..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

dimanche 5 avril 2015

D’Urbain II et du pape François (premier du nom)…



Vendredi, le pape François a condamné avec la plus grande fermeté (et non avec la plus molle hésitation) les massacres des chrétiens d’Orient et a blâmé la coupable indifférence des Occidentaux face aux exactions jihadistes. C’est bien. Seulement ça ne fait que souligner une réalité : notre époque a les papes qu’elle mérite.

Souvenons-nous qu’il y aura cette année mille vingt ans, un autre pape, Urbain II, lança à l’issue du concile de Clermont un appel à la croisade qui aboutit moins de quatre ans plus tard à la prise de Jérusalem. Il faut dire que depuis 17 ans déjà, les Turcs Seldjoukides, soit dit sans vouloir les critiquer*, s’étaient comportés de manière contestable en Terre Sainte : massacre de la population de Jérusalem, réduction des chrétiens à l’esclavage, attaques contre les Byzantins, interdiction de l’accès de Jérusalem aux pèlerins chrétiens, etc. Ce qu’il faut bien appeler des incivilités (excusez la force du terme) poussèrent le bon pontife,  dont on est en droit de penser qu’il était de caractère impulsif, batailleur et expansionniste, vu qu’il encourageait également la Reconquista espagnole, à appeler les chevaliers de l’Occident chrétien à se rassembler sous le signe de la croix et à aller infliger aux infidèles la bonne raclée que selon lui ils méritaient.

Les barons furent précédés par une « croisade des pauvres » qui, rassemblés en France ou en Allemagne se livrèrent à de menues exactions avant de se faire anéantir qui par les Turcs, qui par les Hongrois comme il convenait aux vilains de l’être. Venus de toute l’Europe, les chevaliers et grands féodaux se regroupèrent à Constantinople d’où ils partirent pour la ville sainte. Retracer les nombreuses péripéties de ce long et périlleux voyage serait trop long. Toujours est-il que le 15 juillet 1099, les croisés s’emparèrent de Jérusalem. Mission accomplie. Enfin, provisoirement…

Un pape ne peut plus guère rêver de regrouper l’occident sous la bannière de la chrétienté. Qui entendrait son appel ? Il doit se contenter d’exprimer sa douleur. Les temps ont bien changé me dira-t-on. Mais ont-ils vraiment changé  POUR TOUT LE MONDE ? N’entend-on pas de toute part des voix s’élever pour appeler à la guerre sainte sous la bannière de l’Islam ? Ne massacre-t-on pas ici ou là les chrétiens avec une ardeur digne des Seldjoukides ?  L’Occident est devenu bien prudent, limite timoré, il bombarde bien encore un peu mais refuse le combat de terrain, tandis que pour certains rien n’a vraiment changé…

Bonnes Pâques quand même !  

*Je ne tiens aucunement à finir mes jours dans un cul de basse fosse pour Seldjoukidophobie !

samedi 4 avril 2015

Indemniser ou remplacer ?



Chaque fois que se produit une catastrophe, on parle du montant des indemnisations. Comme si une somme d’argent si élevée soit-elle pouvait remplacer un être cher !  Si votre compagnon à quatre pattes (chat, chien, caïman, rat, canard…) vient à disparaître est-ce un chèque qui pourra compenser l’affection qu’il vous portait ?  Seul l’amour d’un nouvel animal saura vous consoler. Même si cela n’est pas certain et que vous continuiez de pleurer Kiki…

Alors, ne pourrait-il pas en aller de même en cas de mort intempestive d’un proche lors d’une catastrophe ou d’un banal accident ?  Après tout, quand votre maison brûle, on ne se contente pas de vous donner de l’argent : un expert vient qui évalue le montant des dégâts subis par le bien et ses meubles et, une fois approuvés les devis de réparation l’assurance paye les artisans après qu’elle vous a relogé le temps des travaux…  Bien sûr, personne ne saura remplacer les photos de votre week-end chez la tante Adèle ni les commandements d’huissiers partis en fumée. Votre plaie demeurera à jamais ouverte mais une réfection à l’identique allègera votre peine. Si les conditions de votre assurance le stipulent, on remplacera même votre mobilier et vos appareils ménagers sans leur imputer un coefficient de vétusté. Du coup, vous vous trouverez équipé de neuf…

Et si on en faisait de même en cas de perte humaine ? En lieu et place de ce conjoint commençant à donner sérieusement de la bande et qui,  avouez-le,  commençait à vous lasser un peu, on vous en fournissait un tout neuf, tout beau, tout frais ? Si au lieu de ce rejeton maussade et contrariant on vous en offrait un gentil, propre sur lui, prometteur ?

Bien sur, si votre 2 CV brûle dans son garage on ne vous offre pas une Rolls pour la remplacer. D’où nécessaire évaluation par l’expert. Si mon idée venait à être mise en application, il serait prudent de conserver en lieu sûr des photos de vos proches et quelques documents attestant de leurs (plus ou moins éminentes) qualités.

La fourniture de parents ou de grands-parents flambants neufs pourraient poser des problèmes au niveau de l’héritage. Peut-être dans ce cas pourrait-on se contenter de remplaçants en parfait état de marche sans pour autant être de première fraîcheur… Il ne s’agit ici que d’une ébauche de projet.  Si le principe en était adopté, il serait toujours temps d’y apporter les correctifs nécessaires.

vendredi 3 avril 2015

I want my money back !



Cette exclamation thatchérienne m’est arrachée par un nouveau scandale. Comme plusieurs dizaines de millions de foyers fiscaux, je suis en ce moment victime d’une escroquerie éhontée. En effet, alors qu’on m’oblige à souscrire un abonnement à Radio-France via la taxe sur l’audio-visuel, le service public en question ne m’est pas rendu depuis déjà plus de deux semaines suite à une grève.

Je trouve déjà bizarre en soi qu’existe un tel « service public » auquel on me contraint de contribuer. La notion de « radio de service public » me paraît en soi assez contestable. Si le service public désigne selon Wikipedia « une activité d'intérêt général , assurée sous le contrôle de la puissance publique, par un organisme (public ou privé) bénéficiant de prérogatives lui permettant d'en assurer la mission et les obligations (continuité, égalité) », je vois mal en quoi une chaîne de télévision ou de radio pourrait en constituer un. Autant l’existence d’une radio d’État a pu se justifier jadis par des fins de propagande, autant sa subsistance sous l’appellation de service public, surtout au temps d’Internet me paraît un anachronisme. Ses défenseurs disent qu’elle fournit des programmes que les autres n’offriraient pas.  Mais il en va de même pour toute activité, qu’elle soit culturelle ou non.  S’il y a des amateurs pour apprécier Radio-France, libre à eux  d’accepter qu’elle soit financée par la publicité ou de s’y abonner afin d’en assurer la viabilité. Si ce n’est pas le cas, je ne vois pas au nom de quoi on imposerait à l’ensemble de la population de participer au financement de services non-essentiels que la grande majorité d’entre elle n’utilise pas. Surtout quand une tendance idéologique y exerce un quasi-monopole sur l’orientation politique de ses contenus. Qu’il existe une Radio Gaucho ne me gêne absolument pas mais à condition qu’elle soit financée par les seuls gauchos. A moins, bien entendu qu’existe concurremment une Radio-Réac plus à mon goût financée elle aussi par l’impôt…

Quoi qu’il en soit, vu que je participe à son financement, la moindre des choses serait que son soi-disant service me soit rendu et qu’en cas de grève me soit remboursé, comme à chaque foyer fiscal, une somme représentant le prorata de la période de défaillance. Une semaine de grève représentant 1.92% du montant de la part de ma contribution annuelle allouée à Radio-France il serait donc logique qu’au bout de trois semaines me soit remboursés 5.77% de celle-ci. Il est probable que la somme serait minime, vu que le gros de la taxe risque d’être attribué à France Télévisions, mais tout de même…

Grand seigneur, afin d’éviter les frais de virement qu’un remboursement entraînerait, j’accepterais que me soit consenti un avoir sur ma taxe de l’an prochain. Je suis pourtant certain qu’il n’en sera rien. Car l’État, contrairement à toute entreprise et en dépit de la plus élémentaire honnêteté, a le pouvoir de facturer des services non-rendus…

jeudi 2 avril 2015

Des réglementations.



Il a été un moment dit qu’Andreas Lubitz, copilote chez Germanwings de son état, aurait voulu un peu comme Érostrate laisser un nom dans l’histoire. Il me semble avoir entendu quelque part que cette déclaration aurait été infirmée. Mais qu’importe ? Ce qui compte c’est le résultat : on ne parle que de lui et on envisage les mesures susceptibles d’empêcher que se reproduise un tel événement. Pour certains, la solution serait qu’il y ait en permanence deux personnes dans le cockpit. Pour d’autres que l’on y installe des toilettes. Pour ce qui est d’être à deux dans les toilettes du cockpit, c’est encore en discussion. Tout cela est bel et bon mais qu’est-ce qui nous garantit que le malade mental en crise n’assommerait pas la deuxième personne ou  ne parviendrait pas à enfermer son collègue dans les toilettes avant de précipiter son avion dans un endroit propice à sa désintégration ?

Notre époque est friande de règlements et de précautions censés éviter toute catastrophe voire tout risque. Je me demande si, après l’incendie du Temple d’Artémise à Éphèse par ce fou d’Érostrate, les autorités compétentes avaient renforcé les dispositifs de sécurité autour des six merveilles du monde restantes au cas où cet acte insensé aurait fait des émules prêts à passer les jardins suspendus de Babylone au Round-up*, à découper la statue chryséléphantine de Zeus en petits bouts pour les revendre aux puces, à mettre le feu à la pyramide de Gizeh (pas évident, ça), à saccager la statuaire du Mausolée d’Halicarnasse à coups de burin, à couper une jambe au colosse de Rhodes pour qu’il s’effondre ou à faire exploser le phare d’Alexandrie grâce à un procédé innovant (la poudre n’ayant été inventée par les chinois que bien plus tard)… On est en droit d’en douter, ne serait-ce que parce que la date de l’établissement de la liste de ces merveilles est incertaine et qu’elle n’était probablement pas clairement et définitivement établie à l’époque de l’incendie.

Une chose est certaine : la manie réglementaire supposée nous garantir une sécurité absolue est récente. On peut en effet penser que si chaque événement exceptionnel avait provoqué la mise en application de mesures pérennes visant à en prévenir la reproduction il y a fort à parier que leur nombre serait incalculable et leur connaissance humainement impossible. N’importe comment, même si nous parvenions à nous prémunir contre les catastrophes exceptionnelles et somme toute peu meurtrières, il n’en demeure pas moins que les plus importantes, comme celles provoquées par les chutes de météorites géants et à un moindre degré les guerres, invasions et autres gigantesques tsunamis se contrefichent des règlements et des précautions qu’on pourrait tenter de leur opposer…

*Si on n’a plus droit à un anachronisme de temps à autre, à quoi bon vivre ?

mercredi 1 avril 2015

Pub



Dans une société où, pour l’immense majorité, les besoins fondamentaux sont largement satisfaits la croissance ne peut s’assurer qu’en créant de nouveaux besoins artificiels et en instillant dans les esprits la crainte de périls imaginaires. Besoins et craintes qu’on viendra ensuite satisfaire ou apaiser. Les messages publicitaires sont  là pour ça. Ceux de la firme Carglass en témoignent de manière insigne.

En gros elles consistent dans un premier temps à créer un sentiment d’inquiétude par rapport à un événement aussi improbable que sans importance. Vous meniez une vie jusque là heureuse et puis voilà que, suite à je ne sais quelle malédiction, vous êtes victime d’une des pires catastrophes qui puisse frapper l’être humain : un impact sur VOTRE pare-brise !  Le traumatisme est fort. Mais hélas, vous n’êtes pas au bout de votre calvaire : figurez-vous que ledit impact, en dépit de la violence du stress qu’il implique, n’est que le signe annonciateur d’un séisme moral à ravaler le pire des  tsunamis au rang d’insignifiante anecdote. En effet, à la moindre occasion (mise en marche de l’air conditionné, passage dans un nid de poule) cet impact peut engendrer UNE FÊLURE ! Vous rendez-vous compte ?  Une FÊLURE ! Votre pare-brise à vous, FÊLÉ !  Heureusement, face à un tel cataclysme, il existe une solution : le monsieur de chez Carglass viendra jusque chez vous avec sa résine magique ! En moins de temps qu’il en faut à un lapin, il l’injectera dans l’objet de votre ressentiment et vous pourrez reprendre la route sans vivre l’insupportable agonie qu’engendre la crainte de la FÊLURE ! C’est tout juste si votre pare-brise ne s’en trouvera pas nettement amélioré. Et tout ça (au moins dans la plupart des cas) sans qu’il vous en coûte un rouge liard ! Alléluia, grâce à Carglass et à son monsieur, l’apocalypse laisse place à la béatitude !

Retournons sur terre. Admettons que suite à un quelconque choc avec un gravillon, un impact vienne affecter votre pare-brise. Sauf si celui-ci est d’une taille importante et qu’il affecte votre champs de vision, vous risquez de ne même pas l’apercevoir. Les chances pour que celui-ci donne naissance à une fêlure sont minimes (quarante-six ans de conduite et de nombreux impacts m’incitent à le penser). Au cas où ce malheur vous affecterait, que feriez-vous ? Vous iriez au plus proche garage, y commanderiez un nouveau pare-brise qu’on vous changerait en deux temps trois mouvements au dépens de votre assurance !  Quelle aventure !  De plus, la venue du monsieur de chez Carglass  au moindre impact, s’il calmera votre angoisse de la fêlure n’empêchera pas l’usure normale de votre pare-brise adoré et au bout du compte la réduction de votre visibilité.

Il n’empêche que créer de fausses angoisses, les palier grâce à de pseudo-solutions est créateur d’emplois. Ainsi va notre monde.