C’est une chose entendue, les patrons, petits ou grands, sont d’infâmes salauds. Un peu comme les politiciens. Ils s’en foutent plein les poches et se tapent du reste. Quand ils réussissent, ce sont des voleurs, quand ils se plantent, ce sont des cons.N’importe quelle andouille, même pas foutue de gérer sa propre vie, sait comment mieux faire que son patron voire que n’importe quel patron du CAC 40.
Je voudrais les y voir. Que savent-ils vraiment d’une entreprise ? Ont-ils jamais essayé de se lancer dans un domaine quelconque ? Sont-ils partis de rien ? Ont-ils bossé comme des dingues, sans week-ends ni vacances ? Ont-ils vécu l’ivresse du succès ? Ont-ils connu les nuits d’insomnie des périodes difficiles ? Se doutent-ils de ce que peut ressentir celui qui voit s’effondrer irrémédiablement, suite à une erreur de stratégie, à une conjoncture difficile, voire à une fiscalité confiscatoire, le résultat d’années d’efforts ? Savent-ils ce que c’est de se battre jusqu’au bout, comme le loup de Vigny alors même qu’on n’y croit plus ? Ont-ils déjà tout perdu et vu leur avenir compromis ? Non, bien sûr !
Tous les râleurs devraient avant de l’ouvrir faire l’expérience de la petite entreprise. Dans le succès (ça, c’est facile) comme dans les difficultés. Jouer avec leurs propres billes. Risquer le gain comme la perte. Je suis le premier à plaisanter le plombier cependant, il ne faut pas oublier qu’il se peut qu’un jour, suite à je ne sais quelle crise du bâtiment, il voit s’écrouler son petit empire, si matoisement conquis…
Le petit patron n’a pas de parachute doré, souvent même pas d’assurance chômage. Il travaille sans filet. Un des derniers aventuriers modernes, en somme.