Les fraises murissent dans la serre. Les flageolets pointent
leurs têtes. Les pommes de terre sont déjà hautes. Les tomates robustes. Une
première fleur annonce les courgettes. Les rosiers fleurissent. La pivoine rose pâle promet
toujours plus de corolles touffues. Cerises et prunes se nouent. Les
plantations d’œillets d’Inde, de pétunias et de ces fleurs qui tombent en cascade
seront bientôt prêtes à rejoindre les jardinières, gages de fenêtres fleuries. Au
ciel, de vagues bandes blanchâtres tiennent lieu de nuages. Et malgré tous ces signes heureux, c’est un jour de colère.
La chronique de Zemmour va disparaître des grilles de RTL à
la rentrée. Ce ne serait pas dû à ses récents propos sur Mme Taubira. Il s’agirait
plutôt d’assurer la cohérence de la
ligne éditoriale. « Oh qu’en termes galants ces choses-là sont dites ! »
La cohérence s’installe. Et pas que sur RTL. Bientôt il n’y
aura plus qu’elle. Nous serons un pays
cohérent. Comme ont pu l’être jadis l’Allemagne
nazie, l’Italie Mussolinienne, l’Urss, la Chine communiste et bien d’autres.
Mais nous sommes en France, pays des droits de l’homme, au XXIe siècle. On est
plus habile. On n’assomme plus l'opposant au coin des rues. Plus de baillons. Les bandes
de nervis se regroupent en associations subventionnées. Le dissident on lui fait
des procès, on l’éloigne des médias, on
lui inflige condamnations, amendes, on le prive de ses moyens d’existence, au
nom de la liberté et de l’humanisme. Bientôt il disparaîtra dans la nuit et le
brouillard des souvenirs lointains.
Ainsi procède le fascisme « humaniste » moderne. La
terreur qu’il instaure est la pire. Dans « Grand peur
et misère du 3e Reich » Bertold
Brecht montrait des parents craignant d’être dénoncés par leur enfant. Tout
ça est obsolète : le progrès est passé par là. Maintenant, c’est de
soi-même qu’il faut avoir peur. Peur de laisser émerger à la surface de son esprit des pensées qui
seraient « nauséabondes », fussent-elles le fruit de constats
objectifs. On se réprime soi-même. Sans cesse. Le lavage des cerveaux, de
technique exceptionnelle est devenu la règle.
Qu’on me comprenne bien : Je ne suis pas un fan de
Zemmour. Je ne suis fan de personne. Je n'écoute qu'occasionnellement ses chroniques. Seulement, il demeure (faudrait-il parler
au passé ?) un des rares à porter sur la place publique des opinions
hétérodoxes. Ils sont si peu que s’attaquer à un seul revient à mettre en péril
la survie de l’espèce.
Mais ça ne s’arrête pas là. Des pétitions circulent sur le Net
pour réclamer sa réintégration. L’acte
est symbolique. Eh bien, depuis hier, trois au moins de ces pétitions ont
été censurées. Une nouvelle, transférée
sur un autre site semblerait ne pas devoir l’être. Ainsi non seulement on
écarte ceux qui ne pensent pas droit
mais on interdit à ceux qui n’approuvent pas cette censure de le faire savoir.
Jusqu’où cela ira-t-il ? La composition du gouvernement "normal" fait froid dans le dos et n'augure rien de bon... Ne restera-t-il que le Net pour permettre d’exprimer autre chose que la sainte doxa ? Pour
combien de temps ?