..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mercredi 25 septembre 2013

Sans Noël la vie serait trop dure !



Rien n’annonçait que cette journée devait être celle d’un grand choc. La météo l’avait promise ensoleillée, M. Moscovici voyait l’avenir et jusqu’au présent en rose, le méchant M. Valls avait été remis à sa place par ceux qui voient dans les Rroms de Bulgarie et de Roumanie des champions de l’intégration propres à enrichir la France, bref, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Jusqu’à ce que, mouche dans le lait, tonnerre dans un ciel d’azur, j’entendisse la terrible nouvelle : M. Noël Mamère quittait EELV !  Je ne vous referai pas le coup de la Mère de Sévigné, mais n’empêche que de pareilles nouvelles sont étonnantes, surprenantes, merveilleuses,  inouïes, singulières, extraordinaires, incroyables, imprévues et pour tout dire bouleversifiantes.

Car pour moi, Noël Mamère est une synthèse. Doté d’un physique de garçon charcutier, d’un esprit d’une rare finesse et d’une lucidité politique dont la plus rouée des amibes ne saurait s’approcher en rêve, il est devenu au fil des années mon repère, mon guide, ma boussole. N’étant pas, comme certaine blogueuse, omni-spécialiste, je n’ai pas d’opinion sur tout. Et c’est là qu’intervient le bon Noël, toujours prêt à débagouler dans le premier micro qu’on n’omet jamais de lui tendre. Je l’écoute et, tout de suite, je sais quoi penser : il suffit de prendre l’exact contrepied de ce qu’il dit pour s’assurer d être dans, sinon le vrai, du moins le raisonnable. En cela, il m’a souvent été utile.

Son second rôle, et ce n’est pas négligeable, est que par l’outrance gauchiste de ses prises de positions, il éteint chez toute personne sensée la moindre velléité de voter EELV. On peut néanmoins se consoler en songeant que ce parti regorge de membres éminents capables de remplir cette fonction avec brio et sans effort.

On m’objectera que, Vert ou pas,  Noël pourra continuer de me montrer la voie. Ce n’est pas certain : qu’est-ce qui nous dit que faute de soutien écologiste et vule peu d’enthousiasme que suscite la Gauche en ces temps troublés, il n’en vienne à perdre sa mairie de Bègles et à terme son siège de député ? En ce cas, il retournerait au néant et,  horresco referens  je perdrais mes repères.

mardi 24 septembre 2013

Gay-Pride de Saint-Marcelin: Un succès mitigé (Suite et fin)


Ce n'était pas l'hymne national ni les "on est les champions, on est les champions" qui suivent la victoire mais un air plus local dont tremblait l'air vespéral. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, la jeunesse marcelinoise, bien avinée et décidée à continuer la fête, avait entonné son chant de ralliement:"Les Marcelin sont pas si fous, ils s'en vont pas sans boire un coup!" Le seul hic, c'est que de coups à boire, il n'y avait plus. Les buvettes avaient été vidées l'après midi. Le peu de boisson qui restait avait été soit acheté par les vétérans en vue du feu d'artifice (qui comme l'on sait donne soif) soit mis de côté en vue du bal.

Allez expliquer à une saine jeunesse un peu éméchée qu'il n'y a plus rien à boire. Vous me raconterez le résultat en sortant de l'hôpital. Eh bien, ce qui était à craindre se produisit: les plus teigneux, les têtes chaudes, entraînèrent leurs camarades vers le bar du chapiteau et exigèrent qu'on les servit, et vite.

Se saisissant du micro, le maire grimpa sur la scène afin de lancer un appel au calme. Un jeune attardé (il en demeure dans nos campagnes, hélas!), l'esprit pas très clair, interrompit ses propos apaisants d'un "Ta gueule , eh, vieille tafiole!". C'était un peu trop pour un démocrate. On peut être fin politique et avoir la tête près du bonnet. Surtout quand on se montre irrespectueux à la fois de l'âge et des minorités sexuelles.

Sautant de l'estrade, JRM se pèta un talon et courut en boitant sus à l'incorrect. "La vieille tafiole, elle va t'dresser l'poil, p'tit"con!" vociféra-t-il en refilant un coup de boule à la Zidane au jeune impoli. C'est ainsi que commença la bagarre. Le conflit des générations, l'effet de groupe, mettez ça sur le compte de ce que vous voudrez, toujours est-il que deux groupes se formèrent spontanément et se ruèrent à l'assaut l'un de l'autre. Se ralliant au panache platiné de leur maire, les têtes grises prirent d'abord l'avantage, mais grâce aux portables les jeunes rameutèrent de nouveaux combattants, et ça tourna au vinaigre. Difficile de dire, dans le chaos des tables renversées et des chaises et autres projectiles qui fendaient l'air, qui l'emportait.

Mettant à profit un repli stratégique, le maire téléphona à la sous-préfecture afin qu'on envoyât quelques CRS rétablir l'ordre. Ça tombait bien, vu qu'on en avait une compagnie venue surveiller les débordements de la victoire et qui, tout le monde étant resté chez soi, avait la matraque au chômage.

Les bleus arrivèrent donc bien vite. Le spectacle qui s'offrit aux yeux des forces de l'ordre les laissa interdites. Ignorant la nature de la fête, il leur sembla qu'une bande de vieux travelos,  tentait de mettre en pièce un groupe de jeunes. Ils se mirent en devoir de repousser les assaillants puis d'appréhender les plus virulents. Ainsi vit-on partir vers Corbinville, en panier à salade, bon nombre de citoyens éminents de Saint-Marcelin qui en robe de lamé déchirée, qui portant pour tout vêtement un string de cuir. C'est cet improbable groupe, qu'alerté, le sous-préfet vint bien vite faire élargir.

Nous laisserons Jean Rougier-Marcelin tirer les leçons de cette journée de fête quelque peu agitée. Au sortir de la maison d'arrêt, claudiquant sur un talon aiguille, bas filés, mais sa sérénité recouvrée, M. le maire a tenu à offrir à nos lecteurs la primeur de ses déclarations: " Je dirais que la première Gay Pride de Sant-Marcelin a connu un succès, disons, mitigé. Aux dernière nouvelles, la plupart des cinquante-sept blessés ne le sont que légèrement. Seule une dizaine d'entre eux devrait rester hospitalisée pour quelques jours. Nous ferons notre possible pour que de tels incidents ne se reproduisent plus, notamment en veillant à un meilleur approvisionnement des buvettes. Je vous donne donc rendez-vous pour une nouvelle fête, le 9 juillet 2009. Venez nombreux!"

Gageons que ces paroles réconfortantes seront écoutées et leur conseil suivi

Gay-Pride de Saint-Marcelin: Un succès mitigé (1)

A la demande générale (4 commentateurs ayant exprimé leur enthousiasme), je continue la publication de mes Chroniques de Saint-Marcelin. Vu qu'il ne se passe rien de bien intéressant dans notre beau pays, si ce n'est qu'on y voit la popularité de notre bon président atteindre des niveaux inouïs et les Français hésiter sur la manière de lui exprimer leur reconnaissance, je ne vois pas trop de quoi je parlerais. Sans compter que les dernières récoltes et les travaux qu'elles m'imposent prennent beaucoup de mon temps...

Gay-Pride de Saint-Marcelin: Un succès mitigé  (1)


Attentif aux évolutions sociétales, le conseil municipal de Saint-Marcelin-en-Bauge, avait décidé à l'unanimité d'organiser une Gay-Pride (voir le Petit Courrier du Baugeois du 14 décembre dernier).
Manifestation destinée à remplacer la fête votive de la Saint Marcelin dont le succès s'amoindrissait. Il était temps de réagir si l'on voulait maintenir le rôle central de Saint-Marcelin dans le Paysage Festif du Baugeois (PFB).

Elle nécessita de nombreux mois d'intense préparation. En effet, à peine la décision prise, on s'aperçut que l'organisation d'une Gay Pride n'allait pas sans poser quelques menus problèmes.
Pouvait-on compter sur une participation active de la communauté gay de Saint-Marcelin? La vérité obligeait à constater que cette dernière présentait le défaut majeur de ne pas exister. Certes, des bruits avaient couru sur tel ou telle, mais comme le répète volontiers M. le maire : "si on écoutait les racontars, il y a beau temps qu'on serait tous en prison!"
La population du pays baugeois était-elle prête à apprécier ce genre de festivités? Bien sûr la Fine Gaule Marcelinoise avait refusé du monde quand elle avait organisé sa soirée chez Michou. D'un autre côté, elle en refusait à chaque voyage, tant il est vrai qu'à Saint-Marcelin, monter dans un car, s'y piquer la ruche à la bouillette avant d'aller baffrer rend toute destination attrayante. 

Jean Rougier-Marcelin balaya ces soi-disant objections d'un revers de main. Est-il vraiment nécessaire d'être gay pour participer à de telles festivités? Autant dire qu'il faut être bœuf pour prendre part au concours des bêtes grasses! Quant à l'adhésion du public, elle se suscite. Etait-il évident d'être réélu avec 98,7% des suffrages après le "scandale" des fausses stagiaires de la mairie?
"Soit dit sans mauvais jeu de mots, il faut retrousser nos manches!" Conclut M. le maire. Et encore une fois il prêcha par l'exemple. 

Quelques jours plus tard, après s'être procuré, sur Ebay, les accessoires nécessaires, Jean, se dirigeant vers son bureau, fut arrêté par le secrétaire de mairie. "Excusez-moi madame, mais cet endroit n'est pas accessible au public". Erreur compréhensible: une blonde platinée boudinée dans un fourreau de lamé argent, des mollets musculeux gainés de bas résilles surplombant des pieds chaussés de talons-aiguilles roses changeaient de l'image habituelle qu'on avait de l'édile. Surtout que la fière moustache à la gauloise avait disparu. Toutefois, avec la rapidité de réaction caractéristique du fonctionnaire territorial, Gérard Dugommier réalisa son impair. "Eh ben Jeannot, sans ton écharpe, j'taurais jamais reconnu!" s'excusa-t-il. "Super, ta tenue! Ca change du blaser rouge croisé et du pantalon anthracite! " (Bien que sans étiquette, JRM porte volontiers l'uniforme d'élu UMP).

Un rien flatté, Jean lui expliqua qu'afin de sensibiliser la population à la fête à venir, il avait décidé de s’habiller désormais en drag queen et que tout le monde ferait bien d'imiter son exemple.
C'est ainsi qu'au fil des jours la tenue vestimentaire des Saint-marcelinois se modifia sensiblement. Des bikers encuirés, chaines en sautoir, déambulèrent nonchalamment main dans la main place de l'hôtel de ville. Ils y croisaient d'opulentes femmes un peu hommasses aux bleus cheveux en brosse, de dodus angelots quinquagénaires en tutu rose. Le drapeau de la mairie troqua le tricolore contre l'arc-en-ciel. Par les douces soirées de mai, Saint-Marcelin prenait des allures de Marais. Certains allèrent jusqu'à insinuer que si le boulanger Lambert et le boucher Lemaître conseillaient à leurs apprentis de porter des strings en cuir dans le fournil ou l'arrère-boutique, ce n'était pas sans arrière-pensées. A quoi, reprenant, un bon mot du maire, les incriminés répondirent que "si on prêtait l'oreille aux "on dits" y'aurait plus de marcelinois en maison d'arrêt que de putes à Corbinville-la-Houleuse." 

Tout cela attirait à Saint-Marcelin une foule de curieux, ce qui était de bon augure. Ne vit-on pas, en signe de solidarité, le jeune sous-préfet de Corbinville venir inaugurer la salle polyvalente en arborant un auto-collant "Gay et fier d'être Baugeois" sur sa casquette?
Une importante campagne d'affichage fut lancée sur l'ensemble du département annonçant la Première Gay Pride du pays Baugeois avec défilé de chars, buvette, stands, dîner dansant, retraite aux flambeaux, feu d'artifice, grand bal costumé (entrée gratuite pour tous les costumés). Bref, pour le 9 juillet, on sortait le grand jeu.
La pression ne cessa de monter à mesure que l'on approchait de l'échéance. Les chars prenaient forme et sous le chapiteau loué pour l'occasion, on venait de partout en admirer les progrès. Ceux des postiers, du conseil municipal, des commerçants et des éleveurs de porcs laissaient loin derrière ceux des artisans du bâtiment, du Crédit Agricole et de la recette des impôts qui pourtant ne manquaient ni de goût ni d'inventivité
.
On réalisa un peu tard qu'à côté de l'événement local, s'en profilait un qui risquait de lui faire de l'ombre. Le hasard des dates faisait que la Saint Marcelin Monolambda tombait le même jour que la finale du mondial de foot. Qu'importe! Un écran géant fut loué qui permettrait de suivre le match. Contre toute attente la France alla en finale et plusieurs centaines de réservations furent enregistrées pour le dîner dansant tant était grande l'envie de se baffrer tout en communiant dans une juste ferveur patriotico-footballistique. 

Malgré quelques nuages passagers, c'est sous le soleil qu'une foule de plusieurs milliers de spectateurs faillit noyer les chars sous une marée de confetti. Les buvettes furent prises d'assaut. Vers sept heures et demie une foule dense, principalement composée de seniors se dirigea pour l'apéro vers la tente du banquet. La chaleur monta tandis que se déroulait un match tendu, où,malgré une domination française incontestable selon Dominique Desaintes, notre expert local, il fallut attendre les tirs au but pour que soit désigné un gagnant. Le stress montait tandis que les tirs se succédaient et que le niveau baissait dans les bouteilles de bouillette. Le score final ulcéra les marcelinois attablés. On reprit quelques coups et on s'apprêtait à lever la séance pour, après la retraite aux flambeaux, assister au feu d'artifice quand de dehors monta une rumeur. 

A suivre...

lundi 23 septembre 2013

Pour en finir avec « L’autocar de l’effroi » (Suite et fin)





Se penchant vers l’infortuné employé des Cars Corbinvillais, elle se mit en devoir de lui rouler un patin avant d’aller « de manu » vérifier les dires de grand maman. Cela entraîna une certaine perte de contrôle par le jeune homme de son véhicule. Lequel recommença de tanguer, réveillant les hurlements. Le hasard voulut que le car fût suivi par un Trafic de la gendarmerie. Les cris des passagers alliés aux embardées que faisait le véhicule alertèrent la gendarmette qui conduisait. Quelque chose de totalement anormal était en train de se produire. En accord avec son collègue, elle actionna la sirène et mit en marche le gyrophare. Réalisant que doubler un car à la trajectoire erratique sur les chemins sinueux et étroits du Baugeois dépassait ce qu’exige le simple courage militaire, Elodie Pinson, sous-brigadier de gendarmerie, intima au gendarme Couillard de contacter par radio la Brigade de Corbinville….

Pendant ce temps, dans le car, la résistance s’organisait. Gérard Blavu, un ancien d’Indochine, prit les choses en main. Appelant les passagers mâles à la rescousse, il décida d’intervenir. Ils se mirent à remonter l’allée centrale ce qui n’était pas aisé vu le gîte et le tangage que connaissait le véhicule au hasard de ses montées sur les bas-côtés. Accrochés les uns aux autres, ils progressaient péniblement. Une embardée sévère faillit faire s’effondrer la colonne héroïque. Les bretelles de Gérard s’en trouvèrent arrachées par Léo qui s’y agrippa désespérément pour éviter la chute. Malgré tout, ils parvinrent à s’approcher du poste de pilotage. Il fallait maîtriser la Rosière sans aggraver le manque de contrôle du jeune chauffeur. Plus facile à dire qu’à faire, vu qu’à ce moment la charmante faisait à ce dernier le coup de la pieuvre amoureuse en lui criant à l’oreille d’hystériques « Dis-moi que tu m’aimes ! » ou d’encourageants « Tu sens pas que je me transforme en marécage ? », tentant de détacher du volant les mains du conducteur afin qu’il puisse constater ses dires. Le chauffeur se montrait peu sensible aux invites de la demoiselle. Chaque fois que les mouvements désordonnés de sa conquête le lui permettaient il regardait la route et tâchait de s’y maintenir. Il avait réduit la vitesse de son car, mais, vu qu’une cuisse de la belle lui interdisait l’accès au levier de vitesse et que n’importe comment quitter le volant des mains était hasardeux, il lui fallait éviter de caler, ce qui aurait mis en panne le freinage et la direction assistée.

Les vétérans, animés de courage Gaulois, après s’être concertés, se saisirent, qui d’une jambe, qui d’un bras de la furie et parvinrent finalement à l’arracher à sa proie. Ce ne fut pas sans peine. Elle griffait, ruait, faisait alterner les « Mon amour, on nous sépare ! » larmoyants aux tombereaux d’injures adressées aux braves. Finalement, l’audace paya et l’escouade parvint à la clouer, ventre au sol, dans l’allée. Gérard se jeta sur elle afin de l’y maintenir de tout son poids. Un autre lui enfonça son mouchoir dans la bouche, tandis que ses compagnons maîtrisaient les membres de l’agitée. Le chauffeur, encore tremblant de l’assaut, reprit son véhicule en main. Juste à temps pour apercevoir un essaim de voitures de la gendarmerie dont une lui barrait la route à quelques centaines de mètres de là. Il s’arrêta comme l’y invitaient les gendarmes puis actionna le système d’ouverture des portes. Un membre des forces de l’ordre se précipita, l’arme au poing, par la porte béante.

 
Pour quiconque n’avait pas assisté à ce qui précède, la situation était claire autant que révoltante : un groupe de quasi-vieillards maintenait au sol une jeune personne dénudée, tandis que l’un d’entre eux assouvissait sur elle des instincts contre-nature, bretelles tombées. Les autres gendarmes accourus aidèrent leur collègue à secourir la malheureuse. Non sans horions. Les vieux, ne comprenant rien aux coups injustes qui pleuvaient, se débattaient comme de beaux diables. Les autres occupants du car protestaient contre l’intervention. L’adjudant-chef Béguinard contemplait la scène avec tristesse tandis que la gendarmette Pinson entraînait une Ginette passée de l’ivresse à l’abattement vers son Trafic afin de l’y réconforter. « Pauvre France, soupira mentalement le brave gradé ! ». Il avait quitté le 9 cube pour finir tranquillement sa carrière à la campagne… Pour y trouver quoi ? Une bande de débauchés séniles soumettant à une tournante la Rosière de Saint-Marcelin sous l’œil complice de leurs compagnes ! Sourd aux plaintes, protestations et menaces des voyageurs, il décida que l’on emmènerait le car et ses occupants à la brigade sous bonne escorte. Ce qui fut fait.

Le calme revenu, la vérité des faits fut finalement rétablie. Les gendarmes durent reconnaître leur erreur et adresser leurs excuses aux voyageurs. Restait le cas de Ginette. Comment expliquer son comportement ? Il fallut toute l’habileté et l’influence de Jean Rougier-Marcelin pour arranger l’affaire. Mis au courant de l’affaire, le maire accourut auprès de son administrée. Il sut trouver les mots pour expliquer aux gendarmes l’origine de ce qui n’était, à tout prendre, qu’un fâcheux incident. Il n’y avait pas mort d’homme, après tout ? En fait, la pauvre Rosière était une anxieuse. Elle devait passer le matin même un examen de droit administratif à la sous-préfecture dans le but de faciliter sa titularisation à la mairie de Saint-Marcelin. Ne disposant pas de véhicule, il lui fallait s’y rendre par le car, seul moyen de transport dont elle disposât. Seulement, elle avait la phobie de ce genre de véhicule. Depuis toujours. Malade dans le car de ramassage scolaire ! Tous les matins ! L’idée de revivre son calvaire d’enfant la stressait. L’édile avait bien tenté de la rassurer. Il l’avait même aidée jusque tard le soir dans ses révisions… Rassurés quant à ses capacités de réussite, ils avaient même décidé d’aller fêter son succès annoncé en boîte. Au champagne ! Une bouteille appelant l’autre, ce n’est que bien tard que le maire avait ramené Ginette chez elle. Seulement, face aux stress combinés de l’examen et du voyage en car, la pauvre petite n’avait pu s’empêcher de prendre avant son départ quelques tranquillisants. Combinaison explosive ! Qui explique la suite…

Les gendarmes voulurent bien relâcher la jeune femme après avoir enregistré sa déposition. Sur intervention de Jean Rougier-Marcelin, les voyageurs qui avaient menacé de porter plainte s’empressèrent d’y renoncer. Le jeune chauffeur, remis de ses émotions, fut invité par son agresseur à une petite fête, le soir même. Il s’avéra en être le seul invité et n’eut pas à le regretter. Bref, tout s’arrangea. A la Baugeoise…