..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

samedi 18 juin 2016

Restauration et homogénéité architecturale

Jean a un couteau. De temps à autre la lame s'use et il la change. Quand le manche est HS, il en met un autre. Mais ça demeure le couteau de Jean. Supposons qu'il ne se donne pas la peine de le réparer, qu'arrivera-t-il ? Viendra un jour où manche et lame seront en un tel état que Jean n'aura d'autre choix que de jeter son couteau et d'en acheter un autre. Ce sera le nouveau couteau de Jean et l'ancien ne sera plus qu'un souvenir.

Ça y est : le père Étienne est complètement gâteux. Il nous raconte une histoire sans plus d'intérêt que de rapport avec le titre de son billet. A moins qu'il ne s'agisse d'une métaphore. Ceux qui auront choisi la deuxième hypothèse ont raison. Cette histoire de couteau illustre ma manière de considérer la restauration ou l'entretien des maisons ou des objets.

Beaucoup sont d'avis qu'il faudrait laisser bâtiments ou meubles « dans leur jus ». Ce serait « authentique ». Comme si le buffet de l'arrière grand mère avait été confectionné en bois vermoulu ! Comme si cette maison multicentenaire avait été construite en pierre érodée. Comme si le respect consistait soit à laisser les choses aller vers leur perte où à arrêter leur décrépitude à un instant I.

Je vois les choses différemment et il me semble que ce respect de l'usure des temps est un signe de plus de la haine que se porte notre époque. Si nos ancêtres avaient eu la même attitude que nous resterait-il comme monuments ? Des tas de pierres dans le meilleur des cas. Si Viollet-le-duc avait montré le même respect sourcilleux, à quoi ressembleraient, entre autres, Notre-Dame de Paris, Carcassonne ou la Sainte-Chapelle ?

De même nos aïeux n'hésitaient pas à accoler des constructions modernes aux bâtiments anciens ou à continuer un même édifice dans un style différent. Les clochers dissemblables de Chartres en témoignent. À mon sens, construire des immeubles modernes dans des îlots anciens n'a rien de choquant. Vouloir figer un quartier dans le temps, est une erreur. Toutefois les ajouts contemporains se devraient d'être de qualité.

Cela dit, je vais aller tondre la pelouse car après-demain je retourne en Corrèze.

jeudi 16 juin 2016

De la belle ouvrage !

Comme il a fait beau et que j'ai pu repeindre les portes du garage, celle de la cabane et le portillon du jardin, comme j'ai également eu le temps d'enfin planter mes dahlias, cela mérite une petite récompense. Étant d'un naturel altruiste, ce cadeau c'est à vous que je le fais. Je ne sais si vous l'apprécierez, mais ne dit-on pas que c'est l'intention qui compte ?

Cette chanson me trotte dans la tête depuis plusieurs semaines. Plus je me la remémore, plus je la fredonne (je suis un grand fredonneur devant l'Éternel (et même en son absence)), plus je lui trouve de qualités. C'est comme un petit film, tout plein de pudeur, de délicatesse, d'élégance, d'émotion. Ça change des raps et autres musiques anglo-saxonnes qui font aujourd'hui florès. Il faut dire qu'elle date du XVIIIe siècle qui connut l'apogée d'une civilisation française révolue même s'il finit bien mal. 

Mais trêve de bavardages, place à la chanson :

mercredi 15 juin 2016

Philosophons un peu

Les sujets des épreuves de philosophie du baccalauréat 2016 nous ont été révélés. Comme toujours, ils posent les question que tout honnête homme du XXIe siècle ne manque de se poser, surtout les lendemains de fête. S'interroger, c'est bien, répondre c'est encore plus bien. Je vais donc traiter, de manière succincte (car avec l'âge vient le goût de la concision), l'ensemble de ces sujets, n'excluant de ma réflexion que les commentaires de texte car l'exercice suppose leur lecture et celle-ci me fatigue.


Nos convictions morales sont-elles fondées sur l'expérience ?

Pas forcément.

Le désir est-il par nature illimité ?

Non, avec l'âge, il tend bougrement à s'émousser.

Savons-nous toujours ce que nous désirons ?

Non, surtout quand le menu du resto chinois est mal traduit.

Pourquoi avons-nous intérêt à étudier l'Histoire ?

Parce qu'avec la note qu'on va se ramasser en philo, ça s'impose.

Travailler moins, est-ce vivre mieux ?

Tout dépend du niveau de flemmardise de l'intéressé.

Faut-il démontrer pour savoir ?

En fait, c'est tout le contraire ! Un gars qui vous ferait une démonstration d'appareil sans savoir comment il fonctionne aurait plus l'air d'un con que d'un archevêque.

Pour être juste, suffit-il d'obéir aux lois ?

Non, car un pantalon peut ne pas être juste tout en étant parfaitement légal.

Pouvons-nous toujours justifier nos croyances ?

Non.

lundi 13 juin 2016

Retour de noces

Eh oui, malgré le peu d'envie que ça m'inspire, il m'arrive d'assister à des baptêmes, communions et autres mariages. S'il m'est facile d'éviter ceux de ma famille qui me sait ours et qui s'y est habituée, mon âme généreuse m'interdit de peiner ma compagne en la laissant s'y rendre seule. Bien entendu, c'est avec un enthousiasme mesuré que je me prépare à l'épreuve. Ce qui n'est pas sans avantages : m'attendant au pire, je suis à l'abri de toute déception. Je dois même reconnaître que ça se passe toujours bien mieux que je ne le redoute. Or donc, je fus de la noce.

Le fils de ma compagne, après vingt cinq années de réflexion et deux enfants déjà bien grands convolait en justes noces avec l'élue de son cœur. Décision qui bien qu'un rien hâtive n'en était pas moins sage. Les invités étaient cordiaux, la nourriture et les vins aussi savoureux que généreusement servis. Bref, je terminai la soirée un peu las mais bien content. Entre autres rencontres, je fis la connaissance de Jean-marc, le père de la mariée. Un homme charmant et plein d'humour qui, simulant la colère, reprocha avec une feinte amertume au père de son gendre d'avoir négligé de lui offrir quelques chameaux, bœufs et moutons comme il eût convenu qu'il le fît avant qu'il ne lui accordât la main de sa fille.

La Normandie est terre de mystère et de coutumes étranges, cependant celle d'offrir une dot au père de la mariée ne fait pas partie de ses bizarreries. Il faut dire que cette comédie trouvait sa source comme son sel dans le fait que Jean-Marc, de son vrai prénom Ousmane, est d'origine malienne et qu'arrivé en France, il a trouvé chaussure à son pied en la personne d'une belle Normande qui lui offrit quatre enfant avant de disparaître prématurément, lui en laissant la charge qu'il assuma. Amateur entre autres de whisky et de pêche, infirmier de profession, il joua avec succès la carte de l'assimilation. Portant des prénoms chrétiens, ses enfants suivirent sa voie et pour déceler chez ses petits enfants des traces d'africanité, il faudrait un œil bien exercé.

Bien entendu, parvenir à ce niveau d'assimilation demande de la part de l'immigré bien des renoncements. D'un autre côté, si l'on choisit de couper ses racines, de choisir une autre terre pour y mieux vivre, il paraît logique que ce n'est pas pour s'y installer dans la nostalgie morbide d'une patrie idéale de plus en plus fantasmée à mesure que s'écoule le temps. Émigrer devrait résulter d'un choix et non d'un simple rêve de prospérité matérielle.

Une de ses filles à qui je m'ouvris de l'admiration que je ressentais fasse à cette réussite me dit qu'en fait, tous les immigrés de sa génération étaient ainsi. Ayant rencontré ou oui parler de plusieurs cas similaires, je le crois.

Qu'est-ce donc qui fait qu'aujourd'hui l'assimilation semble devenue si difficile pour certains ? Ne serait-ce pas dû à un trop grand afflux d'allogènes qui, du fait de leur nombre, ne se trouvent pas contraints de se noyer dans la masse des « Français de souche » et sont en mesure de se constituer en « communautés » ? Cela n'est-il pas dû également au ralentissement de la croissance économique qui laisse sur le carreau les moins armés ? L'idéologie communautariste venue des USA où on l'a préférée au mythe du « melting pot » n'y jouerait-il pas un rôle ? Les courants fondamentalistes qui parcourent l'Islam compliqueraient-ils les choses ?

Quelles qu'en soient les multiples causes et leurs interactions, je pense et continuerai de penser que l'assimilation est la seule solution capable d'éviter que ne se produisent des conflits plus ou moins graves entre des « communautés » soi-disant parfaitement « intégrées ».

Avec Jean-marc, on s'est quittés en se promettant de boire quelques canons ensemble. En aurons-nous jamais l'occasion ? Moi, j'aimerais bien.

mercredi 8 juin 2016

Déshabiller Pierre pour habiller Paul ?

On quitte la Corrèze content de soi après avoir peint volets et porte, taillé les haies, offert à l'évier le mitigeur qu'il méritait et après 8 h de route voilà ce qu'on découvre :








Un jardin et un potager retournés à la sauvagerie !

Et on se prend à penser qu'on est en train de déshabiller Pierre pour habiller Paul puisque les améliorations obtenues d'un côté se payent par la détérioration de l'autre. Pourtant ce n'est pas si simple. D'une part, jardin et potager retrouveront bien vite leur aspect de naguère et puis ce qui est en jeu est bien plus important que les conséquences que ça entraîne. Pour moi, retaper la maison du Lonzac est un défi et les défis sont, ont été et seront aussi longtemps que la vie me le permettra mon moteur et son carburant. A soixante-cinq ans se lancer dans un pareil chantier peut paraître déraisonnable à certains. Seulement c'est aussi et surtout un pied de nez adressé à l'inéluctable vieillissement. C'est un acte de foi en soi et en la vie. C'est refuser d'anticiper une éventuelle déchéance en se ménageant. Je n'ai jamais été prudent, pourquoi le deviendrais-je maintenant ?

Il n'empêche que cette saison, les récoltes potagères sont bien compromises : j'ai très peu semé ou planté. Qu'importe ? Ce qui est en cause est l'organisation de mon temps : en fait, partir pour un mois ou plus est une erreur : mes séjours dans l'un et l'autre de mes lieux de résidence devraient être plus courts de manière à éviter les désagréables surprises des retours en périodes de croissance végétale, c'est tout. Ce qui implique de nombreux voyages. Or il se trouve que dans sa grande générosité le Royaume Uni vient de m'attribuer une retraite bien supérieure à celle que j'escomptais. Je pourrai donc sans mettre en péril mon fragile équilibre financier voyager davantage ou éventuellement rétribuer une entreprise effectuant l'entretien de l'un ou l'autre lieu. 

Elle est pas belle, la vie ?

vendredi 3 juin 2016

Manque de temps !

Une fidèle commentatrice s'étant inquiétée d'un si long silence, je voudrais rassurer mes éventuels lecteurs : il ne m'est rien arrivé de fâcheux, à moins que l'on ne considère comme tel un excès d'occupation. Peinture, plomberie, excursion en terres gersoises, landaises et espagnoles, et, depuis hier, taille des haies et remise en ordre du terrain ont pris tout mon temps. Disons aussi que l'actualité un rien chaotique de ces derniers temps ne m'inspire guère.

Devant rejoindre la Normandie lundi, j'aurai davantage de temps à consacrer à l'écriture. Espérons que l'inspiration sera au rendez-vous.

samedi 14 mai 2016

« On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans... »

Quel con ce Rimbaud ! Ou alors c'était vrai à son époque, avant le Progrès. Ça le demeurait du temps de ma lointaine (et folle) jeunesse. Aujourd'hui, nos merveilleux jeunes sont sérieux. Limite austère.

Or donc, du temps de Rimbaud et du mien, la jeunesse avait des aspirations futiles:boire des bières et tomber amoureux pour un oui voire un non. Heureusement, les choses ont changé. Les jeunes de 2016 sont préoccupés par de VRAIS problèmes. Ce qui les hante, c'est le Code du Travail. Y toucher les rend fous. Ainsi, nos lycéens se mobilisent-ils contre la loi El Khomri.

Comme je les comprends ! Ils sont habités du noble désir de conserver les droits acquis de haute lutte par leurs anciens. S'il faut pour cela casser des vitrines, ils y sont prêts. S'il faut veiller debout, ils le feront. S'il faut se priver des enseignements de leurs vénérés maîtres, ils courront le risque d'arriver moins bien armés aux terribles épreuves du bac.

On ne peut qu'être admiratif face à une telle résolution comme à la maturité qui la motive. Quand je pense qu'à leur âge et même jusqu'aujourd'hui je me suis foutu du droit du travail comme de l'an quarante ! J'en suis encore à penser que l'important c'est de trouver du boulot. Si les conditions ne conviennent pas, ce qui arrive, soit on laisse tomber, soit on s'y résigne, faute d'autre choix. Je le répète : j'étais con, je le suis resté et je n'en ai qu'à peine honte...

Nos jeunes, eux, voient l'avenir, le veulent radieux parce qu'encadré par de bons textes. De nos jours, à dix-sept ans, on compte ses points-retraites et on se soucie du confort des EHPAD : on est responsable.

A moins qu'on n'en ait pas plus à cirer que dans le temps, qu'on joue à se prendre au sérieux en étant manipulé par des syndicats dont les cortèges étiques ont grand besoin de supplétifs.