ?

Ainsi s’explique mon silence.

Vous espérant rassuré, je vous prie d’agréer, Cher Nambaryn, avec mes remerciements pour votre bienveillante sollicitude, l’assurance de mes sentiments dévoués**.
 
*Ours de Gobi
**Gardons nos distances !

vendredi 11 avril 2014

De la calomnie…



M. Baudis est mort hier. De lui, je me souviens surtout de ce jour de 2003 où, accusé de proxénétisme, viol, meurtre et actes de barbarie par des prostituées toulousaines, il apparut à la télévision, le visage inondé de sueur, visiblement dévasté par ces accusations. Je me fis alors une réflexion qui peut paraître curieuse à savoir que j’espérais qu’il était coupable. Pourquoi ? Eh bien parce que se trouver en butte à de telles calomnies, voir que celles-ci peuvent être reprises par des organes de presse qui, pour telle ou telle raison, ne seront pas présentées pour ce qu’elles sont,  à savoir d’invraisemblables  mensonges, est une épreuve que je ne pouvais concevoir que l’on puisse imposer à quiconque. Parce que relayer de pareilles rumeurs avant que leur véracité ou au moins leur probabilité ne soit étayée est purement inadmissible et injustifiable. Le fait que l’accusé soit un personnage éminent, donne un retentissement inouï à l’affaire. Après tout, si on calomniait de la même façon une postière de Romorantin ou un charcutier de Nevers, les dommages subis par ces personnes  seraient aussi dévastateurs même si, que ce soit au moment de l’accusation ou de la disculpation,  l’écho qu’on leur donnerait serait bien moindre.

 Sur la RSC ™, j’ai entendu lors de l’annonce de son décès, dire qu’il s’était, lors de cette prestation télévisuelle, «défendu maladroitement » ou « comme un coupable ». Les auteurs  de ces commentaires sont bien mignons. Ils font de plus preuve d’une pénétration, d’une perspicacité et d’une connaissance profonde de l’âme humaine. A ceci près qu’ils confondent la vraie vie et la vision qu’en donne Walt Disney. Il est vrai que s’ils ne vivaient pas dans un monde de féérie on ne les garderait pas dans cette station où « La voix est libre » (du moins pour certains). Dans leur monde rêvé, le visage du coupable démasqué se couvre de sueur, il balbutie.  L’innocent, lui, garde une attitude sereine face à des accusations qu’il sait infondées, tout au plus exprime-t-il une juste colère (et encore…). Je n’ai pas la naïveté de ces âmes candides. J’aurais même tendance à penser qu’il se passe tout le contraire.

Supposons que je me sois rendu coupable de proxénétisme, viol, meurtre et actes de barbarie. Il se peut donc que de ce fait ma candeur ne soit que très relative. Il est même concevable que ma moralité soit imparfaite. Tout bien pesé, qu’est-ce qu’un petit mensonge pour qui n’hésite pas à violer, tuer et agir en barbare ? D’autre part, ayant commis ces actes, j’ai eu tout loisir de penser à organiser ma défense au cas où une justice vétilleuse se risquerait à évoquer ces peccadilles.

Au contraire, si j’étais un innocent  pourvu d’un certain sens moral, le fait de me voir accusé de crimes horribles, sans que rien ne m’ait préparé à cette éventualité,  me pousserait  à me montrer démuni, à « mal » réagir, à ne pas bien appréhender ce qui m’arrive. Mon comportement risquerait donc  de paraître suspect aux spécialistes de l’école disneyenne…

C’est pourquoi l’innocent fait souvent un coupable tout à fait convenable  tandis que le  criminel endurci paraît d’autant plus innocent  que sa perversité et sa rouerie sont profondes.

Au delà du cas particulier de l’ « affaire Baudis », ce qui me paraît grave c’est que la presse puisse relayer des accusations  non étayées qu’elles émanent de « fuites » dues à des magistrats aux motivations douteuses ou de sources éminemment contestables. Combien d’ « affaires » n’ont pour origine que l’absence de déontologie et l’esprit partisan de qui les « révèle » ? Mais le but de certains n’est-il pas avant tout de détruire leur victime? Comme le dit si bien l’air du Barbier de Séville, d’abord vent léger, la calomnie, si tout se passe bien, amène le calomnié à en crever.

Pour parodier le nègre de Surinam de Voltaire, « c’est à ce prix que vous vendez du papier en Europe » (et ailleurs.).