..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

lundi 10 septembre 2018

Adieu Céline ?

M.Didier Goux, l'a dit et répété : avec le temps, il arrive qu'un livre qui jadis avait recueilli nos suffrages enthousiastes cesse de nous intéresser, que ses défauts nous semblent l'emporter sur ses qualités. Bref, qu'on brûle ce que l'on a adoré.

Je viens de vivre cette expérience en relisant Mort à crédit de M. Destouches. Je dus faire bien des efforts pour ne pas abandonner la lecture tant par moment elle devenait pénible. Le pire fut quand le bon docteur se lançait dans des délires qui plus que des envolées me semblaient autant de noyades. J'avais l'impression de lire l’œuvre d'un dément ! Et que c'était long et ennuyeux ! Et puis la forme de paranoïa qui parcourt en fil rouge tous ses ouvrages y compris les pamphlets me fut insupportable. Le « héros » Célinien est quasi-perpétuellement en butte à la maligne traîtrise de qui l'entoure. Face à cela, une seule solution : la fuite. Fuite qui, dans la vraie vie fut salutaire à Louis-Ferdinand, lui permettant, de Sigmaringen au Danemark, de sauver sa triste peau d'éternel "persécuté".

Même au joli temps de ma Célinolâtrie, je pensais qu'il aurait dû s'arrêter d'écrire après Mort à crédit. Que ce soit dans Guignol's band ou la trilogie finale, je trouvais que l'auteur devenait caricature de lui-même et pour tout dire illisible. Quant aux pamphlets qu'il est de bon ton de juger anodins, si on les replace dans le contexte de la montée d'un antisémitisme rabique qui mènera à ce que l'on sait, il est difficile de ne pas y voir des appels au massacre.

Fut un temps où, comme si ce genre de classement avait le moindre intérêt, je plaçais Mort à crédit au dessus du Voyage ! J'ai relu ce dernier roman il y a quelques années et l'ai trouvé aussi génial qu'il m'avait paru lors de précédentes lectures. Après ma récente et cuisante déception, j'en suis venu à redouter qu'une nouvelle lecture ne me fasse revenir définitivement sur la haute estime en laquelle je tenais cet auteur.

Il n'empêche que son influence sur le style de nombre d'auteurs est incontestable et que, ne serait-ce que pour cela, il tient dans la littérature française du vingtième siècle une place prépondérante. Que sa place, dans un panthéon personnel en totale ruine, soit remise en cause n'y change rien. Après tout, peut-être est-ce moi qui vieillis mal...

mercredi 5 septembre 2018

Soyons sérieux sans être austère !

Spéciale dédicace à Mildred.

A l'heure où le pays traverse une période de grand trouble (comme toutes celles qui l'ont précédée et toutes celles qui la suivront), au moment où nous assistons passivement aux agonies conjuguées de notre civilisation et de notre planète, le temps n'est plus aux galéjades. C'est pourquoi j'ai jugé de mon devoir d'aborder un sujet crucial : celui de mon voisinage.

Si une de mes voisines passe sa vie en jérémiades, de l'autre côté de mon petit jardin réside une brave octogénaire. A peine arrivé, elle m'a fait remarquer que le grand laurier qui poussait près de la terrasse avait la fâcheuse habitude de répandre, au mépris de la plus élémentaire des civilités, ses feuilles mortes dans son potager. Les précédents propriétaires l'avaient bien assurée qu'ils l'élagueraient mais ce fut promesse en l'air. Ayant le cœur naturellement bon, je l'assurai que dès mon retour de Corrèze je me chargerais de la tâche grâce à l'élagueuse de là rapportée.

A la première ondée, je constatai que, non content de pourrir la vie d'une estimable ancienne, ce bougre d'arbre bouchait ma gouttière en plus d’obscurcir salle d'eau et cuisine. Son sort était scellé. L’abatage s'imposait. Or donc, au contraire des Étasuniens qui ont coutume de laisser mariner leurs condamnés des décennies durant dans le couloir de la mort, la sentence fut, à la grande satisfaction de la voisine, rapidement appliquée. L'octogénaire, toujours inquiète de mon sort, s'enquit bien vite de ce que je comptais faire du bois. Elle prévoyait pour tronc et branches une bien sombre destinée : la déchetterie ! Je la lui confirmai.C'est alors qu'une idée germa en son esprit : il lui arrivait de faire du feu chez elle... Peut-être ce bois brûlerait-il ? Je l'en assurai. Si je n'y voyais pas d'inconvénient, elle se ferait un plaisir de m'en débarrasser, ce qui m'éviterait d'épuisants voyages... A condition que les morceaux ne dépassent pas cinquante centimètres...

Je lui promis de débiter tronc et branches au format indiqué et, un voisin ayant été pour ce faire réquisitionné, pas plus tard qu'hier, le bois quitta mon jardin pour aller sécher dans le cabanon de la voisine. Seulement, un geste généreux ne pouvant aller sans contrepartie il me fut demandé combien on devait. A part une reconnaissance éternelle, je n'attendais rien. Néanmoins, la tâche terminée, il me fallut accepter, en compagnie de l'homme de peine (et sans fille de joie), d'aller prendre le café accompagné de biscuits, qui en Normandie marque la menée à bien de toute transaction. Je n'en étais qu'à moitié satisfait car j'eusse préféré consacrer mon temps à la peinture de mes éléments de cuisine mais piétiner une sacro-sainte tradition n'est pas ma tasse de thé. J'acceptai donc l'invitation.

Une longue conversation commença portant sur tout et sur rien mais aussi sur les voisins, l'ancienne locataire, les précédents propriétaires. Et j'en appris de belles ! Ainsi le partenaire de dispute du vieux tromblon rouscailleur n'était pas son fils mais bel et bien son « copain ». Un joli coco! Qui avait fait de la prison. Selon mon compagnon de labeur, c'était lui qui avait égorgé une femme à la faucille à Trifouillli. Que nenni, s'exclama la bonne vieille ! L'assassin était son ancien « copain » et c'est en rendant visite à ce dernier que la blonde septuagénaire aurait fait la connaissance du (presque) jeune homme devenu l'objet de ses chaudes affections comme de ses longs lamentos. Sur le repli, l'obligeant voisin, rétrograda le gredin du statut d'assassin à celui de simple dealer de cocaïne. A moins que le dealer n'ait été son fils... Tout ça n'était, bien sûr, que des choses entendues dire... Le principal étant qu'il ait, pour une raison ou pour une autre, fait de la prison.Ce qu'il y avait d'amusant, c'est que pour répandre ces informations, la voix de la vieille se faisait murmure comme si elle eût soupçonné ses murs d'être truffés de micros espions.

J'appris aussi que le père de ma vendeuse, drôle de bonhomme, avait fini par se suicider (comme fit récemment un voisin d'en face) et que sa mère était bien habile en matière de captage d'héritages... Quand je pense que certains cherchent dans la fiction de belles histoires ! Il n'y a qu'à tendre un peu l'oreille pour en trouver à deux pas de chez soi...

lundi 3 septembre 2018

« Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là, simple et tranquille.

...Cette paisible rumeur-là vient de la ville ». Mouais... Il avait du écrire ça un jour de grève et de couvre-feu, le père Paul. Comme ceux qui me suivent, vous savez que je vis depuis quelque temps en ville. Enfin, en petite ville puisque seules trois mille et quelques âmes la hantent. Seulement, pour qui, depuis bientôt sept ans, avait connu le calme tout à fait relatif de la pleine cambrousse, ce nouveau statut de « citadin » apporte quelques nouveautés.

Si le calme de la campagne est souvent troublé par les passages de tracteurs, le bruit plus ou moins lointain des tronçonneuse, scies ou autres engins pétaradants, si s'y entendent les chants du coq et de la poule, le mugissement des bovins, le bêlement des ovins comme l'appel rauque des corbeaux, en ville d'autres bruits se font entendre.

Un de ceux que j'avais oublié est celui du voisinage. Ainsi bénéficié-je, surtout le week-end, des sempiternelles disputes qui opposent une vieille et son fils (ou son (presque) jeune amant, allez savoir, l'exemple venant de haut). Je serais moins dérangé par des échanges d'une admirable violence que suivraient de longues bouderies. Mais, hélas, il n'en est rien. A part de courtes accalmies, ces braves gens s'adressent sans cesse d'ineptes reproches. La brave dame s'est excusée auprès de moi des hurlements à la mort que poussait son deuxième chien lorsqu'elle sortait en le laissant seul. Bien sûr son cri est agaçant mais il l'est nettement moins que les imbéciles chamailleries des maîtres et elle ne sort pas si souvent...

Une autre nuisance est le bruit de la circulation. Car le passage d'une auto ou d'un camion n'est plus le fait rare qu'il était dans mon désert de verdure. Oh, ce n'est en rien comparable au voisinage d'une autoroute ou du périphérique parisien mais si l'embouteillage est chose inconnue, la différence est toute de même sensible.

La pire épreuve sonore est celle occasionnée par quelques jeunes qui, à l'aide de deux roues aux échappements trafiqués, font des tours de pâtés de maisons dans un concours de décibels. L'attrait que ressent l'adolescent moyen pour les assourdissants autant qu'inutiles tours à mobylette (ou scooter) ne date certes pas d'hier mais il demeure pour moi une énigme. Il semble en outre que depuis leur interdiction, les échappements bruyant ont beaucoup progressé.

Le rauque appel du corbeau a fait place au piaillement des corneilles qui le soir n'en finissent pas de se chamailler perchées sur les cheminées. Restent le chant de la poule, car une autre voisine en possède quelques unes qui célèbrent dûment leur ponte et, le mardi, du proche marché aux bestiaux, veaux et moutons s'entend la cacophonie des veaux et des moutons.

N'empêche qu'il y existe des avantages : si, comme l'exige la tradition, je constate au retour de courses que j'ai oublié de faire l'emplette de telle ou telle denrée indispensable, je n'ai plus à faire onze kilomètres pour réparer ma distraction. Je peux même aller faire mes courses à pied et je m'efforce d'en profiter.

On ne peut pas tout avoir.

lundi 20 août 2018

Pour une démocratisation du bain de foule

  
Quoi de plus agréable que de prendre un bain ? Qu'il soient de mer, de boue (que l'on prend étendu d'où l'importance de l'orthographe!), de bouche, de siège ou simplement de pieds, tout le monde ou presque apprécie les bains. Seulement il en est une catégorie dont peu de gens profitent : je veux parler des bains de foule. Pourtant quoi de plus simple à organiser ? Il suffit de disposer d'une foule (dont les effectifs peuvent être très réduits) et d'une personne qui tient le rôle du baigneur Normalement, les gens composant la foule se ruent vers le baigneur, lui serrent la main, lui disent un mot gentil (ou pas) et le cas échéant, quand ils en disposent , lui tendent leur enfant afin qu'il l'embrasse. Une fois le bain terminé, baigneur et foule rentrent chez eux ravis.


Dans ces conditions, on comprend mal pourquoi si rares sont ceux qui s'y adonnent. Des foules, on en trouve un peu partout : dans les hypermarchés le samedi, lors de matches de foot, les soirs de feux d'artifice, dans les meetings d'EELV, etc. On n'aurait donc que l'embarras du choix pour s'y baigner. Et pourtant... Choisissez un endroit très fréquenté, tentez d'y dire un mot gentil à chacun, d'y serrer des mains, d'y embrasser des enfants (même morveux) et vous verrez que les réactions du public ne seront pas aussi aussi enthousiastes que vous seriez en droit de l'attendre. Il y a une raison à cela : c'est que vous n'êtes probablement pas Président de la République. Il semblerait que seul ce genre de personnages puisse s'y livrer ce qui, dans la France du XXIe siècle, pays des Droits de l'Homme, est tout simplement inadmissible.


On me dira que le citoyen de base n'a pas non plus le droit d'aller s'installer à l' Élysée ou d'utiliser les voitures présidentielles. L'argument ne tient pas. En effet, qui d'entre vous accepterait que, sans y être invité, le président vienne coucher chez vous ou emprunte votre Clio pour partir en week-end ? Le bain de foule constitue donc un véritable PRIVILÈGE. Et c'est inadmissible. D'autant plus que c'est en vain que l'on chercherait dans la constitution de la Ve République un passage où le droit au bain de foule serait nié, voire simplement restreint.

Cela établi, trouver des solutions à ce déni de démocratie ne parait pas simple. On pourrait envisager de confier l'organisation des bains à des sociétés privées mais cela signifierait que seuls les nantis pourraient en bénéficier. De plus, l'enthousiasme de foules stipendiées manquerait de cette spontanéité qui fait tout l'intérêt de l'exercice. Alors que faire ?

Il me semble qu'avant tout une campagne de massive de sensibilisation du public s'imposerait. Car rares sont ceux qui réalisent à quel point le bain de foule constituerait un supplément de bien être. On a bien réussi à convaincre les masses que, privée de bains de mer ou de descentes à ski, leur vie serait bien terne alors, les faire rêver d'acclamations, de serrages de louches et d'embrassades ne devrait pas poser problème.

Resterait bien entendu, à fixer les modalités de mise en œuvre des dits bains. Je proposerais donc que soit organisé, à un niveau restant à déterminer, un tirage au sort parmi les citoyens inscrits sur les listes électorales et à jour de leurs contributions et autres taxes permettant à l'heureux élu de bénéficier d'un bain complet avec foule, ovations, contact manuel et bises enfantines. Nul doute que les gens se rendraient en masse à ces rendez-vous, persuadés qu'un jour viendrait leur tour. Ils jouent bien au Loto...


vendredi 3 août 2018

Fin de travaux

Voici de quoi vous faire une idée de ce à quoi pouvait ressembler ma salle d'eau corrézienne avant que j'en entreprenne la rénovation en septembre 2015 :


Certes, pour qui aime le rose et le style rétro, un léger rafraîchissement eût suffi mais tel n'est pas mon cas et je me mis en devoir de tout y casser puis de la réaménager et de l'équiper de manière plus au goût du jour. Ce fut vite fait et début octobre voici ce à quoi ressemblait l'endroit :



C'était déjà un mieux mais point de vue déco, ça laissait encore à désirer. Le tout étant fonctionnel, je décidai alors de concentrer mes efforts sur la rénovation du reste de la maison et remis en état chambres, cuisine et pièce de vie. Ce fut chose faite l'an dernier aussi décidai-je que le temps était venu de terminer la salle d'eau. Dès le mois de mai, je m'attaquai à l'installation des tasseaux sur lesquels viendraient se poser les lambris PVC qui recouvriraient les murs humides et à effectuer les travaux de peintures et de papietage nécessaires.

En juillet je pus enfin revenir et me mis à installer les lambris ainsi qu'un revêtement de sol et des plinthes. J'ai terminé les dernières retouches de peinture aujourd'hui et voilà le résultat :






J'entends déjà fredi M déclarer que c'était mieux avant. Mais je ne partage pas cet avis.


jeudi 2 août 2018

Quel amateur ce Benalla !

Plus ça ira, moins on parlera de lui. Et c'est de sa faute. C'est bien joli de se hisser en tête des unes de la presse et des sujets d'actualités, seulement, quand on s'embarque sans biscuit vient vite le temps où personne n'a plus rien à se mettre sous la dent...

Que lui reproche-t-on à ce brave garçon ? D'avoir bénéficié d'avantages dont bien d'autres bénéficient à plus ou moins juste titre et surtout d'avoir participé à des opérations de maintien de l'ordre sans mot de ses parents ni autorisation officielle. Une fois qu'on a dit ça, on a à peu près fait le tour de la question. On a bien essayé de ranimer le feu mourant en sortant une nouvelle vidéo sur laquelle on ne voit pas grand chose mais tendant à montrer que non seulement il aurait fait son foufou à la Contrescarpe mais aussi au Jardin des Plantes. Et alors ? Que l'on ait bousculé , deux, quatre ou six gauchos, qu'est-ce que ça change sur le fond ?

Ah, qu'on et loin de la belle affaire Fillon ! Ça c'était de l'affaire ! Un torchon que le monde entier nous envie balançait de nouvelles révélations chaque mercredi, des mois durant ! Y'avait matière à s'intéresser ! Mais là, franchement...

Si on veut qu'une l'affaire dure, il faut du nouveau, du bien choquant, du propre à stimuler la bile des aigris qu'on indigne à merci. Mais rien de tout ça. On ne va quand même pas passer des mois à faire l’exégèse des propos de quelques hauts fonctionnaires dans l'espoir d'y trouver de menues contradictions. C'est trop sophistiqué pour que le populo s'y intéresse, ça lasse...

Non, ce qu'il faudrait à M. Benalla, s'il veut continuer à briller au firmament de l'actualité, c'est de l'inédit. Je ne sais pas moi, il pourrait se faire offrir des slips en soie froufroutante à 10 000 € pièce par un magnat du pétrole, se faire photographier devant une villa de 5000 m2 qu'il aurait acquise à Ramatuelle du temps où il était smicard, casser la gueule à M. Placé lors d'une rixe de poivrots dans un bar à putes de Châteauroux, être poursuivi pour avoir incité Pablo Escobar à se lancer dans le trafic de narcotiques... Mais non, rien de tout ça. Et on s'étonne que ça fasse pschitt !

Parce qu'il faut bien voir les choses : à la fois démarreur et fusible dans une affaire visant à affaiblir le président, tout ce qu'aura gagné M. Benalla c'est de perdre son fromage et de risquer de devenir difficilement employable.

mercredi 1 août 2018

Certains s'ennuient dans la vie...

A leurs yeux, l'existence n'est qu'une longue et monotone suite d'événements prévisibles autant qu'inintéressants. Ils n'ont pas ma chance, ou plus précisément, ils n'ont pas celle de connaître ma banque et mon notaire.

Ma banque, pour ne pas la nommer, est un établissement coopératif et mutualiste ayant pour cœur de cible l'agriculture. Du fait de son implantation dans les milieux ruraux, elle draine cependant une clientèle dont les connexions avec le monde agricole sont anecdotiques. C'est mon cas. Mais venons-en aux faits.

Tout commença en début décembre de l'an dernier. Lassé, quand elles n'étaient pas nimbées de brouillard, de voir tomber la pluie sur les collines, je décidai d'aller voir si la regarder tomber sur les rues du gros bourg voisin ne serait pas plus agréable. Je me mis donc en quête d'une nouvelle maison. La deuxième que je visitai emporta mes suffrages. Ainsi commença une aventure qui ne prit fin, du moins je l'espère qu'hier. Presque huit mois plus tard.

Afin de financer partiellement ma nouvelle acquisition, je décidai d'avoir recours à un prêt relais. Ma bonne banquière me demanda donc une estimation notariale de mon bien d'alors. Je me rendis à l'étude afin d'y prendre rendez-vous. Hélas, le notaire étant débordé ne pouvait me rendre ce service avant que deux semaines de congés de fin d'année n'arrivent. C'est donc un mois plus tard que l'évaluation eut lieu. En y ajoutant le délai de rédaction du rapport, la date de signature inscrite sur le compromis commençait donc à paraître problématique. Mais ce n'était qu'un début...

Lors du dépôt de ma demande de prêt, il fallut remplir un questionnaire de santé en vue d'être assuré. L'historique de mes problèmes cardiaques y fut donc retracé et le dossier envoyé. Quelque temps après un courrier vint m'apprendre que ma demande d'assurance avait été rejetée en première instance. Mais un espoir subsistait car il existait des recours. On pouvait être accepté au deuxième ou au troisième niveau de la commission . Évidemment, cela entraînait des délais. La date de signature fut donc repoussée sine die. La commission persista dans son refus et finalement, tous les recours ayant été épuisés, mon cas me sembla désespéré. Ma conseillère m'indiqua que la banque faisait en des cas semblables appel à des courtiers et s'engagea à me mettre en contact avec eux. Je reçus un peu plus tard des documents à remplir mais il y apparaissait que l'obtention de l'assurance était soumise à l'accord de cette même commission qui avait rejeté ma demande. Je ne voyais pas tellement l'intérêt de renouveler cet échec, sans compter que les tarifs d'assurance proposés étaient prohibitifs. L'agent immobilier en charge de mon achat s'impatientait, comme la vendeuse du bien. Il me proposa de passer par son courtier. Je rencontrai la personne, mais elle ne trouva pas de solution.

Des mois avaient passé et lassé, je me résignai à voir la vente annulée, ce qui posait problème vu qu'entre temps un acheteur avait signé un compromis pour l'achat de ma maison. Pour en avoir le cœur net, je pris rendez-vous à la banque et là ma conseillère m'apprit qu'il était possible d'obtenir un prêt SANS assurance. La demande en fut faite et acceptée. Début juin, la vente fut enfin signée. L'important n'était-il pas d'enfin aboutir même si ça avait pris 6 mois ?

Mon client ayant obtenu son prêt, je me hâtai de déménager et de mettre maison et terrain au top. J'atteignis le 10 juillet, jour de la vente, dans un état semi-comateux et décidai dès le lendemain de prendre la route de la Corrèze où ma fille et son ami devaient venir passer le week-end du 14 juillet. Je croyais y trouver la paix mais, alors que je faisais une sieste réparatrice, le téléphone sonna.

C'était ma directrice d'agence bancaire qui, sur un ton peu amène, m'annonça que le notaire ne pouvait virer les fonds de ma vente, vu que la maison était hypothéquée. J'avoue que la nouvelle me parut, dans mon demi-sommeil, incroyable. Elle me parla d'un prêt d'une quarantaine de milliers d'euros ainsi garantis et c'est tout juste si elle ne me traita pas d'escroc. Je le pris très mal, lui demandai des précisions et lui dit que je la rappellerais après avoir regardé mes comptes. Je pus constater qu'en 2011, j'avais bel et bien soldé ce crédit et pris donc contact avec mon ancienne caisse afin d'en savoir plus sur cette affaire. L'employée qui me répondit me promit de me rappeler une fois qu'elle aurait obtenu des précisions du siège. Quelque temps après, nouvel appel : ma banquière, ayant pris contact avec le siège de mon ancienne caisse, s'était vu confirmer que l'emprunt en question avait bien été remboursé mais que l'hypothèque l'accompagnant n'avait jamais été levée, personne ne m'ayant à l'époque parlé de ce détail. Après que je lui eus vertement signalé mon mécontentement concernant la manière dont elle m'avait parlé, elle me dit avoir envoyé au notaire, seul habilité à le faire, un mail lui demandant d'opérer la levée de l'hypothèque et m'en fis parvenir la copie. Moins d'une semaine plus tard je reçus la partie des fonds me restant après remboursement du prêt relais. Pour moi tout était bien qui finissait bien. Sauf que...

Hier midi, le téléphone sonna. C'était ma chère banquière qui me demanda de régler mon prêt à court terme. Ne comprenant pas pourquoi elle me proposait cette action et pensant qu'elle me parlait du crédit de ma voiture, je lui dis que ce n'était pas dans mon intention, que j'envisageais plutôt de solder le crédit de ma maison de Corrèze mais que de ça non plus je n'étais pas sûr... C'est alors qu'une nouvelle fois je sentis le sol se dérober sous mes pas : elle me déclara vouloir rembourser mon crédit relais avec les fonds de mon compte courant. J'hallucinai. Je lui expliquai que le notaire ne m'avait viré que le reliquat de la vente et que je ne comptais nullement payer deux fois mon emprunt. Je lui demandai de vérifier mes dires sur mes comptes et sur ceux de la banque, trouvant curieux qu'on ait pu lui virer 40 000 € sans qu'elle s'en aperçoive. Après vérification, elle constata que le notaire avait bel et bien viré la somme sur un compte provisoire sans l'en prévenir et qu'elle s'employait donc à régulariser le tout. Quand je lui signalai que grâce à cela j'aurai continué de payer des intérêts sur une somme depuis une quinzaine de jours remboursée, elle m'annonça un geste commercial qu'elle fit. Ainsi semble s'être terminée l'aventure à moins que banquière et notaire ne me mitonnent de nouvelles surprises...

Comme quoi les banquiers négligents et les notaires ne faisant pas les vérifications élémentaires font le sel de la vie.