..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

lundi 13 janvier 2020

Pourquoi j’aime le Royaume-Uni (1)


Ces temps me désespèrent. Je crains fort que mon attente de la réaction salvatrice qui arrêterait la course de mon pays vers l’abîme ne soit qu’une chimère. De plus en plus, j’en viens à penser que les Français n’ont que ce qu’ils méritent. Un ami me demanda récemment si ça ne me gênait pas d’avoir un débile pour président. Débile, c’est vite dit. Nul me paraîtrait plus adapté. Nul, comme l’ont été ses prédécesseurs, enchanteurs qui, depuis plus de quarante-cinq ans, mènent au son entraînant de la flûte les français vers la noyade finale. Je suis désolé, mais celui qu’ils ont choisi en 2017 ne me dérange ni plus ni moins que les autres. Il faut dire que qui que ce soit à sa place connaîtrait, quoi qu’il fasse ou ne fasse pas, le même rejet de la part d’un peuple devenu au fil du temps ingouvernable tant il est gangrené jusqu’à la moelle par un égalitarisme forcené né de l’envie auquel vient s’ajouter une haine de soi nourrie par la repentance et le rejet de ses racines.

On gueule contre l’Union Européenne, contre le gouvernement, mais que fait-on à part en attendre l’impossible ? On voudrait moins de taxes, moins de prélèvements mais plus de redistribution et de services dits « publics ». On veut le beurre, l’argent du beurre, le cul de la crémière et le sourire de son mari.

C’est pourquoi j’admire un pays voisin qui, sans être épargné par cette « modernité » folle qui ravage l’Occident et provoquera son inéluctable disparition, montre qu’il existe d’autres voies, que le déclin peut être ralenti, qu’il est encore possible de dire non à ce qui ne convient pas : le Royaume-Uni.

Madame Thatcher a su dompter l’ardeur destructrice des syndicats et du Labour. Un référendum, dont, curieusement, on a tenu compte, a permis aux électeurs d’exprimer son désir de quitter l’U E. Trois ans et demi plus tard, les électeurs, décidément tenaces, ont offert à M. Johnson la majorité nécessaire à mener à son terme le Brexit. Bien sûr, celui que ses détracteurs surnomment Bo-Jo est, comme Bozo (jeu de mot oh combien subtil !), un lamentable clown. Seulement, à Noël, tandis que nos ondes diffusaient à l’envie le silence du président Macron il prononça le bref message que voici :


Je vous le résume et donne la traduction de passages qui me semblent essentiels. Après avoir souhaité un joyeux Noël à tous, entouré de leurs proches, M. Johnson rappelle que cette fête est « d’abord et avant tout une célébration de la naissance de Jésus Christ » et souligne l’importance de cette fête pour des milliards de chrétiens à travers le monde. Ensuite, il salue au nom de la Nation tous ceux qui, en ce jour de fête, resteront au service des autres (soignants, policiers et aussi soldats en mission) avant d’ajouter  qu’ « en ce jour plus qu’en tout autre jour [il] veu[t] que nous nous souvenions de tous ces chrétiens qui dans le monde sont persécutés » et fêteront Noël dans la clandestinité. Sa détermination, en tant que Premier Ministre, à changer cela et à leur permettre de pratiquer leur foi est affirmée avant que, sur un ton badin il renouvelle son souhait d’heureuse fête à tous en leur demandant de ne pas trop se disputer avec leur belle-famille et de donner aux Britanniques rendez-vous pour le nouvel an.

Ce n’est pas en France qu’on entendrait de tels propos ! La France est laïque, .voilà sa gloire ! Elle n’est surtout pas chrétienne ! C’est si évident que le « bon » président Chirac ne pouvait, en 2004, que s’opposer à ce que les racines chrétiennes de l’Europe soient mentionnées dans le préambule à la Constitution Européenne. En France, nombre d’abrutis pensent que l’histoire et la culture (quand on admet qu’elle en a une) de la France ne commencent qu’avec la boucherie républicaine de 1789.

Un dirigeant qui à Noël s’exprime et rappelle le sens profond de cette fête, que ça plaise ou non, fait plaisir au non-croyant-de-culture-catholique que je suis.

mardi 7 janvier 2020

Comment j'ai dérivé


Comme bien des « boomers » (j’emploie ce terme pour faire jeune) de « bonne famille » (j’entends par là « petits-bourgeois catholiques de droite »), à l’adolescence, période où le cadre familial qui, à l’époque, était généralement bien moins conciliant qu’aujourd’hui, est souvent ressenti comme plus étouffant que protecteur, mon rejet des valeurs familiales prit un tour à la fois religieux et politique. Pour ce premier aspect, je crois que lors de la distribution de la foi, j’avais oublié d’apporter ma gamelle et qu’elle ne me fut pas donnée. Pour le second, les circonstances m’aidèrent.

Au lycée de Rambouillet où je passai mon année de terminale (1967-1968) nous bénéficiions d’un corps professoral qui semblait engagé dans un concours visant à déterminer celui ou celle de ses membres qui serait le plus communiste. Ils devaient, vu le public auquel ils s’adressaient (le prolétaire y était rare), se sentir en terre de mission et faisaient de leurs cours autant de tribunes d’où propager la bonne parole marxiste.

Arriva le joli mois de mai 1968 grand bazar auquel, comme je l’ai narré ici, je ne participai pas tant mon innocence juvénile m’amenait à ne pas assimiler chienlit et révolution. Il n’empêche que les graines semées dans mon esprit malléable d’adolescent tourmenté germèrent et que, quelques années durant, je professai des opinions très à gauche. Je rêvais alors d’un monde égalitaire et juste, ne discernant pas que ces deux termes étaient antinomiques. Cela m’amena même, par pur anticommunisme primaire (le totalitarisme n’étant pas ma tasse de thé), à adhérer un temps à la faction gauchiste du PS alors représentée par un Chevènement encore jeune. Ça ne dura pas car il n’est pas aisé de trouver plus chiant que des réunions de section.

Toujours est il que, jusqu’à ma vingt-sixième année, je me déclarais à gauche, et même très à gauche. C’est lors d’un « mouvement social » que cela prit fin. Je suivais les cours du Centre de Formation des Professeurs d’Enseignement Général des Collèges en la bonne ville de Tours. Un vent de révolte souffla sur notre promotion. Je m’y joignis et en devins une figure. Le problème était la sélection. Nombre de mes camarades tendaient à voir en l’examen de sortie une impitoyable trieuse à séparer le bon grain de l’ivraie. Comment accepter pareille chose ? Seulement, mon enthousiasme premier s’émoussa. Car en y regardant de près, la trieuse s’était en fait, les années passées, montrée très bonasse et ne rejetait quasiment pas d’ivraie. Quand on considérait le peu d’enthousiasme qu’une grande majorité de mes condisciples mettaient à étudier, on pouvait même être amené à penser que la lutte contre une sélection prétendue drastique n’était qu’un moyen d’obtenir un diplôme sans rien foutre. J’en arrivai à la triste conclusion que sous couvert de nobles revendications égalitaires, généreuses et irréalistes, le véritable but des protestataires est d’obtenir ou de conserver pour eux-mêmes des avantages indus. Ce n’est pas le conflit actuel des transports qui m’amènera à réviser ma position. Dès lors, je cessai de voter à gauche et de me syndiquer.

L’année suivante, j’obtins, outre mon diplôme de PEGC, une licence d’anglais, un DEUG de lettres et fus reçu major au concours des IPES de Lettres Modernes de l ‘Académie d’Orléans-Tours m’ouvrant la porte à trois années d’études supérieures rémunérées par la princesse. Il faut croire que plus que des actions collectives c’était de l’effort personnel qu’à mon humble niveau j’attendais l’amélioration de mon sort.

dimanche 5 janvier 2020

Pour sauver les retraites, abandonnons la réforme !


Il est urgent de mettre fin à la grève des transports parisiens. Puisque M. Martinez met pour condition à la reprise du travail par la poignée de conducteurs qui le suivent le retrait de la réforme envisagée, il faut, afin de ne pas amplifier un déséquilibre du système déjà préoccupant, accéder à ses exigences. Non parce qu’on les juge raisonnables ou justifiées mais parce que la continuation sur des mois et des années du mouvement aurait des répercussions économiques indirectes catastrophiques.

A quoi assistons-nous en effet ? Des millions de Parisiens et des banlieusards, privés de transports en commun, se mettent qui à marcher qui à pédaler, qui à trottinetter. C’est loin de leur déplaire, vu le soutien qu’ils apportent aux grévistes. Plutôt que de rester faire du gras au lit, ils se lèvent tôt et d’un mollet gaillard ils traversent Paris et sa banlieue. Quelques heures d’exercice quotidiennes auxquelles, une fois les premières fatigues dues au manque d’entraînement passées, si le conflit s’éternise, il finiront par prendre goût et qu’ils prolongeront la grève terminée.

Tout le monde le sait, la vie sédentaire est nocive. Elle entraîne toutes sortes de problèmes de santé. Que recommande le bon praticien à ses patients mous du genou ? De la marche, du vélo, de l’exercice ! Grace aux amis de M. Martinez, les Franciliens vont se trouver en meilleure santé. Qui dit meilleure santé dit augmentation de l’espérance de vie.

Et c’est là que le bât blesse car depuis que les Français ont pris la détestable habitude de vivre de longues années après avoir pris leur retraite*, il est difficile d’équilibrer les comptes des caisses. L’augmentation de la durée de vie est donc à éviter à tout prix. Des millions de Franciliens régénérés par l’exercice coûteront à terme bien plus que ne rapporteront les misérables économies réalisées par de timides réformes.

Puisse le gouvernement en prendre rapidement conscience.

*Notons au passage que si les Français avaient le bon goût de mourir à l’âge où il mouraient en 1944, date de parution du programme du CNR auquel M.Martinez , en homme de gauche, se doit d’être attaché, le financement des retraites serait probablement assuré.

samedi 4 janvier 2020

La géhenne de M. Martinez


M. Martinez est un homme bien. J’en veux pour preuve son imposante moustache. C’est même un homme très bien, vues ses belles écharpes. Comme ses prédécesseurs et ses successeurs à la tête de la CGT, c’est un homme de bon sens, chose rare de nos jours. Son éternel sourire, sa bienveillante bonhomie, son goût pour la plaisanterie fine en font un agréable compagnon. C’est pourquoi, par millions, les Français lui emboîtent le pas dès que la fantaisie le prend d’aller faire une promenade avec banderoles et slogans à travers les rues de la capitale, histoire de se tonifier les mollets tout en bouffant des merguez.

Cependant, et c’est là son dilemme, il est comme ses devanciers le dépositaire d’un redoutable secret celui que se transmettent les dirigeants de la CGT depuis sa fondation en 1895, je veux parler du PPBUSTP (Plan Pour le Bonheur Universel et la Solution de Tout Problème) . Ce plan qui, selon la légende, aurait été apporté au dirigeant d’alors par l’archange Saint-Michel n’a qu’un défaut : il est, a été et doit demeurer secret jusqu’à ce que celui qui détient la combinaison du coffre où il se trouve gardé dans le bunker aménagé sous l’immeuble du siège à Montreuil soit appelé à présider aux destinées de la France et assure bonheur et prospérité à tous. C’est là que le bât blesse.

En effet, faute de pouvoir dévoiler ses solutions miracles, M. Martinez, comme ses prédécesseurs, se voit contraint à s’enfermer dans un refus systématique de toutes les réformes ce qui, comme ses prédécesseurs, tend à le faire passer pour un esprit négatif et l’empêche, malgré toutes ses qualités, d’accéder ne serait-ce qu’aux marches du pouvoir. Quel dommage !

A cause de l’actuel conflit qui oppose quelques conducteurs de métro et de trains à un président ayant pour seul but de réduire le peuple de France à la misère afin d’être triomphalement réélu en 2022, M. Martinez enrage. Il sait de quelle manière on pourrait augmenter le montant des retraites en abaissant l’âge de départ et le niveau des cotisations mais il ne peut le dire ! On comprend ainsi pourquoi il se refuse à toute négociation.

Homme d’honneur, il ne saurait révéler un secret. Et, le ferait-il que ça ne changerait rien car le gouvernement, quel qu’il soit, nous le savons bien, n’a pour but que d’aggraver la paupérisation du peuple. Il est là pour créer des problèmes et non pour les résoudre. S’il avait accès au PPBUSTP, il s’empresserait de le détruire et d’en effacer jusqu’au souvenir.

Ainsi, M. Martinez, homme de progrès,se voit-il réduit, faute de tenir les manettes, à prêcher un immobilisme que ses détracteurs utilisent pour le discréditer. Le serpent se mord la queue et si M. Martinez en faisait autant on ne saurait lui en vouloir. On devrait plutôt, dans ce geste de rageuse frustration, saluer la souplesse d’un homme injustement taxé de rigidité.

jeudi 2 janvier 2020

Sacré Carlos !


Dire qu’il ait l’air particulièrement sympathique serait aller un peu loin. Ce brave M. Ghosn est plutôt du genre à rire quand il se brûle qu’à entraîner une bande de joyeux fêtards dans une chenille endiablée ou à déclencher les rires avec son répertoire de blagues belges. D’un autre côté, il est peut-être plus convenable de la part du dirigeant d’une puissante multinationale d’affecter une contenance un brin austère que de se comporter comme le cousin Léon quand il en a un coup dans le nez…

Malgré cela, quand hier matin j’ai appris qu’il avait, probablement avec un léger pincement au cœur car tous les départs, même les plus souhaités, ont leur mélancolie, quitté ce Japon qui après l’avoir encensé était allé jusqu’à lui offrir le gîte et le couvert dans un de ses établissement publics, j’ai bien ri. Pas chien, Carlos avait su exprimer sa reconnaissance à ses hôtes en leur adressant un petit chèque de 14 millions d’Euros, soit un peu plus d’un an de son salaire brut. Les petits cadeaux entretiennent l’amitié !

Que ce soit dans une caisse censée contenir des instruments de musique ou grimé en Papou afin de passer inaperçu, c’est en toute discrétion que M. Ghosn a pris congé de ses amis nippons avant de s’envoler pour le Liban via la Turquie. J’y vois, au-delà de la farce jouée, la marque d’un tact raffiné : sachant que son départ serait de nature à chagriner les autorités japonaises, afin de leur éviter d’inutiles tentatives de le retenir (sa décision étant irréversible), il a préféré partir sur la pointe des pieds. La grande classe !

Certains esprits chagrins, trop perméables aux racontars, diront que ce départ n’avait pour but que d’échapper au zèle tatillon des juges du pays qui l’auraient soupçonné de je ne sais quelles malversations. Que ce n’est pas bien. Que toute faute mérite sa peine et qu’un homme honnête et responsable ne craint aucunement la justice qui, en ce pays comme partout ailleurs, ne saurait poursuivre d’autres buts que de consolider l’ordre public. Que, bénéficiant de moyens financiers considérables et forcément coupable de ce fait, il aura pu échapper à une juste sanction alors que le vulgus pecus, s’il traverse en dehors des clous ou vole un croûton de pain tant la faim le tenaille se retrouve illico presto envoyé au bagne de Cayenne sans espoir de retour. Je ne les suis pas.

Pour moi, la soi-disant justice n’a rien de sacré. Elle est humaine et donc imparfaite. Il lui est déjà arrivé, ici ou là, de couronner le crime et de châtier la vertu. « Je te plains de tomber en ses mains redoutables » s’écriait la Jézabel de Racine. Bien qu’elle parlât d’autre chose, cette phrase s’applique bien à cette institution à laquelle l’innocent n’a pas intérêt à avoir affaire. Un procès aura lieu. Blanchi ou condamné, à tort ou à raison, M. Ghosn en sera absent. Dans tous les cas, les envieux continueront de le détester. Il n’empêche qu’à sa place et si j’en avais eu les moyens, entre risquer de passer des années voire de finir ma vie derrière les barreaux d’une prison nippone ou autre et vivre parmi les miens le reste de mon âge, je n’aurais pas non plus hésité.

mardi 31 décembre 2019

Adieu 2019  et bonjour 2020 !


Sauf incident de dernière minute, je verrai dans quelques heures la fin de 2019. Année qui se termine plutôt bien, vu qu’hier je me suis acheté pour une somme dérisoire une paire de charentaises tout à fait confortables et que ce matin j’ai légèrement modifié la disposition des fauteuils, de la table et du buffet du salon, action qui me comble d’aise. Tout compte fait, et sauf incident de dernière minute comme on ne le dira jamais assez, 2019 s’achève donc de manière superbe si on ajoute aux bonheurs précédents le festin de ce soir en compagnie de ma chère Nicole.

Pourtant, si me venait l’idée saugrenue de classer les années en fonction des mauvais moments passés, sans être la pire, elle serait loin d’être la meilleure. J’ai, deux mois durant été mis quasi hors-service par une hyperthyroïdie carabinée et la mort de Nelly a plongé notre fille dans un profond mal être. Mais tout ça s’est estompé et me voici prêt et gaillard pour relever les défis de 2020. Quels seront-ils ? Je n’en ai pas la moindre idée !

Quoi qu’il en soit, je vous présente à tous mes meilleurs vœux. On dit qu’il ne faut pas le faire avant que le dernier coup de minuit n’ait sonné, que ça porte malheur. Mais vu que je ne suis pas superstitieux et que ma foi en toutes les conneries qu’on me raconte est très limitée, je le fais quand même. Si vous pensez que les accepter risquerait de vous nuire, vous êtes pouvez les refuser sans que je vous en fasse grief.

Donc, je vous souhaite une santé d’acacia (comme disait Anne Sylvestre) et une prospérité méritée (ou pas). Pour le reste, je ne m’avancerai pas trop. Pour le repos des mollets de mes amis franciliens, je ne peux que souhaiter que la grève des transports prenne fin d’une manière ou d’une autre. Je vous laisse, en dehors de cela, le choix de vos vœux qui, malheureusement, ne pourront pas tous se réaliser vu qu’il leur arrive d’être contradictoires. Mais qu’importe ? Quand on jouit d’une bonne santé et qu’on est prospère (yop la boum), le reste, hein ?

PS : Pensez à ne pas dater vos courriers ou vos chèques de cette manière : 01/01/20. Des gens malintentionnés pourraient les anti- ou postdater en 2030 ou 2005 ce qui pourrait vous créer de menues contrariétés. Ça ne se produit qu’une année sur cent-une depuis l’an de grâce 1010 et je doute fort qu’en 2121 vous soyez en mesure de courir ce risque.

vendredi 27 décembre 2019

De l’intérêt de réaliser ses rêves


Rêver, quoi de plus beau ? Mais aussi quoi de pus vain quand on ne passe pas à la réalisation ? Se dire d’une envie ou d’une ambition qu’elle n’est qu’un rêve inaccessible c’est se résigner voire s’enfoncer dans le ressentiment et l’aigreur. Il est évident que certains rêves sont irréalisables (se voir pousser des ailes, se convertir au macronisme, rallier l’Amérique à la nage en quelques heures, manger cinquante kilos de boudin en moins de cinq minutes et remporter le premier prix à la foire de Mortagne, etc.). Tant qu’à rêver, autant le faire en s’assignant des objectifs à sa portée.

Lorsque je fais le bilan de ma vie (on s’occupe comme on peut!), en dehors de quelques remords, je le trouve globalement positif, pour paraphraser M. Marchais quand il évoquait celui de l’URSS. J’ai en effet réussi à réaliser mes rêves qu’ils soient petits, moyens ou grands. Je ne parle pas de vagues velléités mais d’envies récurrentes.

Adolescent, je rêvais de passions amoureuses avec, de préférence, de jeunes et jolies femmes. J’étais alors un petit gros. Ça ne semblait pas gagné d’avance… Et pourtant, quand j’y repense, je peux dire que la vie m’a plutôt gâté de ce point de vue.

Une ex m’ayant fait ressentir mon infériorité en matière de diplômes, grâce à des concours, je me mis à les collectionner.

J’avais envie de gagner de l’argent, et beaucoup si possible. J’y suis, un temps, parvenu et ai pu goûter aux avantages comme aux limites des grandes tables, des beaux hôtels et des grosses voitures.

Mon second beau-père m’ayant initié au bricolage, je me lançai dans la transformation de taudis en demeures agréables. J’en suis à la cinquième.

Il y a trente ans de cela, la mort dans l’âme, je quittai la Corrèze dont j’étais tombé amoureux pour Londres. Depuis quatre ans, j’y possède une maison.

Plus que d’un emploi stable et d’un lieu où m’enraciner, je rêvais de changements de lieux et d’activités. J’ai vécu en nomade.

En gros, j’ai fait ce que je voulais. Et j’en ai tiré la leçon : ce qui compte, pour moi, plus que le lieu à atteindre, c’est le chemin. Bien sûr, sans désir de connaître le premier pourquoi se mettrait-on en route ? Il faut aller voir, satisfaire sa curiosité et celle-ci satisfaite passer à autre chose. Ça met à l’abri des regrets, des envies, des frustrations.Ça permet surtout, le rêve réalisé de relativiser son importance.

Peut-être pour cela faut-il une certaine forme d’esprit, un goût certain du risque. Mais si la sédentarité ne dit rien au nomade, pourquoi le sédentaire rêverait-il de mouvement ? Chacun son destin et les vaches seront bien gardées !