..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

dimanche 19 mars 2017

Pour en finir avec les individus

Tous les crimes qui nous indignent sont le fait d'individus. Ils pillent, violent, saccagent, tuent, incendient, posent des bombes et commettent toutes sortes d'actions répréhensibles. Ce qui n'est pas bien, mais alors pas bien du tout ! Il semble cependant que la société soit désarmée face à ces nuisibles. Et pourquoi, s'il vous plaît ? Parce que l'individu n'est identifié comme tel qu'après qu'il a commis son forfait ! Comme si avant il n'en était pas un. Comme si c'était le crime qui faisait l'individu et non l'inverse. Il faut que ça cesse ! Il faut neutraliser l'individu avant qu'il ne nuise.

Facile à dire me rétorqueront les sceptiques. Je n'ai pas de temps à perdre avec de tristes sires qui ne savent que douter. Il y a toujours une solution. Je préconiserais que l'on examine sous toutes les coutures les individus que l'on capture et que de ces observations on isole le ou les points qu'ils ont en commun. Partagent-ils une odeur spécifique, des traits physique, une façon de marcher, une propension à se promener avec une Kalachnikov en bandoulière, à retenir leur pantalon par des ceintures explosives ? L'étude scientifique nous le fera connaître. 

Une fois déterminé le ou les aspects spécifiques à l'individu, ne restera plus qu'à former des individuologues capables de les identifier sans coup férir. Si l'odeur fait partie des caractéristiques de ces tristes personnages, on pourrait dresser des chiens à les repérer comme on le fait dans la lutte contre le trafic de drogue. Une fois l'individu détecté, les forces de l'ordre l'arrêtent, le conduisent dans un centre de détention où il finira ses jours en cellule individuelle afin d'éviter qu'il ne nuise aux autres détenus.

Débarrassée de ces éléments perturbateurs la société deviendra ce qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être : un havre de paix et d'harmonie. Des esprits chagrins diront qu'il est inadmissible de priver de liberté une personne qui n'a rien fait de mal. Peut-être pensent-ils que mieux vaut tenter de guérir (avec un succès souvent relatif) plutôt que prévenir ?

mardi 14 mars 2017

Demain, dès l'aube...

Eh oui, après plus de trois mois et demi d'absence et sauf accident (mortel ou mécanique) demain je retrouverai la verte Corrèze. J'attendais pour ce faire d'avoir rencontré mon cardiologue afin qu'il me confirme le succès de mon intervention. Ce fut chose faite hier. Le brave homme fut d'une grande jovialité et non revêche comme lors de notre rencontre de janvier. « Souvent cardiologue varie, bien fol qui s'y fie » aurait pu écrire au diamant sur une fenêtre de Chambord le bon roi François...

Or donc, je m'apprête à passer une quinzaine de jours auprès des Monédières. Contrairement à l'an passé, où j'avais fait l'erreur d'y séjourner plus d'un mois d'affilée et ainsi de retrouver le terrain des collines transformé en jungle, j'alternerai de courts séjours dans mes humbles demeures ce qui me permettra d'entretenir mon potager normand et mon terrain limousin sans trop de problèmes.

Ce n'est pas sans une certaine angoisse que je partirai : on sait ce que l'on quitte, on ne sait pas ce qu'on retrouve... La maison, malgré un maintien du chauffage en hors-gel sera-t-elle très humide ? Les herbe, grâce à une arrivée précoce du printemps auront-elles envahi le terrain ? Le ballon d'eau-chaude aura-t-il résisté aux fortes gelées ? Je serai bien vite fixé sur ces questions capitales...

Me reste à charger mon vieux break des outils, autre objets et victuailles indispensables avec la crainte d'en oublier. C'est à ça que je consacrerai cette dernière journée manchoise.

M'attend un programme chargé : dépapieter la cuisine, peindre tours de fenêtres et plinthes avant de papieter la salle, installer une prise de courant sur l'ilôt central, peindre les éléments et le vieux buffet, préparer le terrain pour y monter l'abri de jardin, etc. Programme comme toujours trop ambitieux et dont les priorités seront soumises au temps qu'il fera. Quoi qu'il en soit, je ne manquerai pas d'ouvrage et l'ennui perdra son temps à me guetter.

Il se peut qu'en conséquence le blog en pâtisse. A moins que, dans un sursaut de raison, je ne m'accorde quelques pauses me permettant d'écrire un peu...

samedi 11 mars 2017

L'illusion Macron

Si on en croit les divers sondages, en ajoutant les intentions de vote pour MM Macron, Hamon et Mélenchon, on obtient un total de 50 à 52%. Traditionnellement à droite, la France est maintenant de gauche ! De l'inoui ! On peut donc féliciter M. Hollande pour son exploit : en 2012, au premier tour, la gauche n'avait recueilli en additionnant les scores de ses 5 candidats que 43,75% des suffrages exprimés ! Ainsi grâce à sa sage administration et aux succès retentissants de sa politique le futur ex-président l'aurait fait progresser de plus de 6 à 8 % en moins de cinq ans.

A moins, évidemment qu'il soit abusif de rattacher M. Macron à la gauche. Que serait-il alors ? Centriste ? On a du mal à la croire quand on voit le nombre de vieux socialos et de communistes repentis qui le soutiennent. A-t-on déjà vu de tels personnages rejoindre un centriste ? En dehors de M. Bayrou pour qui se rallier à la gauche devient une tradition, on voit bien peu de centristes ou de gens de droite le rejoindre. Il s'est déclaré de droite ET de gauche, NI de droite NI de gauche, et encore moins du centre. Il aimerait bien se situer nulle part. Seulement, est-ce un positionnement que l'on peut occuper longtemps quand le ban et l'arrière-ban de la Socialie Hollandiste se hâtent de vous rejoindre pour des raisons dont on peut soupçonner les arrière-pensées électorales ? L'électeur peu politisé, séduit par un gadget politique présenté comme nouveau, ne finira-t-il pas par s'apercevoir qu'on essaye en fait de lui refourguer l'équipe discréditée de M. Hollande sous un emballage nouveau ? Dans ce cas, continuera-t-il à être séduit ?

Tous ces sondages, se font dans un climat d'indécision. Si l'on calcule les scores en nombre d'électeurs certains de leur vote, M. Fillon demeure mieux placé que l'ex-ministre de l'économie. Reste à savoir si ces personnes résolues le demeureront, si le quasi-passage en tête de ce dernier s’avérera procéder de la prophétie autoréalisatrice ou si le soufflé retombera. Les media ont su, par le biais de l' « affaire » Fillon, retarder le début de la campagne. Il faudra cependant bien qu'elle commence un jour, qu'on organise des débats. Inexpérience et sourire niais suffiront-ils à conforter les intentions ? Les électeurs choisiront-ils un candidat qui, élu , engagerait MM. Poutine ou Trump à « penser printemps »* ? De nouveaux ralliements socialistes feront-ils prendre conscience au bon peuple de la vraie nature du phénomène Macron ? Souhaitons, tout en déplorant qu'elle ait pris naissance, que l'illusion se dissipe car cet olibrius ne saurait que repousser les limites du ridicule que nous pensions avoir atteintes avec l'actuel président.

*A ceux qui ne sauraient pas en quoi ça consiste, cette vidéo devrait être utile : 




vendredi 10 mars 2017

Des vieux cons

C'est une évidence : les vieux sont souvent si cons que traiter quelqu'un de « vieux con » est un quasi-pléonasme. Vieux suffirait. Et pourquoi sont-ils cons ? D'abord parce que la réalité du monde d'aujourd'hui leur est étrangère. Ils vivent en fonction d'un passé largement fantasmé où tout était mieux. On les envoyait passer leurs vingt ans en Kabylie, au frais de la princesse ! Ils vivaient souvent dans des logements dont le relatif inconfort était compensé par une exiguïté de bon aloi. Ils pouvaient commencer à travailler à quatorze ans. Seule une minorité connaissait les joies d'un enseignement secondaire où régnait une certaine discipline. Leur jeunesse manquait d'embouteillages. Ils n'avaient pas toujours une voiture et celles qu'ils possédaient parfois tombaient en panne avec régularité, étaient mal équipées, et un mauvais réseau routier leur permettait de s'adonner sans retenue aux joies de la collision frontale. Oh, il y avait bien un peu de violence : les instits avaient volontiers la main leste, les parents aussi, les bandes de blousons noirs s'affrontaient à coups de chaînes de vélo, on cassait les fauteuils à L'Olympia, mais tout ça avec bonhomie. Au service on touchait des Gauloises Troupes, gratos et on s'initiait aux cuites à la bière sous l’œil bienveillant de sous-offs aguerris dans les campagnes coloniales voire lors de la Deuxième Guerre Mondiale . Pas de Rap, juste un peu de Rock'n Roll. Pas de net, pas de porno, pas de twits, pas de portables, peu de téléphones, une seule chaîne de télé. Pas de pilule : on se mariait souvent pour avoir « fêté Pâques avant les Rameaux ». Dans ces conditions et bien d'autres, comment auraient-ils pu devenir autre chose que des cons ?

Curieusement, ces vieux idiots gardent parfois de leur jeunesse un souvenir agréable et y voient, en dépit de moult contraintes, un temps de liberté. Si les personnes chargées de maintenir l'ordre public voire moral avaient alors de l'autorité, le nombre de règlements qu'elles avaient à faire respecter était bien moindre. On roulait à la vitesse qu'on voulait, on fumait partout, on pouvait sortir les conneries qu'on voulait sans tomber sous le coup de la loi, l'école tentait d'instruire et non d'éduquer, ce qui évitait que chacun ait un petit flic dans sa tête. Depuis les années soixante-soixante-dix, les réglementations ont poussé partout comme champignons sous l'ondée, et cela pour notre plus grand bien. On vit dans une société sécuritaire où notre santé, notre comportement, nos idées, notre expression, notre conduite, notre alimentation, sont surveillés de si près que malgré toutes les nouvelles libertés récemment acquises on a parfois comme un sentiment d'oppression. Surtout qu'on constate que parallèlement à la montée en puissance des moutons civiques on assiste à l'émergence d'un nombre croissant de déviants qui, par ignorance ou mépris des innombrables règles qui régissent le comportement dit citoyen, se comportent en quasi-barbares. D'où une certaine confusion : tandis qu'apparaissent des libertés se multiplient les contraintes ; quand tout est fait pour que nos vies se passent sans à-coups ni dangers l'insécurité monte ; quand la société est censé tendre à l'apaisement, se répand l'anarchie... Au nom de généreuses intentions, on voit des moutons voler au secours des loups et des égorgeurs.

C'est du moins ce que pensent certains vieux et même certains jeunes, vieux dès la naissance, si on en croit les dires d'autres jeunes et des vieux qui ont su rester jeunes d'esprit. Car cette dernière catégorie existe bien. La seule chose qu'on pourrait lui reprocher serait de ne voir de la réalité actuelle que ce qui est, à leurs yeux, positif et d'en nier les déplorables effets secondaires. Ce qui, d'un certain point de vue en fait une autre espèce de cons.


jeudi 9 mars 2017

La Semaine du Poisson Rouge

L'être humain aime à s'éprendre de causes, en général nobles. Le problème est que, parfois, il se trompe et que son choix s'avère moins judicieux qu'il ne pensait. Nous n'en donnerons pas d'exemple, vous laissant faire votre choix parmi les myriades de causes qui au fil de l'histoire se sont montrées décevantes. Toutefois, il faut bien reconnaître que sans cause à défendre une vie est bien morne. Il est donc primordial de s'en trouver une, de préférence indiscutable.

Après de longues années de réflexions, de tergiversations, et, reconnaissons-le, d'erreurs j'ai trouvé la mienne : je vais désormais militer en faveur de la Semaine du Poisson Rouge. 

Pas plus tard qu'hier, nous célébrions, avec toute la ferveur due, la Journée des Droits des Femmes. Mais pour une journée aussi insigne, combien de journées dédiées à telle ou telle catégorie passent totalement inaperçues ? Qui entre vous, sans consulter Google, pourrait m'indiquer quand tombe celle des Vieillards Libidineux ou des Agriculteurs Surendettés ? Bien peu, j'en ai peur ! Et cela pour une simple raison : une journée, quel que soit l'intérêt du sujet auquel on la consacre ne compte que vingt-quatre heures dont la plupart sont consacrées à des activités qui nous détournent de son thème (Travail, transports, libations, repas, sommeil, etc.). 

Si on veut marquer le coup, c'est une semaine dont on a besoin. J'entends déjà des protestations s'élever : vous divisez les causes par sept ! Combien de causes justes et tout à fait honorables vont passer à la trappe ? En effet, j'élague. Mais y a-t-il vraiment tant de causes qui méritent autant une journée que le poisson rouge sa semaine ?

Les vertus du poisson rouge sont nombreuses : jamais un mot plus haut que l'autre ; vous verrait-il accomplir quelque crime, vous pouvez compter sur lui pour demeurer muet comme une tombe face aux questions de la police ; vous pouvez l'amener partout : rares sont les musées, monuments ou magasins qui bannissent son entrée ; de mémoire d'homme on n'a jamais vu un poisson rouge attaquer un enfant ou un facteur et leur infliger de graves voire mortelles blessures ; il se nourrit d'un rien ; ses déjections sont discrètes ; à la différence du chat, du chien, de l'oiseau ou du rhinocéros, il vit très bien dans un bocal et sait s'en contenter ; il est d'une compagnie agréable car il distrait sans envahir ; il apporte une agréable touche de couleur dans tous les intérieurs ; la seule tristesse qu'il nous inflige, c'est sa disparition qu'il fait discrète ; bref la liste de ses qualités est infinie.

Qu'obtient cet enchanteur de nos vies en retour ? Peu de choses. Ce ne sont pas des photos de ses petits (pourtant mignons) que l'on voit par millions sur Facebook, Qui chante sa noblesse, son dévouement, sa parfaite discrétion, sa bonté, sa propreté, son pacifisme, sa frugalité et ses innombrables vertus ? Personne ! Il est temps que cela cesse ! Une semaine par an ne saura jamais compenser des siècles d'indifférence mais constituera un premier pas dans la bonne direction.

D'abord il serait indispensable que cette semaine soit déclarée fériée afin que tous puissent participer. Maintenant, en quoi les manifestations qui l'animeraient pourraient-elles au juste consister ? J'avoue, n'étant pas moi-même grand amateur de rassemblements festifs, mon incapacité à les définir. Je recommanderais cependant que des ballons illustrés de poissons soit lâchés, qu'on allume des bougies, qu'on organise des nages orange (la marche étant inappropriée) qu'on élise une Miss Poiscaille (obligatoirement rousse) mais tout cela est bien banal et je ne ne doute pas un instant que les cerveaux imaginatifs de nos élites sauront trouver bien d'autres idées propres à rendre mémorables ces sept jours de liesse et à pousser chacun de nous à faire poisson rouge .

L'idée est lancée. Reste à la voir se concrétiser. En cette période électorale, nul doute qu'elle sera reprise par les candidats épris de justice, ce qu'ils sont tous.

Vive le Poisson Rouge ! Vive la France !

mardi 7 mars 2017

(Im)Pures spéculations

Turlupiné je suis. Et voici pourquoi : imaginons qu'un juge de gauche décide, pour des raisons partisanes, d'ouvrir une enquête préliminaire suite à des allégations d'un organe de presse. Qu'ensuite des juges d'instruction soient nommés afin de procéder à l'ouverture d'une information judiciaire pouvant mener à une mise en examen. Supposons qu'une des personnes en question soit le candidat de la droite à la magistrature suprême.

Bien sûr, il s'agit ici de pure spéculation car tout le monde sait qu'un juge ne saurait être partisan, que seuls le respect et l'amour de l'équité le guident, du moins en France. Mais ne peut-on pas envisager que dans des démocraties moins éprises de vertu que la nôtre de telles choses se produisent ? Que devrait faire le mis en cause ? Proclamer une foi aussi entière que sincère en la justice de son pays ? Accepter avec le sourire les poursuites dont il est l'objet ? En cas de réponse affirmative à ces questions, quelles pourraient être les motivations qui pousseraient l'innocente victime à accepter d'injustes poursuites, si ce n'est que juste ou inique la justice est intouchable, insoupçonnable et ipso facto possède un pouvoir de nuisance absolu et incontestable ?

Puisque nous en sommes à envisager l'improbable, voire l'impossible, on pourrait imaginer que les media aux mains de groupes hostiles à cet éventuel candidat décident de donner à cette pseudo-affaire, un retentissement immense au point qu'elle occupe l'essentiel de leur temps d'antenne (hors publicité, bien sûr) et que ce qu'ils en disent ne respecte que marginalement la présomption d'innocence. Vous me direz que mon esprit bat la campagne, que de tels agissements sont inconcevables dans notre démocratie et je ne pourrai que vous approuver. J'imagine simplement que , dans un pays où les media auraient d'autres préoccupations que celle de fournir une information objective (ça s'est, hélas parfois produit), de tels errements seraient concevables. Face aux torrents de boue qu'on déverse sur lui et ses proches, que devrait faire l'intéressé ? Proclamer une foi aussi entière que sincère en l'objectivité des media de son pays ? Accepter avec le sourire les libelles dont on l'accable ? En cas de réponse affirmative à ces questions, quelles pourraient être les motivations qui pousseraient l'innocente victime à accepter d'injustes attaques à son honneur, si ce n'est qu'objectifs ou frénétiquement partisans les media sont intouchables, insoupçonnables et ipso facto possèdent un pouvoir de nuisance absolu et incontestable ?

Imaginons, puisque nous en sommes à envisager l'improbable, voire l'impossible que, la personne mise en cause n'adopte pas l'attitude soumise qui sied vis à vis de ces incontestables pouvoirs. Ne serait-ce pas scandaleux ? Ceux qui naguère soutenaient ce voyou, ne seraient-ils pas en droit de lui reprocher une dérive cryptofasciste ? Bien sur que oui, mais de mauvais esprits, comme il en existe hélas, pourraient penser que leurs vertueuses réactions seraient dues à la crainte que leur inspirent ces pouvoirs en lesquels ils n'ont pas plus de foi que le peuple dit en avoir ?

Heureusement, ces remarques échevelées ne sauraient se rapporter à une (des) affaire (s) ayant récemment agité notre pays.

dimanche 5 mars 2017

Heureux !

Il arrive que je me demande pourquoi je m'agite, pourquoi je prends parti alors que je suis heureux. Attention cependant : pas béatement. Juste aussi heureux que je suis capable de l'être. Comme tout le monde, en somme. Certains baignent dans une joie optimiste et permanente, certains connaissent les tréfonds de la dépression. Chacun fait avec sa capacité au bonheur. Comme toute chose, celle-ci est inégalement répartie. Je ne sais pas si la mienne est supérieure, inférieure ou égale à la moyenne et, disons-le tout net, je m'en fous. Toujours est-il que je suis heureux.

Il faut reconnaître que j'ai pour ça de nombreuses raisons : par exemple, je suis pratiquement libre de toutes contraintes : pas d'horaires, pas d'obligations sociales, pas de promiscuité imposée. Et cela depuis bientôt six ans ! J'étais fait pour être rentier et je le suis enfin ! Je jouis d'une certaine aisance c'est à dire que mes modestes moyens correspondent à mes modestes besoins. Je suis exempt d'envie et de vraies colères. Je sais occuper mon temps de diverses manières et en tirer satisfaction. Ma santé pourrait être meilleure mais également bien pire. Elle me permet de faire ce qui me plaît et c'est l'essentiel. J'aurais du mal à gravir le Ventoux à vélo ou à skier sur ses pentes mais vu que je n'aime pas plus le vélo que le ski ou tout autre sport, pourquoi m'en plaindrais-je ? Je suis souvent seul. Ça tombe bien, j'aime la solitude. Je vis dans des lieux retirés et paisibles, loin de la course des rats et de son bruit. Un rien m'amuse. Tout un tas d'infimes satisfactions me sont offertes par la vie. Faire une liste complète de mes raisons d'être heureux serait bien fastidieux et je ne suis pas d'humeur à m'ennuyer avec une tâche aussi vaine...

Je suis d'autant plus heureux que je ne l'ai pas toujours été. Rien de plus normal : toutes les conditions n'étaient pas réunies pour que je le sois. J'ai connu, des hauts, des bas, de grosses emmerdes, de grandes joies.  Tout ça nuit à la sérénité. Après deux tiers de siècle, je l'ai atteinte. Que demander de plus, sinon que ça continue un peu ?

C'est pour tout cela qu'il m'arrive de me demander pourquoi je m'intéresse à la politique. Il se peut que ce ne soit qu'un hobby comme un autre. Car même si, à mon sens, la civilisation occidentale est poussée à la folie par des imbéciles qui se croient généreux et de nuisibles idiots prétendument progressistes, cela n'affecte que très peu ma vie et, sauf cataclysme, il est peu probable que ça vienne jamais l'affecter. Peut-être qu'en plus d'être un passe-temps, cet intérêt naît de l'agacement que provoque en moi l’œuvre de destruction systématique poursuivie par certains en un temps où sans leur haine nous aurions enfin tout pour être heureux ? Une chose est certaine : ce n'est pas l'intérêt personnel qui m'y pousse. Ma vie est faite, sa fin plus proche que son début, et mon sort me convient.