..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

jeudi 4 octobre 2018

Être (ou ne pas être) lu.

Si on écrit, c'est qu'on a envie d'être lu. Pas nécessairement par des millions de lecteurs qui dans le monde entier ne jureraient que par vous mais par des personnes qui ont la gentillesse d'apprécier ce que vous faites. Il est certain que plus ces gens sont nombreux, plus on est satisfait. On aimerait donc voir son nombre de lecteurs augmenter. Ce qui n'est pas forcément le cas aujourd'hui. Il y a quelques années de ça, paraissait quotidiennement sur ma blogroll un nombre d'articles supérieur à celui que je peux compter en une semaine à présent. Combien de blogueurs se sont tus ou mis en sommeil ? Que c'en soit la cause ou la conséquence, il semble également que lecteurs et commentateurs se fassent plus rares.

Toutefois, on peut se demander quel prix on est prêt à payer pour élargir, ou tenter d'élargir son lectorat. Seul maître à bord de son blog, l'auteur peut choisir d'écrire ce qui lui plaît ou ce qui selon lui est susceptible de plaire. Une critique systématique du président, en nos temps d'antimacronisme rabique peut attirer. Mais pour que ça marche encore faut-il le faire de manière plaisante. Personnellement, je m'y refuse, vu que le pantin qu'ont porté les électeurs à la présidence ne m'intéresse pas. Il ne peut pas plus provoquer mon adhésion que mon indignation. C'est comme la présence d'une déjection de chien sur le trottoir qui ne saurait m'enthousiasmer ni provoquer ma rage. Au fil du temps, j'ai de moins en moins écrit sur la « politique ». Je préfère parler de tout, de rien et du reste. Ce désamour trouve son origine dans l'aventure que je vais vous narrer et s'est trouvé renforcé par le triste constat que m'ont amené à faire les élections de l'an passé.

On aime donc être lu. Quand un brave garçon vous contacte en vous demandant s'il vous agréerait de participer à la rédaction d'un site dont la moindre parution provoque l'engouement de milliers de lecteurs on est soumis à la tentation... Et on succombe. La seule condition que cet « exhausteur de lectorat » mettait à la parution d'articles était d'en changer le titre pour le rendre plus percutant. Pourquoi pas ? Des miens articles parurent donc sur le site et firent l'objet de milliers de vues (Tandis que sur mon blog ce nombre se situe,sauf exceptions, entre 300 et 600). Toutefois, le titre qui leur était attribué me faisait un peu tiquer en ce qu'ils reflétaient peu ou mal le ton et le contenu de l'article. Ça me faisait penser à la presse people qui titre « Michel Drucker ravagé par la drogue » un article où l'on apprend que l'animateur vedette a été bouleversifié lorsque sa concierge lui a annoncé que le fils d'un cousin de la voisine du troisième aurait été soupçonné par ses parents d'avoir fumé ce qui pourrait être un joint dans les cabinets. Dans un premier temps, je n'en fis pas trop de cas mais je ne tardai pas à constater plusieurs faits : d'abord, contrairement à mes attentes, la fréquentation de mon blog ne s'en trouvait aucunement augmentée, ensuite, les commentaires qui accompagnaient la publication de mes précieux écrits indiquaient visiblement d'une part que leurs auteurs s'étaient arrêtés à la lecture du titre et d'autre part que ce pseudo-lectorat par la forme comme par le fond semblait s'apparenter à la catégorie « bas du front ». Je pensai un temps signifier au responsable du site mon intention de cesser toute collaboration. Puis, par àquoibonisme je me dis que ça ne valait pas le coup et que le mieux serait de ne plus écrire d'articles susceptibles d'être publiés sur son torchon internétique. Ce que je m'efforçai de mettre en application. Un jour, suite à un statut Facebook dont je ne me souviens plus mais qui me déplut fort, j'entamai avec ce triste sire une polémique qui m'amena à le traiter d'escroc. Il m'appela au téléphone et je lui fis part de mes griefs et le priai de supprimer du site toute trace de ma participation. Ce qu'il fit.

Je ne suis donc plus prêt à tenter par quelque moyen que ce soit d'améliorer mon audience.

mercredi 3 octobre 2018

Destin Français

Comme elle ne recule devant aucun sacrifice afin de me gâter, ma fille m'a offert à l'occasion de mon récent anniversaire le dernier opus de M. Zemmour. J'avoue en être ravi. Je n'en ai terminé que la première partie mais je ne pense pas que la suite soit en mesure de me décevoir. Car le bon Éric possède un talent certain pour exposer des idées complexes de manière claire et intelligible. C'est une qualité rare que je n'ai, hélas, que rarement rencontrée chez les professeurs du supérieur.

De quoi s'agit-il ? D'un essai sur l'histoire de France. J'ai entendu un commentateur déclarer que c'était un ouvrage autobiographique. A moins que M.Zemmour, dans les parties suivantes, ne se mette à nous faire part de ses joies, de ses peines et des menus tracas que l'on rencontre quand on s'éloigne des sentier battus et rebattus par l'auto-proclamé camp du bien, je soupçonne ce consciencieux homme de media de n'en avoir lu que l'introduction. C'est déjà quelque chose car ce qui m'a été donné d'entendre lors de débats autour de ce livre me donne l'impression que peu de ses collègues se sont donnés ce mal et ont préféré n'en lire ici ou là que quelques bribes afin d'y trouver la phrase scandaleuse qu'ils pourraient lui jeter à la face afin de donner urbi et obi la preuve de sa nature foncièrement mauvaise.

La première partie que je viens de terminer s'intitule Le temps des fondations. On y croise, dans l'ordre chronologique des souverains comme, entre autres, Clovis, Saint Louis, Charles VII ou François Ier mais aussi des personnages moins éminents mais non dénués d'importance, symbolique ou réelle, comme Roland, Le Grand Ferré ou l'évêque Cauchon. Chacun évoqué pour le rôle par lui tenu dans la création ou l'évolution de l’État et/ou de l'imaginaire Français. Bien sûr,tout cela est sous-tendu par la conception que M. Zemmour se fait de la France et de son histoire. On peut y souscrire. Ou pas. Je me garderai bien de prendre parti.

Tous les historiens nous racontent des histoires. Chacun la sienne. Entendons-nous bien, je ne veux pas dire qu'ils nous débitent une série de bobards. Je soupçonne la quasi-totalité d'entre eux d'être d'honnêtes gens ayant usé leurs yeux à déchiffrer de plus ou moins antiques documents pour informer de leur contenu un bon peuple avide de connaissances. Seulement on ne peut ce faisant éviter de nombreuses embûches. D'abord plus les documents abondent plus la sélection s'impose. Reste à savoir sur quelle base s'opère la sélection. Quand on se propose de narrer l'histoire d'un pays on peut hésiter entre relater celle de son peuple, celle de ses grands hommes ou proposer un mélange des deux. L'historien est tenu à des choix, lesquels sont liés à son idéologie, aux circonstances du temps présents, aux modes, etc. On voit mal un historien marxiste faire le panégyrique de Napoléon ou un royaliste porter aux nues Robespierre. La tendance à porter sur le passé un regard trop conditionné par les valeurs en cours aujourd'hui, hier ou demain nuit grandement au rêve d'objectivité. J'ai longtemps vu le roi Louis XI dépeint comme un homme cruel, mesquin, avare, superstitieux, bref un bien triste sire. Et puis certains se sont mis à voir en lui un grand roi ayant un sens aigu de l'État.

Son lecteur ne vaut pas mieux que lui : selon ses a priori, l'historien sera crédible ou non.

M. Zemmour n'échappe pas à la règle. Peut-on lui en vouloir ? Si pour lui, la France est le produit d'une histoire et que cette histoire est considérée à travers le prisme de ses convictions, il n'y a là rien de plus naturel. Libre à chacun d'y souscrire ou non. Il n'en reste pas moins qu'avec un style élégant l'auteur nous entraîne dans une agréable promenade à travers l'histoire de notre pays. Un livre à lire quand on n'est pas de gauche.

jeudi 27 septembre 2018

Pendant ce temps-là, à Sourdeval...

Comme bien des blogueurs, je me fais plus rare. Non que je sois devenu inactif. Bien au contraire. Seulement, mon temps est pris par d'autres tâches. Comme par exemple les travaux dans ma nouvelle demeure. Quand j'y suis arrivé, voici la cuisine que j'ai trouvée : 






Excellent exemple de ce qui se faisait de mieux à la fin des années soixante-dix. Du chêne massif  de belle qualité. Du solide comme on en fait moins. Seulement, à l'époque, on faisait dans le sombre : bois et carrelages de couleurs foncées. De plus,  le laurier au feuillage permanent ajoutait son ombre. Il fut vite abattu mais il demeurait nécessaire d'allumer la lumière malgré le beau temps. Il fallait donc agir. Je m'y attelai et après plusieurs semaines  voici le résultat : 





C'est quand même plus agréable, non ?

Pour obtenir ce résultat, il fallut poncer les éléments, les revêtir ensuite de trois couches de laque, changer leurs les poignées, repeindre le carrelage mural et les lambris en gris pâle, peindre le plafond en blanc, recouvrir le carrelage de lattes de PVC, coller un papier adhésif couleur acier brossé sur la hotte, créer un ilot central, transformer l'emplacement du réfrigérateur encastré (qui s’avéra hors d'usage) en étagères, et remplacer la plaque de cuisson par une nouvelle en acier inoxydable brossé.

Pour les amateurs de belles choses, j'ajoute quelques photos de détails.














mardi 18 septembre 2018

Robots

J'apprends que d'ici peu des millions de robots viendront remplacer des dizaines de millions d'emplois jusqu'ici tenus par des humains. Et ceci dans les domaines les plus divers comme la consultation juridique ou le BTP. Ça nous en promet de belles, quand on pense ce que l'on vit déjà avec le téléphone.

Une des choses qui m'agace le plus est, lorsque je désire un renseignement sur tel ou tel sujet que ce soit à La Poste ou à ma banque, le numéro qui est censé me mener à l'interlocuteur susceptible de m'informer me mène à un robot qui me donne le choix entre diverses possibilités que je sélectionne en tapant sur le clavier de mon téléphone le numéro indiqué. Il faut parfois taper son code postal, son numéro de client, ou une référence quelconque. C'est là un moment où on se félicite de ne pas souffrir de la maladie de Parkinson ou de graves problèmes de vue. Dans le meilleur des cas, on finit par obtenir la personne souhaitée. Très souvent on aboutit à un interlocuteur qui ne connaît pas grand chose à votre problème et n'est en mesure que de vous donner des indications que vous aviez déjà trouvées sur le site internet de l'organisme en question.

Parmi les pires expériences que j'ai connues dans ce domaine, se trouve la conversation que je finis par avoir avec une commerciale d'une société de téléphonie portant le nom d'une couleur qu'on obtient en mélangeant le rouge et le jaune mais que je ne nommerai pas. Visiblement, la personne que j'eus en ligne avait de menues difficultés avec la langue généralement usitée en notre beau pays. Ce qui ne va pas sans poser problème quand vous indiquez votre nom ou l'adresse où vous souhaiteriez qu'on installât une ligne. Vu que cette femme ne comprenait visiblement pas les indications données, je me mis à épeler, sauf que, souffrant peut-être d'une légère surdité, elle n'identifiait au mieux qu'une lettre sur deux. Dans de telles circonstances, on se met au D comme Denise, etc. Seulement, il semblait que sa connaissance des prénoms français était un peu rudimentaire... Au bout d'un peu plus d'une heure nous finîmes par atteindre le résultat souhaité...

Certains de ces services sont de plus payants. Dès le bip chaque minute vous est facturée. Quand votre interlocuteur connaît les difficultés ci-dessus décrites, ça devient vite coûteux sans compter qu'il arrive que les informations que vous finissez par obtenir sont parfois floues voire inexactes.

Pour que les choix proposés reflètent plus honnêtement la réalité, je suggérerais que le robot propose les choix suivants :

« Pour écouter durant un quart d'heure à une demi-heure une musique en boucle interrompue toutes les trente secondes par une voix suave vous annonçant que votre appel sera pris en charge dans environ trois minutes avant qu'on ne vous raccroche au nez, tapez le 1 »

« Pour taper la discute avec un interlocuteur qui ne comprend rien à ce que vous dites et dont chaque minute vous sera facturée 1 Euro, tapez le 2. »

« Pour taper votre numéro de client et votre code postal avant qu'on vous renvoie vers un autre robot qui vous demandera de répéter cette opération avant de vous aiguiller vers un autre, tapez le 3 »

« Etc. »

Vivent les robots !

samedi 15 septembre 2018

Amusez vous, foutez vous de tout, la vie passera comme un rêve...



J'avoue que la dernière macronerie me met hors de moi, ce qui ne m'arrive pas souvent. Je veux parler de la réforme des droits de succession qui selon l'inepte Castaner serait envisagée « sans tabou ». Y a-t-il en France un seul abruti pour penser qu'il s'agit de les diminuer ?

Ce gouvernement devait réformer la France. Ramener l'équilibre des comptes publics. Pour cela, il y a deux méthodes : soit on baisse les dépenses, soit on augmente les recettes. Seuls l'état et les collectivités locale disposent de la deuxième. Pour le citoyen de base, afin d'éviter une sorte de mise en tutelle pour surendettement, seule reste la première. Ce gouvernement a visiblement choisi la seconde. Tout est bon pour taxer davantage : on rogne les retraites, on s'apprête à faire payer la taxe sur l'audiovisuel par ceux qui n'ont pas de téléviseurs, on verbalise à tour de bras, on engrange des revenus sur les carburants grâce à la TIPP, on compte surtaxer les résidences secondaires, etc. ...Et on continue de dépenser à tout va.

Taxer davantage les succession est à la fois démagogique et destructeur. D'une part on fait plaisir à ceux qui ne peuvent attendre aucun héritage et d'autre part on continue de saper les fondements de la famille, laquelle se trouve déjà en bien piteux état. La famille est là pour transmettre : un nom, une éducation, et, si possible, des avoirs. Mme Moulin, propriétaire des Galeries Lafayette aime a déclarer : « Je n'ai pas honte de ce que j'ai reçu, j'aurais honte de ne pas transmettre » . Ça me paraît logique. Et totalement opposé aux intentions de M. Macron. Il faut dire que pour un homme qui naguère gagna des millions et qui déclare ne pratiquement rien posséder, cela n'a rien d'étonnant. D'autant moins qu'à ma connaissance il n'aurait aucun héritier à qui transmettre ce presque rien.

En dehors de permettre à l'État de continuer de mener un train de vie sans commune mesure avec ses moyens, quel but pourrait viser une augmentation des droits de succession ? Plus d'égalité ? Un abandon de la thésaurisation au profit d'une plus grande consommation qui relancerait l'économie ?

On ne voit pas très bien. Car si ceux qui ont des moyens élevés, à l'exemple du président, se mettent à tout claquer, leur mode de vie se différenciera davantage de celui des démunis. D'autre part, l'augmentation de la consommation de biens, en l'état actuel des choses, bénéficierait principalement aux industries chinoises et allemandes.

Il se trouve que je possède un petit patrimoine. A peine de quoi me payer un petit studio dans le XIXe arrondissement de Paris. C'est dire si je suis honteusement riche ! Il mérite d'autant plus ce nom qu'en grande partie je l'ai hérité. J'aimerais le transmettre à ma fille et qu'on évite de trop l'écorner au passage.

Admettons qu'au lieu de me comporter « en bon père de famille » je décide de me lancer dans toutes sortes de ruineuses débauches. Il se trouve que je n'en ai aucune envie. De plus, je me trouverais bien vite sur le sable. Dans ce cas, et si la décrépitude venait à me contraindre à recourir aux merveilleux services d'un coûteux EHPAD, mon héritière se verrait obligée de cracher au bassinet pour pallier les insuffisantes ressources de son père indigne. Car la famille, si elle voit rogner ses avantages, continue d'imposer des contraintes...

La bande d'ahuris que tristes magouilles et vote stupide ont portée au pouvoir semble avoir pour but de transformer notre pays en une société de je-m'en-foutistes asservis qui comptent sur les "bienfaits" de Sa Majesté l'État.

mardi 11 septembre 2018

11 Septembre 2018

L'être humain est sensé atteindre l'âge de raison à sept ans. A quel âge la poule, le rhinocéros, le cancrelat ou la pipistrelle de khul l'atteignent-ils ? L'atteignent-ils jamais ? Est-il inné chez eux ? N'ayant pas les lumières d'un Aymeric Caron, je n'oserai avancer de réponses à ces délicates questions qui taraudent bien des consciences.

Avant d'aller plus loin, ne serait-il pas bon de préciser ce qu'est ce fameux âge ? Il faut remonter au quatrième concile de Latran qui, comme chacun sait, se tint en novembre 1215 (ce qui ne nous rajeunit aucunement). Cette auguste assemblée appela annos discretionis l'âge où l'enfant devient capable de distinguer le bien du mal et de prendre conscience des conséquences de ses actes. Avec pour corollaire la possibilité de communier. Il y fut également décidé qu'afin que les chrétiens cessent d'avoir, par erreur, des rapports sexuels condamnables avec des personnes juives ou sarrasines, ces dernières seraient contraintes à porter des costumes distinctifs. Pratique depuis peu reprise volontairement par nombre de nos modernes Sarrasins.

Mais trêve de digressions, revenons à nos moutons, lesquels ne semblent jamais atteindre l'âge de raison vu qu'ils persistent, au péril de leur vie à fuir le loup, animal paisible et doux qui ne leur veut que du bien. Si je fais aujourd'hui mention de ce fameux âge, c'est qu'en ce jour béni de l'an de disgrâce 2018, ce blog fête ses 



Sonnez hautbois, résonnez trompettes !

Eh oui, sept ans déjà ! Et si ça se fête, ça apporte aussi de nouvelles données Dorénavant, ses orientations ne sauraient être innocentes, vu qu'il est en mesure de distinguer le bien du mal et de réaliser pleinement les conséquences de ses prises de position. Est-ce à dire qu'il se mettra à l'unique service du bien en louant, par exemple, les incommensurables mérites du président Macron, du véganisme ou de la pelote basque ? Rien n'est moins sur ! Car le mauvais esprit, celui qui dérise, batifole, plaisante, ricane n'a que trop d'inclination pour le mal. C'est dans sa nature, que voulez-vous ?

lundi 10 septembre 2018

Adieu Céline ?

M.Didier Goux, l'a dit et répété : avec le temps, il arrive qu'un livre qui jadis avait recueilli nos suffrages enthousiastes cesse de nous intéresser, que ses défauts nous semblent l'emporter sur ses qualités. Bref, qu'on brûle ce que l'on a adoré.

Je viens de vivre cette expérience en relisant Mort à crédit de M. Destouches. Je dus faire bien des efforts pour ne pas abandonner la lecture tant par moment elle devenait pénible. Le pire fut quand le bon docteur se lançait dans des délires qui plus que des envolées me semblaient autant de noyades. J'avais l'impression de lire l’œuvre d'un dément ! Et que c'était long et ennuyeux ! Et puis la forme de paranoïa qui parcourt en fil rouge tous ses ouvrages y compris les pamphlets me fut insupportable. Le « héros » Célinien est quasi-perpétuellement en butte à la maligne traîtrise de qui l'entoure. Face à cela, une seule solution : la fuite. Fuite qui, dans la vraie vie fut salutaire à Louis-Ferdinand, lui permettant, de Sigmaringen au Danemark, de sauver sa triste peau d'éternel "persécuté".

Même au joli temps de ma Célinolâtrie, je pensais qu'il aurait dû s'arrêter d'écrire après Mort à crédit. Que ce soit dans Guignol's band ou la trilogie finale, je trouvais que l'auteur devenait caricature de lui-même et pour tout dire illisible. Quant aux pamphlets qu'il est de bon ton de juger anodins, si on les replace dans le contexte de la montée d'un antisémitisme rabique qui mènera à ce que l'on sait, il est difficile de ne pas y voir des appels au massacre.

Fut un temps où, comme si ce genre de classement avait le moindre intérêt, je plaçais Mort à crédit au dessus du Voyage ! J'ai relu ce dernier roman il y a quelques années et l'ai trouvé aussi génial qu'il m'avait paru lors de précédentes lectures. Après ma récente et cuisante déception, j'en suis venu à redouter qu'une nouvelle lecture ne me fasse revenir définitivement sur la haute estime en laquelle je tenais cet auteur.

Il n'empêche que son influence sur le style de nombre d'auteurs est incontestable et que, ne serait-ce que pour cela, il tient dans la littérature française du vingtième siècle une place prépondérante. Que sa place, dans un panthéon personnel en totale ruine, soit remise en cause n'y change rien. Après tout, peut-être est-ce moi qui vieillis mal...