..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mardi 20 août 2013

Mais non, ce n’est pas ridicule !



Juste quinze jours de vacances et un cahier de devoirs du même nom à remplir, en plus ! Décidément être ministre du Grand Conducteur Hollande, n’est pas de la tarte. Le thème du cahier, un peu puéril, reconnaissons-le, était d’imaginer ce que serait la France en 2025. Nos politiques étant de grands enfants bien élevés, au lieu de dire qu’ils n’en savaient rien ou n’en avaient rien à foutre, se sont attelés à la tâche avec une ardeur qui commande le respect. Et les copies semblent à la hauteur des efforts.

Bien entendu, je n’ai pas pris le temps de lire les extraits qui auraient fuité, d’autres occupations plus urgentes ayant monopolisé mon attention. Je me suis contenté d’écouter les commentaires qu’en ont fait télé, radio ou presse écrite. Et c’est édifiant. Il semblerait que chacun s’est  surtout occupé de son domaine : le ministre du logement voit tous les Français bien logés, celui de l’emploi  bien employés, celui de  la justice les imagine jugés au petit poil, son collègue de l’industrie les souhaite industrieux, celui de l’économie économes, celui des Outre-Mers en vacances aux Antilles,  celui de l’Éducation Nationale bien éduqués, celui de l’Intérieur policés, etc. Bref, tout baignerait. Et pourquoi est-ce que tout baignerait ? Eh bien parce que les bonnes mesures prises aujourd’hui  par eux-mêmes auraient porté leurs fruits. C’est à la fois logique et simple.

Curieusement, personne ne semble avoir ne serait-ce qu’une seconde envisagé qu’au lieu d’un avenir radieux ce soit un cauchemar qui nous attende. Et c’est à la fois rassurant et inquiétant. Rassurant parce que l’optimisme est une qualité précieuse pour un dirigeant, inquiétant parce que ce même optimisme les éloigne de la population qui, elle,  aurait, allez savoir pourquoi,  une tendance marquée au pessimisme.

Un ministre qui aurait brossé le tableau d’une France pauvre et désindustrialisée, en proie à la violence conjuguée d’une délinquance galopante et des affrontements intercommunautaires, où des « libertés » de plus en plus nombreuses et strictement encadrées ne feraient qu’augmenter l’anarchie des comportements individuels, bref, sans trop entrer dans les détails, une France continuant de suivre, en les amplifiant, ses tendances actuelles, aurait peut-être eu le mérite d’être réaliste mais ne s’inscrirait pas dans la logique du rêve réenchanté du Grand Conducteur Hollande. Dix ans de gouvernement UMP sont la seule cause des malheurs de la France, lesquels se trouvèrent boostés par les criminelles erreurs de Sarkozy-l’Infâme. Quand on s’inscrit dans cette logique, il suffit de quelques années, que dis-je ? Quelques mois !,  d’efficaces mesures socialistes pour que s’inversent les courbes. A croire que l’Italie, la Grèce, l’Espagne, le Portugal, l’Irlande et tous les pays ayant connu de menus problèmes économiques ces dernières années étaient également gouvernés par l’odieux Sarkozy et n’avaient connu les vaches maigres qu’à cause de son impéritie…

Si je croyais à la voyance et lui assignais pour rôle de rassurer, ce n’est pas la première Madame Irma de foire ou d’Internet que j’irais consulter pour me rassurer mais un ministre socialiste :
-          M. le ministre, que serai-je en 2025 ?
-          Vous serez, jeune, beau et riche, M. Étienne, les jeunes et jolies femmes seront folles de vous et vous les comblerez grâce à une vigueur recouvrée.
-          Et mes genoux, mon dos douloureux ?
-          Vous courrez comme un lapin !
A tout prendre, si improbables qu’elles soient, de telles prévisions sont plus agréables à entendre que d’autres plus en rapport avec la réalité imaginable. Seulement, pour y croire il faudrait être un sacré couillon.

lundi 19 août 2013

Echanges délicats



On a beau être bavard à faire verdir une pie, il y a des moments où mener une conversation devient particulièrement délicat.

Quelques jours après avoir été embauché comme prof de français dans une école de l’East End, non loin du lieu des derniers jeux olympiques, on m’apprit qu’avait lieu une réunion parents-professeurs. Je pensais, pour cause de récent recrutement, être dispensé de cette redoutable corvée mais il n’en fut rien. Ces rencontres, quel qu’en soit le lieu, sont toujours passionnantes et l’occasion d’échanges particulièrement fructueux.  Tous les enseignants vous le confirmeront.  Quand vous ne connaissez pas encore les noms de vos élèves et que vous êtes encore moins capable de relier ceux-ci au moindre visage, que de plus vous n’avez pas eu le temps de vous faire une idée quelconque de leur niveau  ni de leur comportement, l’exercice devient fascinant. Je passai donc une agréable soirée émaillée de conversations du genre qui suit :

-          Bonsoir Mister Iti-in (C’est ainsi que tout le monde prononçait mon nom, indiqué par un carton sur la table)
-          Bonsoir Mrs …
-          Je suis Mrs Smith, la maman de X (avec les bruits de conversations, je ne saisis pas le prénom)
-          Oui… Il est en quel classe (il y a tant de Smith !) ?
-          Quatrième B
-          (Je consulte ma liste d’inconnus et constate avec horreur qu’il y a deux Smith! Tant pis, je me lance…) Ah, eh bien, Mrs Smith, Andy est…
-          Désolée, le mien, c’est John.
-          Excusez-moi, Mrs Smith. Donc, John est un garçon ma foi très agréable…
-          Et son niveau en français ?
-          (Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise du niveau de français de quelqu’un que je n’ai fait qu’apercevoir deux ou trois fois, dont je n’ai peut-être  entendu le son de la voix  que lors de l’appel  et que je ne reconnaîtrais pas dans la rue ?) Eh bien…  Ce n’est pas si mal… (observons la première réaction : pas si mal a l’air insuffisant) C’est même plutôt bien… (Ça va déjà mieux…). John s’intéresse beaucoup au cours…
-          Pourtant, avec  celle que vous remplacez (La pauvre avait quitté le poste suite à une dépression nerveuse), ça ne se passait pas très bien…
-          Tout nouveau tout beau, Mrs Smith. Espérons qu’il conservera ces bonnes dispositions…
-          Espérons, Mister Iti-in ! Et son comportement ?
-          Eh bien, il n’y a rien à dire (comme sur le reste d’ailleurs), comme je vous le disais, John est un charmant garçon…
-          Pourtant certains profs se sont plaints d’un relâchement de sa conduite le trimestre dernier…
-          Entendons nous bien, Mrs Smith, John est un charmant garçon, mais, comme tous les enfants de son âge, il lui arrive de se laisser entraîner par ses camarades… Vous savez ce que c’est… Nous avons  tous été jeunes (ajouterai « Et vous l’êtes encore » ? Non, ne mélangeons pas tout, surtout que ce n’est pas frappant)…
-          C’est vrai, Mister Iti-in, comme vous avez raison (Pour ce qui est d’avoir raison, je ne crains personne)!
Après m’avoir assuré du bonheur  éprouvé à la rencontre de mon aimable personne, Mrs Smith, Mrs Jones, les époux Walker, Brown et tous les autres me quittèrent, rassurés d’avoir un enfant zélé et de commerce agréable (quoiqu’à l’occasion facétieux). Les meilleures choses (comme les pires) ayant une fin, ce n’est pas sans plaisir que je vis les derniers parents sortir de la salle.

dimanche 18 août 2013

Les guêpes



Mon ami Mat s’étonnait hier de ce que je n’aie jamais dit un mot sur la guêpe, ce charmant animal dont la robe zébrée réjouit notre œil. C’est qu’entre moi et cette bestiole vrombissante existe un grave contentieux, même si la rudesse du climat la dissuade de trop s’installer dans les parages chose que, comme on le verra, je lui déconseille fortement de faire.

Ma phobie de la guêpe remonte à ce jour de ma lointaine enfance je fus une première fois victime de sa piqûre. J’en gardai longtemps le souvenir douloureux. Au point que sa seule vue me rendait un brin hystérique. Je m’emparais, en cas d’une telle rencontre, d’un torchon ou de tout autre bout de tissu que je faisais tournoyer autour de moi afin d’éloigner l’importune. Ce qui amusait les éventuels spectateurs d’une telle scène. Cela dura jusqu’à la grande sècheresse de l’an soixante-seize où la chaleur les fit proliférer. Un jour que je discutais le bout de gras avec la directrice du centre aéré où travaillait celle qui devait devenir mon épouse, je sentis  qu’un insecte quelconque montait le long de ma jambe. Machinalement, j’écrasai d’une tape la bestiole qui m’infligea une piqûre un peu douloureuse, sans plus. Retroussant la jambe de mon pantalon, je découvris à ma grande surprise que c’était une guêpe, animal abhorré, qui m’avait piqué. Ainsi, ce n’était que ça ?  Ma terreur de la guêpe s’envola d’un coup.

Mais ça ne devait pas durer. La même année, en camping aux environs de Londres, je me trouvai de nouveau piqué. Et ça ne se passa pas bien du tout. Très rapidement ma cuisse, endroit de la blessure, se mit à gonfler (œdème) puis une douleur lancinante suivit, me poussant à me rendre à l’hôpital où l’on me prescrivit quelque remède.  Ce doublement du volume de ma cuisse se résorba bien vite et je n’y prêtai pas plus d’attention que ça, même s’il fit ressurgir ma crainte de l’hyménoptère.

Ce n’est que quelques années plus tard qu’un médecin justifia mes alarmes. Alors que mon épouse avait connu une alerte inquiétante suite à la prise d’un médicament auquel elle était allergique, nous en vînmes à parler allergies avec le praticien. Il évoqua, entre autres, l’allergie aux piqûres de guêpe.  Je lui racontai ma déconvenue de 1976 et il me déclara que j’étais allergique au venin de la bestiole et qu’une prochaine piqûre pourrait s’avérer fatale. Rien que ça !

Du coup, n’ayant aucune envie de mourir suite à ce genre d’incident, la rencontre de la moindre guêpe me fait recourir à des méthodes que tout ami des animaux réprouvera : vu que c’est elle ou moi, je ne laisse aucune chance à la bête et l’extermine sans pitié ni haine. J’ai ainsi détruit plusieurs colonies qui n’avaient rien trouvé de mieux que de s’installer dans le sol de mon jardin en Eure-et-Loir ce qui rendait la tonte de la pelouse problématique. Je réserve le même sort aux frelons.

DENIÈRE MINUTE :

Saisi d’un doute quant aux mises en garde de mon ex-médecin traitant, je viens de vérifier sur Internet qu’il ne m’avait pas raconté d’âneries. Hélas, hélas, trois fois hélas, le bougre avait dit vrai et la situation est bien pire que je ne le pensais : cette allergie concerne le venin de TOUS les hyménoptères ! En fait, ce n’est pas des seuls guêpes et frelons que je devrais me méfier mais aussi des  gentilles abeilles et des patauds bourdons  lesquels pullulent ici!  Moi qui couvais ces industrieux insectes d’un regard bonasse ! La solution serait donc plutôt de me procurer un kit d’adrénaline injectable… et de contacter le SAMU en cas d’attaque.  Je ne cesse de me le répéter : nous côtoyons des gouffres !

samedi 17 août 2013

La vie n’est pas toujours simple pour qui aime les bonbons



La Manche libre est un hebdomadaire local de qualité. Je l’achète pour le programme télé et parce qu’il procure à ma compagne des moments de saine et enrichissante lecture. C’est elle qui a attiré mon attention sur les mésaventures d’un amateur de bonbons en la bonne ville de Granville.

Or donc, celui que le journaliste décrit comme un « individu  de 44 ans » se présente un beau soir de mai  au commissariat de la cité manchoise. Il trouve porte close. Qu’à cela ne tienne, l’homme n’est pas de ceux que le moindre obstacle décourage. Il sonne donc avec ardeur jusqu’à ce que des policiers viennent s’informer de sa quête. Et c’est là que les choses se gâtent entre notre homme et les représentants de la loi. Ces derniers, êtres frustes, ont-ils jugé inadaptées les demandes du brave garçon ? Ignoraient-ils  qu’en plus d’assurer la paix publique certains de leurs collègues assuraient l’approvisionnement en bonbons de leurs concitoyens en manque ?  Tentèrent-ils de l’éconduire sans lui céder la moindre friandise ?  Toujours est-il que le ton dut monter car notre héros submergé par une juste colère, finit par proférer des insultes, saisir un policier au col et cracher au visage d’un autre. Les fonctionnaires parvinrent cependant à le maîtriser et à l’emmener à l’hôpital afin de lui faire subir un test d’alcoolémie.  On se demande bien pourquoi ? Malheureusement, le test dut s’avérer positif car le brave citoyen termina sa nuit en cellule de dégrisement.

Le 31 juillet, c’est devant le tribunal de Coutances que l’on demandera au consommateur éconduit de répondre d’un comportement jugé étrange. Un peu confus, il déclarera ne se souvenir de rien mais, ne mettant pas en doute les dires des serviteurs de l’état, il présentera des excuses.  Il expliquera ses véhémentes demandes de confiseries par le fait qu’à Lyon il avait coutume de se fournir en bonbons au distributeur installé dans le commissariat. Ainsi, c’est simplement  parce que d’une province à l’autre les commissariats offrent des services différents que le destin de cet homme a basculé.

Le tribunal a-t-il recommandé au commissaire de Granvile d’équiper ses locaux d’un distributeur de friandises ? Il semblerait que non et ce fut notre homme qu’on blâma  et sanctionna. Quatre mois de prison avec sursis et une mise à l’épreuve de deux ans avec obligation de soins lui furent infligés. Sans compter une interdiction de fréquenter les débits de boisson !

Chaque semaine quelques faits du même tonneau  sont relatés dans cet excellent périodique. Devrait-on en conclure qu’à la différence du reste de la France qui se vit naguère qualifiée dans un livre à succès d’ « Orange mécanique » le département de la Manche mériterait plutôt le surnom de « Pomme éthylique » ?

vendredi 16 août 2013

Inconsistant, frivole et idiot : le papillon de nuit



J’ai suffisamment écrit sur la piéride pour ne pas y revenir. Seulement, cette ivrognesse maléfique a des cousins noctambules qui n’ont rien à lui envier en termes de nocivité, je veux parler de ceux qu’il est convenu de nommer « papillons de nuit ».

Cet animal ne sait pas ce qu’il veut. Alors qu’il est supposé être adapté à la vie nocturne, il n’a qu’une obsession : s’approcher de toute source de lumière.  A moins bien entendu, et je n’en serais qu’à moitié étonné, que son but réel soit de pourrir la vie des humains par son importune présence.  Car il ne faut pas l’oublier l’humain est, avec le ver luisant, la seule créature à fournir de la lumière une fois l’astre solaire couché.

Pas plus tard qu’hier soir, le soleil de plomb du Sud-Manche ayant  rendu, comme bien souvent, la chaleur lourde, je décidai de laisser ma fenêtre ouverte afin de laisser entrer un peu de fraîcheur tandis que je m’adonnais à de saines lectures. Et ça n’a pas raté : une bande de ces malfaisant s’est introduite, sans que nul ne l’y invite sous mon toit, et s’est mis à mener  autour des lanternes japonaises  un raffut  du diable. Et vas-y que je me cogne, recogne et rerecogne !  Allez, dans ces conditions,  vous concentrer sur les aventures d’une femme, qu’elle soit d’état ou pas…

Chez une créature nocturne, ce goût de la lumière est paradoxal. On est d’ailleurs en droit de se demander ce que faisaient ces créatures inconsistantes du temps où les hommes ne leur offraient pas, comme aujourd’hui, d’innombrables et intenses sources de lumière. Se contentaient-elles de tourner comme des folles autour des femelles lampyres exacerbant la juste jalousie de leurs mâles ?  Papillonnaient-elles aux alentours du sommet de tout mât en regrettant que l’homme mît tant de temps à inventer le lampadaire ?

Ce qui rend l’animal encore plus bête qu’inutile et importun, c’est que sa manie de la lumière n’est tempérée par aucune prudence. Ainsi au temps déjà anciens de la lampe à pétrole et à celui plus récent du lampadaire à halogène n’était-il pas rare de voir ces crétins venir s’y bruler les ailes avant de s’y incinérer le corps laissant derrière elles une odeur nauséabonde de chitine brulée parvenant, par-delà la mort, à continuer d’ennuyer l’humain.

Décidément, rien ne semble plaider en faveur de ces tristes insectes. Un physique disgracieux, des habitudes alimentaires répugnantes (ils se nourriraient de fruits en décomposition, de cadavres, de fumier, de sécrétions végétales etc. !) ne font que renforcer le dégoût qu’inspire à tout être sensé sa regrettable existence. Certains lui attribuent des fonctions  écosystémiques : Ils seraient pollinisateurs et constitueraient une source importante de nourriture pour les insectivores nocturnes comme les araignées et les chauves-souris !  Comme s’il était positif d’aider ces dégoûtantes bestioles à subsister !