dimanche 27 septembre 2020

Si tout se passe bien...

 Si tout se passe bien, demain vers 20 heures, je serai, l’espace d’un instant le plus jeune septuagénaire de France. Ça se passera dans le calme. Il y a quelque temps que je ne fête plus mes anniversaires. Il n’empêche que j’en suis légèrement troublé.

Soixante-dix ans, ça commence à cuber… Quand je dis ça, j’attire immanquablement un « 70 ans, c’est jeune ! ». Tu parles, Charles ! Ce n’est pas tout à fait l’impression que j’en retire. D’ailleurs, je doute de la sincérité de cette exclamation : quand on est vraiment jeune, il ne vient à l’idée de personne de vous le dire, on réserve cet hypocrite « constat » aux semi-croulants et autres vieux schnoques. Passé quatre-vingts ans, on ne vous dit plus jeune, on se contente, par politesse, de vous dire que vous ne les faites pas et ce quelque soit votre état. On est gentil…

L’autre jour, le pneumologue de l’hôpital de Vire me conseilla d’arrêter de fumer sous prétexte que ce faisant, je pourrais, peut-être, vivre jusqu’à 110 ans ! Curieuse idée qui m’amena à lui demander : « Pour quoi faire ? ». Il est vrai que si cette extravagante longévité m’était offerte, je pourrais envisager de fonder une famille, de voir mes futurs enfants grandir, de fêter les soixante-quinze ans de ma fille… Perspectives enivrantes pour certains peut-être mais je n’en suis pas.

En fait, si tant est que le temps des bilans arrive, je dois dire que je ne suis globalement pas mécontent de ma vie et que ça tombe bien, car il serait un peu tard pour en commencer une autre. L’âge m’a apporté une forme de sérénité qui compense bien les inévitables détériorations physiques qu’il entraîne.

Loin de penser que tout était mieux avant, je n’en appartiens pas moins à une époque, à un état de notre civilisation que je vois disparaître et pas forcément pour laisser place à un monde meilleur. Il m’arrive parfois de me sentir totalement étranger à la société d’aujourd’hui et ce n’est pas qu’un « sentiment ». Les changements sont réels. Combien d’opinions ou de pratiques acceptables dans les années de ma jeunesse sont devenues indéfendables de nos jours ? L’hygiénisme et le politiquement correct ont transformé bien des gens en trouillards compulsifs. La peur de vivre s’est répandue concomitamment à celle de mourir. Je ne vois pas la vie comme ça. Je deviens un anachronisme ambulant et le pire c’est que je n’en ressens aucune honte.

Certains jugeront mon propos bien amer. A mes yeux, il n’en est rien. Je ne suis ni optimiste ni pessimiste. Je fais, sereinement, des constats, c’est tout. Qu’ils soient, dans l’absolu, justes ou faux est sans importance. Je ne vis pas dans l’absolu mais dans une petite ville du Sud-Manche et je m’y sens très bien, sans peurs farouches, sans angoisses particulières, sans souci de ce que l’avenir me réserve vu qu’à part l’accepter je ne vois pas trop ce que je pourrais faire.

Le mois dernier, avec ma fille, en Corrèze nous avons chanté « My way ». Il m’a alors semblé que les paroles que chante le vieux Frank expriment assez fidèlement la manière dont je vois les choses… Mes excuses aux non anglophones à qui le sens des paroles échapperont. Je m’en consolerai en me disant que je leur offre quand même une bien belle chanson :





vendredi 25 septembre 2020

Saint-Junien

Supposons que le 5 septembre de l’an de disgrâce 2020, un media quelconque ait décidé d’organiser un micro-trottoir sur les motivations qui, en ce samedi, jour de marché, avaient poussé les gens à se rendre à Saint-Junien, deuxième ville du département de Haute-Vienne, et que le hasard fît qu’on me tendît ledit micro. L’honnêteté m’eût alors dicté de répondre que la première d’entre elles était d’y faire l’emplette d’un petit réchaud électrique. Motivation qui, faute d’être majoritaire, n’en était pas moins justifiée par les circonstance ici décrites dans mon billet du 6 septembre.

Seulement, une fois acquis l’appareil convoité, il eût été bien léger de ma part de repartir sans avoir visité la collégiale à laquelle la ville devait son nom. Je pris donc la direction du centre. La première chose qui attira mon œil fut une R 16 dans un état magnifique. Cette vision me ramena à l’époque insouciante du début des années soixante-dix, quand mon copain Philippe avait l’inconscience de me prêter la sienne et, partant, me permettait de voir avec quelle facilité elle permettait d’atteindre et de dépasser les 160 km heure sur la RN 10. En descendant la rue commerçante qui menait à la collégiale, je constatai ici ou là la présence de véhicules de diverses décennies du siècle dernier. Ce qui m’intrigua. Les Saint-Juniauds portaient-ils un soin tel à leurs automobiles que celles-ci traversaient les âges dans un état de conservation remarquable ou bien s’agissait-il d’une réunion de collectionneurs ? J’optai pour la seconde hypothèse.

Arrivé sur le parvis de l’église je constatai que des commerçants ambulants encombraient l’endroit ainsi que les rues avoisinantes. J’en déduisis que, si le dimanche est, à Bamako, le jour du mariage, à Saint-Junien, le samedi est celui du marché. Comme quoi chaque ville a ses usages. L’exiguïté de la place rendit difficile la prise d’une photo rendant justice à sa façade.


 
J’en fis le tour :




Puis entrai par le portail ogival de la fin du XIIe siècle dans cette église dont la nef et le transept remontent à la fin du siècle précédent. J’ y découvris, entre autres merveilles des fresques, une mise au tombeau hélas bien abîmée, un christ en croix du XIIe Siècle, des statues polychromes de divers siècles et l’impressionnant tombeau de Saint Junien, richement sculpté sur trois faces au XIIe siècle :












En résumé, s’il vous arrive de passer dans la région de Limoges, faites le détour par Saint-Junien, ça vaut le coup, même si vous n’avez aucun réchaud ou autre babiole à y acquérir...



mercredi 16 septembre 2020

Je n'ai pas le temps d 'écrire...

 Croyez bien que ça m'agace, mais c'est comme ça. 


Alors, pour donner un peu d'attraits à ce lieu que je déserte, je vous offre une de mes chansons favorites :




dimanche 6 septembre 2020

Balade commercialo-touristique en Haute-Vienne

Pour vous mettre en appétit : la collégiale Saint- Léonard

Pour vous mettre en appétit : la collégiale Saint-Léonard, vue du chevet


 La Haute-Vienne, ces cinq dernières années je l’ai souvent traversée mais à part un arrêt forcé à Bellac l’an dernier et un détour volontaire pour visiter la collégiale du Dorat en juin dernier, toutes aventures ici narrées, on ne peut pas dire que je m’y sois beaucoup attardé. Comme dit si bien le proverbe, c’est l’occasion qui fait le larron, non que j’aie décidé d’embrasser la profession très tendance de voleur mais que la nécessité me pousse à rechercher des occasions.


Je m’explique : ma maison étant vendue et mes gentils acheteurs bien que s’étant rendus acquéreurs d’une grande partie de mes meubles et de mon électro-ménager m’en ont cependant laissé sur les bras. N’ayant aucune envie de jouer les déménageurs et encore moins de payer très cher des professionnels pour emporter en Normandie des objets dont je n’ai que faire vu que j’y possède déjà leurs équivalents, la seule était d’en vendre un maximum.


Le problème, c’est que ce qu’on a vendu, on ne l’a plus et il arrive que ça fasse défaut. Prenons le cas de mon petit réfrigérateur-congélateur : deux jours après sa mise en vente, il avait trouvé preneur. Les braves acheteurs, avisant mon lave-vaisselle s’en portèrent également acquéreurs, ce qui ne m’arrangeait qu’à moitié, vu qu’il me fallut le vider et laver à la main son contenu mais, que voulez vous, c’est quand il y a de la musique qu’il faut danser, tant qu’il est chaud qu’il faut battre le fer sans oublier qu’un bon tiens vaut mieux que deux tu l’auras. C’est comme ça. Seulement, s’il est possible de faire sa vaisselle sans machine, il est plus délicat de produire son propre froid et la conservation des aliments en requiert un minimum.


Si on ajoute à ce menu problème que je souhaite me défaire d’une belle gazinière sans pour autant me résigner à manger cru, il me fallait me procurer un appareil de cuisson. Je me mis donc en quête d’une glacière pour résoudre le problème du froid (vu que mes acquéreurs prennent mon congélateur, pas de problème pour les éléments réfrigérants) et d’un réchaud électrique pour celui de la cuisson. Seulement, le Corrézien est peu nombreux et tend à surestimer ses biens. Pas plus de glacières dans le voisinage que de beurre en broche. Quant aux rares réchauds, on en trouvait mais plus chers que le neuf. J’étendis donc mes recherches à la voisine Haute-Vienne et y trouvais mon bonheur. Pour un prix dérisoire. Mais ce n’est pas tout : Le vendeur du réchaud (qui se trouvait être flambant neuf) habitait Saint-Junien, ville dont la collégiale éponyme ne manquait pas d’intérêt pour l’amateur d’art roman que je suis. Quant à celui de la glacière il demeurait à quelques kilomètres de Saint-Léonard-de-Noblat, patrie de Gay-Lussac et de Poulidor mais aussi vieille ville dont la collégiale romane est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, rien que ça.


C’est en bénissant le nom de M. Le Bon Coin qui m’offrait ainsi l’occasion d’allier avarice et esthétisme que je pris la route de la Haute-Vienne d’un cœur léger. Mes prochains articles seront donc consacrés aux deux lieux magiques visités. Mais pour ce faire, il me faudra d’abord retravailler et sélectionner les meilleures de la centaine de photos que j’ai prises lors du périple avec l’espoir qu’elles vous donneront envie de faire un détour par ce petit coin de France.