..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

vendredi 11 avril 2014

De la calomnie…



M. Baudis est mort hier. De lui, je me souviens surtout de ce jour de 2003 où, accusé de proxénétisme, viol, meurtre et actes de barbarie par des prostituées toulousaines, il apparut à la télévision, le visage inondé de sueur, visiblement dévasté par ces accusations. Je me fis alors une réflexion qui peut paraître curieuse à savoir que j’espérais qu’il était coupable. Pourquoi ? Eh bien parce que se trouver en butte à de telles calomnies, voir que celles-ci peuvent être reprises par des organes de presse qui, pour telle ou telle raison, ne seront pas présentées pour ce qu’elles sont,  à savoir d’invraisemblables  mensonges, est une épreuve que je ne pouvais concevoir que l’on puisse imposer à quiconque. Parce que relayer de pareilles rumeurs avant que leur véracité ou au moins leur probabilité ne soit étayée est purement inadmissible et injustifiable. Le fait que l’accusé soit un personnage éminent, donne un retentissement inouï à l’affaire. Après tout, si on calomniait de la même façon une postière de Romorantin ou un charcutier de Nevers, les dommages subis par ces personnes  seraient aussi dévastateurs même si, que ce soit au moment de l’accusation ou de la disculpation,  l’écho qu’on leur donnerait serait bien moindre.

 Sur la RSC ™, j’ai entendu lors de l’annonce de son décès, dire qu’il s’était, lors de cette prestation télévisuelle, «défendu maladroitement » ou « comme un coupable ». Les auteurs  de ces commentaires sont bien mignons. Ils font de plus preuve d’une pénétration, d’une perspicacité et d’une connaissance profonde de l’âme humaine. A ceci près qu’ils confondent la vraie vie et la vision qu’en donne Walt Disney. Il est vrai que s’ils ne vivaient pas dans un monde de féérie on ne les garderait pas dans cette station où « La voix est libre » (du moins pour certains). Dans leur monde rêvé, le visage du coupable démasqué se couvre de sueur, il balbutie.  L’innocent, lui, garde une attitude sereine face à des accusations qu’il sait infondées, tout au plus exprime-t-il une juste colère (et encore…). Je n’ai pas la naïveté de ces âmes candides. J’aurais même tendance à penser qu’il se passe tout le contraire.

Supposons que je me sois rendu coupable de proxénétisme, viol, meurtre et actes de barbarie. Il se peut donc que de ce fait ma candeur ne soit que très relative. Il est même concevable que ma moralité soit imparfaite. Tout bien pesé, qu’est-ce qu’un petit mensonge pour qui n’hésite pas à violer, tuer et agir en barbare ? D’autre part, ayant commis ces actes, j’ai eu tout loisir de penser à organiser ma défense au cas où une justice vétilleuse se risquerait à évoquer ces peccadilles.

Au contraire, si j’étais un innocent  pourvu d’un certain sens moral, le fait de me voir accusé de crimes horribles, sans que rien ne m’ait préparé à cette éventualité,  me pousserait  à me montrer démuni, à « mal » réagir, à ne pas bien appréhender ce qui m’arrive. Mon comportement risquerait donc  de paraître suspect aux spécialistes de l’école disneyenne…

C’est pourquoi l’innocent fait souvent un coupable tout à fait convenable  tandis que le  criminel endurci paraît d’autant plus innocent  que sa perversité et sa rouerie sont profondes.

Au delà du cas particulier de l’ « affaire Baudis », ce qui me paraît grave c’est que la presse puisse relayer des accusations  non étayées qu’elles émanent de « fuites » dues à des magistrats aux motivations douteuses ou de sources éminemment contestables. Combien d’ « affaires » n’ont pour origine que l’absence de déontologie et l’esprit partisan de qui les « révèle » ? Mais le but de certains n’est-il pas avant tout de détruire leur victime? Comme le dit si bien l’air du Barbier de Séville, d’abord vent léger, la calomnie, si tout se passe bien, amène le calomnié à en crever.

Pour parodier le nègre de Surinam de Voltaire, « c’est à ce prix que vous vendez du papier en Europe » (et ailleurs.).

jeudi 10 avril 2014

Spécial esthètes !



Vous sachant amateurs de belles choses, et notamment en matière de cabanes de jardin, je ne peux résister à vous offrir ce moment d’intense émotion esthétique.

Pour ceux qui n’auraient pas eu la chance de suivre les étapes de la réfection qui affectèrent ma cabane un rapide rappel des modifications extérieures opérées l’été dernier :
Avant :

Après :

Cependant, pour la cabane comme pour l’homme (et la femme, bien sûr) ce qui compte, c’est la beauté intérieure.  Voici quel en est l’aspect, après que ses parois et son plafond ont été isolées par de la laine de roche et recouverts de Placoplatre :


Vue générale

Congélateur, réserve de bois et éclairage
Et, cerise sur le gâteau, chauffage afin d'éviter que pommes de terre, bulbes de fleurs et géraniums ne souffrent du gel l'hiver venu.
Et, en prime (ne soyons pas chien !) une vue de la porte fabriquée sur mesures de mes blanches mains. :

mercredi 9 avril 2014

M. Valls déclare aimer la France !



Nous voilà rassurés : nous avons un premier ministre qui aime son pays. Il a même choisi de devenir Français, en toute liberté alors qu’il aurait pu rester Espagnol avant de devenir, bientôt peut-être, Catalan. N’est-ce pas merveilleux ?  Comme un vieux maréchal il s’est offert à notre pays !

Ce qui est encore plus intéressant, c’est de voir ce qui l’a mené à cette grave et généreuse décision. En fait, c’est de son propre aveux, la grandeur du pays et il précise d’où elle vient : Valmy, La révolution de 1848, Jaurès, Clémenceau, De Gaulle, le maquis.  Vu que dans son envolée historique il place le Général avant le maquis, on peut penser que c’est au De Gaulle de l’Appel  du 18 juin 1940 qu’il fait allusion.  En gros, la France qu’il aime commence en 1792 par une bataille et se termine par un combat de résistance en 1944. Avant  et ensuite : R A S. Entre temps, il admire au passage une révolution établissant une éphémère république, un socialiste pacifiste, le belliqueux Père la Victoire, et la résistance. 

M. Valls fait plonger les racines de son patriotisme choisi dans quelque 150 des plus de 1500 années que compte notre histoire nationale. C’est un choix, mais c’est un peu court. Grosso-modo, la France de notre premier ministre est celle des soubresauts qui allaient tenter d’établir et ensuite de maintenir la république. Ce qu’il semble oublier, c’est que pour qu’il y ait une République Française, il fallait que lui préexiste un pays et que ce pays fût construit par l’œuvre patiente des rois comme par le travail constant de son peuple.  Si l’on regarde une carte de notre pays en 1789, force est de constater qu’à peu de choses près, son territoire est semblable à celui d’aujourd’hui.  Si on parle patrimoine architectural, on constate que ses plus beaux joyaux datent d’avant la Révolution. Il en va de même pour la littérature, les arts et les artisanats.

Que M. Valls soit attaché à un système politique est son droit le plus strict. Qu’il réduise la France au « pays des droits de l’homme », à la république est insuffisant. Aimer la France est bien plus profond. Négliger, voire mépriser tout ce qui a précédé ce système c’est faire preuve de carence mémorielle. A quoi bon des rappels historiques s’ils ne retiennent qu’un dixième de l’histoire ?

La déclaration d’amour de M. Valls pour le pays qu’il a choisi participe des lubies idéologiques de son ex-collègue de l’Éducation Nationale. La France, c’est bien autre chose. L’aimer n’est pas le fait d’une mémoire plus qu’hémiplégique, c’est l'aimer au travers de son histoire, ses hauts, ses bas, ses moments de grandeur comme de bassesse, c’est s’inscrire dans la continuité de traditions séculaires et non dans la vision positiviste d’une marche vers le « progrès »… Ça paraît bien  difficile, voire impossible, pour un socialiste, si modéré soit-il…

mardi 8 avril 2014

Normandie



De l’avis unanime, la Normandie est le plus bel endroit du monde. Au sein de cette belle province dont on fit deux régions afin d’éviter qu’unie elle ne domine le pays par le talent et la valeur de ses hommes et de ses femmes, le département de la Manche est le plus beau, le plus vert et le plus arrosé. Ce qui ne va pas sans créer de jalousies. En ce département béni des dieux, la variété des paysages est totale : marais, collines, plaines, plages sablonneuses, côtes rocheuses, forêts, bocages, riantes vallées où chantent des rivières accrochant follement aux herbes leurs haillons d’argent, tout ce qui est apte à exalter un cœur noble s’y trouve. Le reste de la province n’est pas mal non plus.  Pays d’Auge, de Caux, d’Ouche, de Bray, Vexin, Perche Ornais, la liste entière des terroirs offrant au monde leurs inouïes merveilles serait fastidieuse à dresser.

Historiquement, suite au traité de Saint-Clair-sur-Epte signé entre Rollon, chef viking et Charles III le simple, la Normandie prit naissance en 911. Ce bon roi, lassé de voir ses pays ravagés par les incursions de ces pillards venus du Nord eut la sagesse de leur céder une partie de l’ancienne Neustrie. Ce territoire étant plutôt restreint, les normands se mirent bien vite en devoir d’arrondir l'étendue de leur duché afin d’avoir bonne figure lors des réunions annuelles du SGF (syndicat des grand feudataires).  Un des descendants du premier duc, vexé d’être surnommé « le bâtard »  eut une idée de génie : il s’en fut, en 1066, guerroyer en Angleterre  et suite à sa victoire d’Hastings s’y fit couronner roi du pays et fut, grâce à cette habile manœuvre, surnommé « le conquérant » ce qui a, vous en conviendrez, plus de gueule.

Un peu auparavant, les nombreux  fils de Tancrède de Hauteville, hobereau manchois, illustrèrent la tradition voyageuse et conquérante du normand en partant guerroyer en Italie du sud avant de conquérir la Sicile sur les musulmans et d’y devenir rois. S’arrêteront-ils là ?  Ce serait bien mal les connaître ! Certains Hauteville, mettant à profit les croisades, deviendront Prince d’Antioche et même Roi de Jérusalem…

Le patrimoine architectural de cette riche province, quand il n’a pas été rasé par les bombardements anglo-américains, est remarquable par ses magnifiques abbayes dont la plus belle, justement nommée « La Merveille » est celle du Mont-Saint-Michel, situé comme il se doit dans la Manche, et à laquelle FR 3 Normandie consacre au moins un documentaire par semaine.  Pour ce qui est de la littérature et des arts, La Normandie a fourni à la France tant de talents que la liste en serait interminable et ce jusqu’aujourd’hui, où nombre de blogueurs réactionnaires continuent de faire flotter au firmament l’étendard de gueules aux deux léopards d’or.

Les riches pâturages normands permettent qu’on y élève  quantité de vaches, chevaux, et autres ovins. Le lait qu’on tire des premières permet de fabriquer des fromages renommés  dont le célèbre Camembert, devenu un symbole du bien vivre à la française. A ce propos, et cela montre la bonté profonde du Normand, afin qu’au cas où il se montrerait, le soleil n’inflige ses redoutables coups aux paisibles bovidés lactifères, furent plantés nombres d’arbres leur procurant une ombre protectrice. Les paysans réalisèrent bien vite que ces arbres, non contents d’ajouter un charme certain aux campagnes lors de leur floraison, fournissaient à terme des fruits un rien acides mais qui écrabouillés dans un pressoir fournissaient, une fois fermenté, un breuvage qu’ils nommèrent cidre  (du latin ecclésiastique sicera : boisson enivrante).  Le Normand trouva ainsi un moyen de se distraire lorsqu’un ciel bas et lourd pesait comme un couvercle sur son esprit gémissant en proie au longs ennuis. Il s’aperçut fortuitement qu’en distillant ledit cidre dans un alambic, on en tirait une liqueur bien plus enivrante qu’il nomma Calvados et qui présentait l’avantage d’éloigner tout buveur non aguerri.  Proposer « encore une chotte goutte de Calva » permettant de chasser à coup sûr les cousins citadins importuns.

Les villes et villages normands sont si nombreux que nous n’en citerons que les principaux : Rouen, Caen, Le Havre, Alençon, Evreux, Saint –Lô, Chaulieu, le Plessis-Hébert et Bizou.  On s’y livre à l’industrie ou aux services avec une ardeur  modérée par le bon sens.

Mais, nous n’insisterons jamais assez sur ce point puisqu’ il n’y a richesse ni force que d’hommes comme disait Jean Bodin, ce qui fait l’attrait principal de cette province, c’est sa population. Pt’êt’ ben qu’oui, p’t’êt’ ben qu’non et il pleut sont les formules les plus usitées du Normand, prouvant à la fois la saine prudence et le sens aigu de l’observation de ce peuple d’élite. Au contraire de certains méridionaux, il ne pratique que peu l’exubérance. Ainsi, un mien voisin anglais m’a-t-il avoué que bien qu’il ait pris l’habitude ces neuf dernières années de gratifier le fermier d’à côté d’un geste de la main lorsqu’il passe en voiture, ce brave homme n’a pas encore jugé utile de lui rendre son salut.  C’est dire à quel point réserve et discrétion sont des traits marquants  d’une population qui évite de vous lasser par ses oiseux bavardages.

Il y aurait tant à ajouter en faveur  de cette belle province… Je m’en tiendrai là, car on pourrait m’accuser, bien que je ne sois aucunement Normand,  de manquer d’objectivité et me contenterai de vous inviter à y venir passer d’agréable séjours  que ce soit sur sa côte ou en son intérieur (prévoir de chauds vêtements, quelle que soit la saison).

Petit jeu : Deux extraits de célèbres poèmes se sont harmonieusement intégrés à notre exposé afin d'ajouter un brin de lyrisme à l'austérité du discours scientifique. Sauras-tu les identifier ? 

lundi 7 avril 2014

Le cerisier à fleurs prouve que ce monde est mal foutu !





Pas plus tard qu’hier, le bon Didier Goux se plaignait dans un billet poignant de ce que les pétales des fleurs de son cerisier  s’étaient mis à choir comme neige en août normand. Je lui exprimai ma jalousie car ici, la fleur est encore bouton. Il fut reproché à l’ermite haut-normand d’avoir illustré son billet d’un cerisier fleurissant rose ; il s’en excusa au prétexte que Google ne lui avait offert que des floraisons de cette couleur avant de changer de photo.

Comme chacun sait (ou devrait savoir si chacun voulait bien s’en donner la peine),dans  le succès de M. André Claveau les couleurs de fleurs sont inversées :

Quand Nous jouions à la marelle
Cerisier rose et pommier blanc
J'ai cru mourir d'amour pour elle
En l'embrassant

Le cerisier fleurit  blanc, le pommier rose. C’est comme ça. Vous pouvez voter pour qui vous voudrez, ça n’y changera rien. Alors comment expliquer  que M. Google, homme dont il serait malvenu  de questionner le sérieux, offre à nos yeux médusés des cerisiers si roses ?  La réponse est simple : ces cerisiers à fleurs sont des arbres ornementaux importés du Japon connus par ceux qui les connaissent sous le nom de prunus serrulata.  Le Japonais, toujours avide de célébrations et d’excuses pour se piquer la ruche au saké, fête sa floraison lors de fêtes nommées Hanami (ou Ohanami). Les variétés qu’on cultive chez nous sont à fleur double et ne donnent  aucun fruit. J’en ai deux qui encadrent mon portail :


Cette photo fut prise le 6 mai dernier. On voit que la floraison n’est encore  que partielle ce qui prouve si nécessaire que le printemps est bien précoce cette année.

Mais, me dira le l’observateur attentif qui lit jusqu’à mes titres en quoi cet arbre magnifique prouve-t-il que nous vivons dans un monde imparfait ? Eh bien parce que magnifique, il ne le reste qu’une semaine. Ensuite les pétales tombent, couvrant le sol d’une épaisse couche rappelant les neiges de nos juillets les plus torrides. Et c’est scan-da-leux !  Car à quoi sert une beauté si éphémère, sinon à aviver nos attentes et à pleurer sa fuite ? Prunus serrulata tente bien de se faire pardonner l’automne venu en nous offrant l’or et la pourpre de son feuillage mais ça non plus ne dure pas. 

Dans un monde bien fait, la floraison s’étendrait sur des mois et les rutilances automnales nous mèneraient jusqu’au printemps….