mercredi 29 juillet 2015

Un climat de rêve



Ce qui fait la spécificité et l’attrait du climat normand, c’est son côté changeant et sa clémence : frais en été, doux en hiver. A la différence des malheureux du Sud, nous y connaissons rarement la canicule, la sècheresse et les feux de forêts. Je m’étonne d’ailleurs que les Landais et les Provençaux n’aient pas plus souvent recours aux conseil des soldats du feu normands en matière de prévention des incendies car vu les succès que ces derniers rencontrent en la matière, ils doivent en connaître un bout.

Bien sûr, il existe à ces heureux états de fait de regrettables exceptions. Ainsi, lors de la canicule de 2003, vit-on à Cherbourg, trois jours consécutifs durant,  le mercure flirter avec les 18 degrés centigrade. Les morts prématurées s’y comptèrent par milliers. Comment s’en étonner quand certains inconscients quittèrent alors bonnets, cirés et même pulls s’exposant aux rayons émis par une boule ronde mystérieusement apparue dans un ciel tirant sur le gris-bleu ?

On raconte que durant la grande sècheresse de 1976, dans les environs de Vire il arriva par endroits que l’on passât en juillet plus de deux jours sans la moindre bruine. Mais peut-on vraiment ajouter foi à de telles divagations ? 

Nos vaillants pompiers furent, dit-on, appelés en 1995 à combattre un feu de forêt aux environs de Bayeux. En fait les fumées signalées provenaient de saucisses grillant sur un barbecue imprudemment installé à moins d’un kilomètre d’un bosquet. Les Canadairs, arrivés en catastrophe de Marignane, en vinrent bien vite à bout mais il fallut toute l’énergie des sauveteurs venus du littoral pour éviter que les convives de ce repas champêtre ne se noyassent quand les flots tombés du ciel firent dangereusement monter le niveau d’eau de la prairie marécageuse où ils s’étaient installés. 

L’aventure procura à ces braves jeunes gens chargés de la surveillance des plages une heureuse diversion car, à l’accoutumée, ils interviennent plutôt pour apporter des couvertures de survie aux malheureux frappés d’hypothermie qui prennent le risque de quitter leur anorak sur le sable. Ce qui explique pourquoi, au lieu d’être tournés vers une eau où nul ne s’aventure, leurs sièges rehaussés regardent vers la plage.

Certains esprits chagrins colportent une rumeur maligne selon laquelle en Normandie, il pleuvrait tout le temps*. C’est faux. Il arrive qu’il y neige par temps froid et ce en toutes saisons.

On ne vantera jamais assez les vertus d’un climat volontiers changeant qui permet au cours d’une même journée de passer des chaleurs d’un été lapon à la froidure grise d’un hiver écossais en passant par des trombes d’eau que nous envieraient les tropique (la chaleur moite en moins).

Ce n’est pas ici que l’on verrait jeunes ou vieux farnienter sur les places ou les pas de portes. Ici, on s’active, c’est une question de survie. De plus on y gagne un teint couperosé qui n’est pas étranger au charme irrésistible de nos belles (toute occasion de se réchauffer étant bonne à saisir !) et qui souligne la force sereine quoique rude de nos hommes.

Je n’en dirai pas plus, de crainte que le maximum de 10 degrés que marqua hier, sous une pluie battante, le thermomètre et les quatre degrés de moins qu’il affichait ce jour à l’aube n’attirent ici les foules égarées dans un midi torride.

*Nos voisins Bretons, quant à eux, affirment que dans leur province il ne pleut que sur les cons. Formule à la fois séduisante et inquiétante car, si on la suit, on en arrive à la conclusion qu’on y trouve des cons partout.

samedi 25 juillet 2015

Au four et au moulin



Si on ne peut pas être au four et au moulin, il est encore plus impossible d’être au blog, au jardin, au chantier et au garage en même temps. Je m’explique : ces derniers temps, j’ai eu de multiples occupations. 

Au potager, tomates, haricots verts, courgettes, petits pois, fèves sont arrivées ou arrivent à maturité ce qui implique qu’on les cueille, qu’on les équeute, les écosse et les prépare en vue de leur congélation.

La prochaine entrée en jouissance de ma maison corrézienne m’a imposé nombre de démarches et d’achats sans compter la mise au point d’un programme précis de travaux avec évaluation des coûts qu’ils impliquent et du matériel qu’ils requièrent.
La vente de la Daimler si elle demeure ferme ne va pas sans poser de menus problèmes car la réparation de défauts insoupçonnés retarde sa livraison.

Pour toutes ces raisons, ayant l’esprit ailleurs, j’ai du mal à me concentrer sur des sujets de billets et ça risque de durer voire de s’amplifier à partir du treize août, jour où je prendrai possession de la maison. Entre les rendez-vous avec l’EDF, France Télécom et le plombier, la réception, le montage et la mise en place des meubles, les achats de matériel et le début de la réfection de l’installation électrique, je risque d’être très pris.
Sans compter que l’inconfort des premiers temps ne facilitera en rien la méditation…

Bref, je continuerai de me faire rare.

jeudi 23 juillet 2015

Voyage en Bisounoursie Dénonciatrice



Je l’ai déjà dit et répété, je ne regarde que des films français (ou à la rigueur italiens ou anglais) et à la condition expresse qu’il s’agisse de comédies. Évidemment, ça réduit le choix, surtout qu’en dehors de quelques films cultes, regarder sans cesse les mêmes cesse d’être amusant. Aussi comprendrez vous ma joie lorsque j’aperçus en consultant le programme qui me sert principalement à éviter d’allumer le poste, une comédie inconnue se voyant attribuer trois étoiles (=Très bon) et diffusée par Arte, la chaîne où l’on rit. Qualifiée de « comédie dramatique », nommée « Copacabana », cette œuvre de Marc Fitoussi fut tournée en 2010 et mettait en scène Madame Isabelle Huppert.

Il faut croire qu’en l’an de grâce 2010, la belle Isabelle avait des problèmes avec la toiture de sa maison de campagne car le chef-d’œuvre annoncé s’avéra être un navet dégoulinant de « bons sentiments ».

Figurez-vous que Babou (c’est le surnom d’Isabelle) est venue s’installer à Tourcoing (il n’y avait rien de libre à Roubaix) afin de se rapprocher de sa fille en passe de se marier. Malheureusement, cette dernière ne tient pas à ce que sa baba-cool de mère qui lui a offert une enfance ballottée de pays exotique en contrée lointaine assiste à son union. Elle a même dit à sa belle-famille qu’elle résidait au Brésil. Babou, chômeuse sans le sou, est vexée d’inspirer la honte. Elle va réagir, car, comme toute marginale d’âge mûr, elle déborde d’énergie et de talent. Après une tentative infructueuse (elle se pointe à l’entretien très en retard et, devant l’incompréhension de sa potentielle patronne, en vraie rebelle, casse tout en partant), grâce à un ami, elle postule pour un emploi dans la vente d’appartements en multi-propriété à…  …Ostende ! Bien entendu, elle l’obtient (pour des boulots de merde pareils, les candidats se font rares). Étant parvenue à emprunter la voiture d’une ex-copine qui a appris avec le temps à la mépriser (on se demande pourquoi elle cède à sa requête), la voici partie pour cet Eden nordique. Bien entendu, quand elle arrive sur son lieu de travail où on doit la loger, personne ne l’attend (critique du mépris des employeurs pour le petit personnel) et elle apprend qu’elle devra partager un appartement avec une vieille aigrie pas sympathique du tout (qui selon toute logique devrait voter à droite, voire même pire). Peu satisfaite par cette compagnie, Babou décide daller se payer un restau (au cinéma, même dans la pire dèche, ça ne pose pas problème alors que dans la vraie vie…). Excellente idée car un groupe de joyeux et sympathiques Flamands (cheveux longs et coolement vêtus) l’invite à sa table. Après ces agapes, elle rentre à son immeuble pour constater que sa clé n’ouvre pas la porte (drame !). Elle retourne donc vers ses nouveaux amis et l’un d’entre eux (un docker au cœur tendre nommé Bart), après une tentative infructueuse d’ouverture (on lui a donné une mauvaise clé, preuve supplémentaire du peu de cas qu’on fait des employés subalternes), lui propose de l’accueillir chez lui et la saute* (Ostende : La station où l’on se fait des amis et baise dès l’arrivée. Un tel slogan devrait booster le tourisme). Le lendemain commence le boulot. La chef explique aux nouveaux arrivés que leur rôle ne consistera pas à vendre mais à rabattre d’éventuels acquéreurs vers les vendeurs en distribuant des dépliants aux passants. La coloc de Babou n’est pas contente du tout (normal, elle est mauvaise de nature). Nous retrouvons notre héroïne dehors, sous la pluie, en train d’essuyer rebuffade sur rebuffade (drame). Mais le destin veille sur elle : une de ses copines de la veille lui donne ce conseil dont l’intelligence continuera d’émerveiller les esprits dans les siècles des siècles : plutôt que de perdre son temps en ville, pourquoi n’irait-elle pas plutôt à l’arrivée des ferries à Zeebrugge ? C’est là qu’arrivent les touristes ! Elle l’y emmène et là ça baigne dans l’huile.  Le lendemain, en réunion, la chef annonce dix-sept retours pour Babou et rien pour les autres (qui commencent à la haïr). Le soir, alors qu’elle est à son balcon, elle aperçoit un couple de jeunes SDF munis du chien règlementaire. Elle descend et leur offre les restes de son repas (Babou est généreuse !). Le gars se fait un peu tirer l’oreille (normal, on a sa fierté) mais la fille est contente.  Le lendemain, elle leur proposera de les héberger dans un des nombreux logements vacants de son immeuble, à condition qu’ils rangent tout avant de partir à huit heures. Et ils le font, car ce sont des punks à chiens tout ce qu’il y a de correct et propres sur eux, pas du tout le genre à dégueuler partout pendant que le chien dévore les coussins du sofa).  Une des vendeuses s’étant malencontreusement cassé la jambe, Babou se voit proposé de la remplacer. Sa montée fulgurante dans la hiérarchie entraîne celle de la haine chez ses collègues. Elle invite sa fille à venir la voir et, avec l’avance qu’elle a obtenu de sa chef,  lui paye le meilleur restau de la ville (soit il n'y a que des bouibouis à Ostende, soit l’avance était pharaonique). Hélas, elle a également convié ses clodos de protégés. Sa gamine n’est pas contente du tout et s’en va (préjugés sociaux quand vous nous tenez !). Les SDF la quittent pour prendre le ferry d’Angleterre où ils vont se faire des couilles en or en jouant du djembé comme tout le monde fait là-bas. Hélas ils se feront refouler à cause du chien qui n’a pas les papiers nécessaires (métaphore de l'anti-immigationnisme britannique ?). Et c’est là que le parcours sans faute de Babou va tourner au cauchemar : n’écoutant que son bon cœur, elle les introduit de nouveau dans l’immeuble et, alors qu’après une soirée bien arrosée avec sa chef (elles sont devenues copines comme cochon) les deux filles font du vélo rigolo sur le front de mer, Lydie (c’est le prénom de sa chef) aperçoit de la lumière dans un studio de leur immeuble. Babou (bonne fille mais quand même un peu con) lui avoue y avoir recueilli des SDF. La perfide Lydie semble approuver sa démarche car comment laisser des gens dans la rue quand tant de logements sont vides (hein, franchement, comment ?) ? Et le lendemain notre brave héroïne est convoquée par le chef de la chef et est virée (les chefs sont aussi fourbes qu’impitoyables). Avec son solde de tout compte, Babou se rend au casino et place tout sur le 4, se ravise, met tout sur le 14 et, croyez-le ou pas, le 14 sort et lui rapporte une fortune avec laquelle elle monte une troupe de danseurs brésiliens qui viennent animer le mariage de sa fille (qu’elle a, à un autre moment, rabibochée avec son futur gendre et qui maintenant l’accepte). Ils remontent dans leur car et c’est fini. Ouf.

*Hélas ça ne durera pas : Bart est un sentimental alors que Babou tient mieux sur le dos qu’une bique sur ses cornes. Lassé d’être traité en objet sexuel, le docker la plaquera.

mardi 14 juillet 2015

Je suis un mauvais Français (pléonasme quand on l’est « de souche »)



« Le jour du quatorze juillet,
Je reste dans mon lit douillet »
Ecrivait Tonton Georges. Eh bien moi, c’est pire : j’ai oublié qu’on l’était ! Et par deux fois. Hier soir, alors que j’avais éteint les feux en vue d’une nuit de repos bien méritée, je fus inquiété par des bruits pour le moins suspects. C’était comme si on frappait des coups sourds dans le voisinage. Normalement, passée une heure raisonnable, vaches, moutons et ânes se taisent, les tracteurs sont rangés et peu de voitures passent. La paix est totale. Aussi me levai-je afin d’aller voir ce qui se passait. Les brumes du demi-sommeil se dissipant, je n’eus pas à chercher longtemps l’origine de ces sons incongrus. Il s’agissait de faibles explosions, de celles que provoquent les fusées d’un feu d’artifice. C’est alors que je me souvins que nous étions le treizième jour du septième mois et qu’à cette occasion les édiles, y compris ceux du bourg voisin, toujours zélés dès qu’il s’agit d’amuser le badaud, procèdent à ce genre de spectacle aussi édifiant que républicain. Je me recouchai donc et m’endormis.

Au réveil, encore engourdi, je me souvins que le bon docteur, en vue de ma visite annuelle chez le cardiologue, m’avait prescrit des analyses. Vu que je m’étais levé tôt et que les prises de sang se font à jeun entre 7 h 30 et 8 h, après moult atermoiements et hésitations, je me décidai à me rendre chez les gentilles infirmières, histoire de me débarrasser de cette corvée. Ce n’est qu’au moment de prendre le volant que je me rappelai que nous étions  le 14 juillet et qu’animées de cet enthousiasme citoyen qui est, avec leur infatigable dévouement, la caractéristique principale de ces auxiliaires de santé il y avait peu de chances pour qu’elles tinssent leur permanence.

Le rouge au front, je décidai de prendre mon petit déjeuner avant d’aller cueillir des fèves au jardin. J’aurais pu compenser ce défaut de civisme en regardant défiler nos fiers militaires puis en buvant les paroles de notre cher président.

Hélas, je n’en fis rien. Parce que défiler, c’est bien, c’est joli mais c’est insuffisant. Pour me rassurer sur la puissance de nos armes il faudrait des démonstrations grandeur  nature avec tirs à balles et obus réels, des lâchers de bombes et des tirs de missiles, des combats rapprochés !  On en aurait le cœur net, on se rendrait compte !  Mais là…

Quant aux bavardages du président, j’en dirai ce qu’avait répondu une collègue à son mari lorsqu’il lui demandait ce que l’éducateur de la maison pour enfants en grande difficulté où nous travaillions avait bien pu raconter (ce dernier avait un bec de lièvre et malgré son handicap insistait pour assurer l’animation des soirées de Noël) : « Les mêmes conneries que l’année dernière ! »

lundi 13 juillet 2015

Question de logique



J’apprends par le truchement de mon récepteur de télégraphie sans fil que, ces derniers temps,  le nombre de morts sur les routes aurait baissé. Excellente nouvelle. Seulement, ça pause un problème de logique. En effet, chaque fois que ces chiffres sont à la hausse on nous propose de nouvelles mesures visant à corriger leur courbe : augmentation du nombre de radars, nouvelles limitations de vitesse, renforcement des amendes, baisse du taux d’alcoolémie toléré, etc. Lorsqu’on constate une baisse, même avant que les nouvelles mesures aient été mises en application, ne serait-il pas logique qu’on les supprimât ? Ne pourrait-on pas même envisager qu’on enlevât quelques radars, qu’on augmentât la vitesse autorisée, qu’ont baissât les amendes, qu’on se montrât plus tolérant avec les poivrots ?

A ces dernières questions, la réponse est évidemment non. Car de nos jours, si on en excepte la politique judiciaire de Mme Taubira, les réglementations ne se font que dans un sens : celui qui tend à limiter nos libertés afin de mieux assurer notre sécurité. Pour notre bien, on nous impose un carcan réglementaire de plus en plus étouffant et cela avec le consentement d’une majorité de nos concitoyens pour qui tout accident est devenu inadmissible.

Pendant ce temps, à la maison, on meurt avec ardeur. Les accidents domestiques envoient bon an mal an 11500 habitants de notre beau pays ad patres et font plusieurs millions de blessés.  Cela dans l’indifférence générale. Ces derniers temps, on a bien pris quelques mesurettes : détecteurs de fumées, protection des piscines, normes électriques renforcées, bannissement des peintures nocives, etc. Tout cela est bien timide. Mais si l’on suit la pente « naturelle » des sociétés occidentales, il est certain que ce n’est qu’un début et que de plus en plus la privation de liberté envahira nos foyers. Pour notre plus grand bien, toujours.