Jeune homme, jeune femme, toi qui rêves d’aventures
grandioses, de vastes espaces sauvages, de rencontres avec des peuples rudes et
fiers tirant d’une riche culture leur sagesse plurimillénaire, qu’irais-tu
faire au Luxembourg ?
Cet état-confetti dont la superficie n’atteint pas la moitié
du département de la Creuse n’a aucun accès à la mer et se trouve donc à l’abri
des tsunamis et des embruns, avantage qu’elle partage avec, entre autres, la
Suisse et la Mongolie extérieure. Coincé entre la France (au sud), La Belgique (à
l’ouest) et l’Allemagne (à l’est), le pays se divise en deux régions. Au sud,
on trouve « le Gutland (Bon Pays) » et au nord, contre toute attente,
non pas le « Pays de Merde » mais l’Oesling (en luxembourgeois : Éislek). Cette région est
vallonnée, verdoyante et peu peuplée. Les amateurs d’alpinisme peuvent y gravir
les pentes enneigées de Kneiff, point culminant
du pays avec 560 m d’altitude. Aucun yéti n’y a jamais été signalé. Selon
certains cela prouverait qu’il n’en existe pas en Ardenne luxembourgeoise,
selon d’autres que l’abominable homme des neiges y est plus discret que son
homologue himalayen. Sinon, les rivières ont tendance à y couler du haut vers
le bas en suivant le tracé des vallées, ce qui est fort banal.
Le pays compte environ 550 000 habitants (soit environ
4,5 fois plus que la Creuse mais 2500 fois moins que la chine). 43,8% d’entre
eux sont des étrangers (dire qu’on se plaint en France !) venus manger la
galette des Luxembourgeois, les Portugais (85 000) et les Français (33 000)
constituant le gros de cette troupe d’envahisseurs. On y parle, avec un accent
souvent ridicule, Français (96%), Luxembourgeois (78%) et Allemand (75%) mais
la plupart du temps pour dire des choses sans grand intérêt. Notons au passage
que l’addition des pourcentages dépassant largement les cent (249 pour être
précis) on peut soupçonner qu’un nombre non négligeable de Luxembourgeois est
bilingue et même trilingue, ce qui n’est pas une preuve d’intelligence, vu qu’en
France, pays le plus spirituel du monde, le bilinguisme et a fortiori le
trilinguisme sont exceptionnels.
Du point de vue de l’histoire, le Grand Duché, car le Luxembourg
est un grand duché* (on se demande d’ailleurs, vu l’exiguïté de son territoire,
ce que serait un petit duché !) a
connu bien des vicissitudes. Créé en 963, ce qui ne nous rajeunit pas, le comté
de Luxembourg guerroya comme il se doit avec ses voisins. Ses comtes se sont trouvés
portés à la suite de je ne sais quelles manigances aux trônes de Bohème et du
Saint Empire Romain Germanique pendant plus d’un siècle, ce qui, pour pareils bouzeux n’est pas si mal. Ils en profitèrent, en 1354, pour élever leur fief d’origine au rang de
Duché. Les meilleures choses ayant une fin, le duché passa aux Habsbourg, fut
conquis par Louis XIV, qui le rendit bien vite aux autrichiens, avant que la
révolution ne le transforme en département français (Département des forêts) Le
traité de Vienne l’éleva au rang de Grand-Duché avec pour souverain le roi des
Pays-Bas. Malgré une indépendance reconnue en 1867, après amputation de la
moitié de son territoire, il fallut attendre 1890 pour que se rompent les liens
entre les deux pays et que monte sur le trône une dynastie distincte qui, aux
dernières nouvelles n’en est toujours pas descendue. Quel micmac !
Du point de vue économique, le Luxembourg est riche, très
riche, oh, et puis tiens, très, très, très riche ! Et d’où tire-t-il sa richesse, le bougre ? A
46% de la FINANCE ! Imaginez la panique qui envahit le Grand Duché quand
M. Hollande arriva au pouvoir ! Savoir que l’ennemi de votre principale
source de richesse est président et qu’il dispose de l’arme nucléaire a de quoi
vous glacer le sang, non ?
Curieusement, le président oublia les haines du candidat et les
habitants du Grand Duché purent bientôt sortir de leurs abris antiatomiques. A
part ça, dresser la liste des Luxembourgeois illustres ferait un excellent
sujet du bac, vu qu’il n’en existe aucun. Trouver un trait saillant aux
habitants de ce pays est tâche ardue. Il doit bien exister quelques luxembobos
(Luxembourgeois luxembohèmes), mais pas de quoi en faire un plat.
En résumé, jeunes aventuriers, sauf si vous avez de solides
connaissances en finance internationale, je ne vois pas ce que vous iriez faire
dans ce pays. Allez plutôt découvrir la Creuse !
*Sans vouloir décourager mes amis pochtrons, je tiens à leur
signaler qu’on ne se voit pas systématiquement offert un verre gratuit dans les
débits de boisson luxembourgeois. La tournée des Grands Ducs n’est, hélas, qu’une
légende.