..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

dimanche 23 décembre 2012

On en a encore pour un bon bout de temps !



Contrairement à ce que je pensais, le calendrier des mayas est naze. Inutile qu’ils passent chez moi l’an prochain : je ne le prendrai pas.

Donc c’était pas pour ce coup-ci. Faudra patienter. En attendant ce beau jour, ne serait-il pas utile de préciser ce qu’on entend par la fin du monde ? Ce n’est pas du tout évident quand on pense que certains envisageaient d’y survivre.  Qu’il y aurait des coins épargnés. En fait de fin du monde, ils s’attendaient à une disparition quasi-totale de l’humanité. Ce qui n’est pas mais pas du tout la même chose.

De plus pessimistes allaient jusqu’à envisager la disparition de la Terre. C’est déjà mieux. Car dans ce cas pas de survivants à part peut-être les quelques zozos qui auraient à ce moment été placés sur orbite dans une station spatiale. Vu que les provisions ne sont pas éternelles et qu’ils n’auraient eu nulle part où retourner ni personne pour venir les chercher, ça n’aurait pas duré bien longtemps.

Peut-on cependant  considérer que la disparition de notre planète serait la fin du monde ? La lune, le soleil, les étoiles n’en feraient-elles pas partie ? Pourtant, sans eux notre monde, en plus d’être invivable serait incomplet. Il me paraît donc indispensable qu’une fin du monde digne de ce nom inclue la disparition de l’ensemble des astres visibles  et invisibles c'est-à-dire  de l’Univers.

Et c’est là que le problème se corse : comment détruire l’Univers ? C’est pas un météore qui risque de le faire ! Si on en croit les spécialistes – et pourquoi ne les croirait-on pas vu qu’ils ne sont pas mayas ? –, l’Univers proviendrait de l’explosion, avec grand bang et tout (je ne vous dis pas la tête des voisins si ça s’est produit pendant leur sommeil vu qu’il n’y avait pas de voisins), il y aurait une quinzaine de milliards d’années, ce qui n’est pas rien. Sans compter que  pour qu’une masse de matière dense explose, il fallait bien que cette dernière préexiste à ladite explosion.

En admettant que le phénomène s’inverse pour une raison ou pour une autre, il faudrait autant de temps pour en revenir à l’état de départ qui, comme je l’évoquais n’est forcément qu’un état précédent. Autant dire qu’il nous faudrait attendre quelques milliards d’années entre le début de la fin et la fin du monde proprement dite. Ce qui userait la patience des plus calmes d’entre nous.

Décidément, la véritable fin du monde ne semble pas pour demain. Pas plus que la fin de la pluie en Basse-Normandie.

samedi 22 décembre 2012

Le bon docteur m’emmerde !



Hier je suis parti pour Avranches voir un spécialiste. C’est son confrère le dermato qui m’avait pris le rendez-vous. En effet, il m’avait diagnostiqué un carcinome basocellulaire chose que la biopsie confirma.  A ceux qui, comme moi, ne s’intéressent pas à la médecine j’apprendrai qu’il s’agit d’un cancer de la peau bénin. Pas le méchant, celui qui vous colle des métastases partout avant de vous envoyer  voir si le Père Éternel est moins chiant qu’Hollande. Non, juste un petit cancer sympa qui vous donne à peine un sujet de conversation quand cette dernière languit.

La veille, j’étais allé voir mon généraliste qui, ayant reçu les résultats de la biopsie, avait cru bon de me rassurer alors que je n’étais pas du tout inquiet. Je lui rends visite tous le 3 mois afin de renouveler l’ordonnance pour le traitement de ma soi-disant affection cardiaque. Il a compris que je me fous carrément de ma santé et plutôt que d’en parler, on cause de tout, de rien, on rigole, on anecdote. Un médecin de rêve !  Il m’avait quand même assuré que l’opération ne serait rien. Deux coups de bistouri et hop !, on rentre vite fait dans ses collines.

C’est donc plein d’une mâle assurance que j’entrai dans le cabinet du chirurgien. Il m’examina puis m’expliqua, photos à l’appui ce qu’il comptait faire. Je lui dis « Eh bien allons-y ! ». C’est là que les choses se gâtèrent. En fait de deux coups de bistouri et hop !, il m’annonça qu’il m’opérerait en ambulatoire  à la clinique et qu’auparavant il me faudrait prendre rendez-vous avec l’anesthésiste.

La perspective d’un nouveau voyage à Avranches ne me disant rien du tout, je lui demandai si, vu le côté bénin de la chose, il était utile de se lancer dans cet ennuyeux parcours médical. Et voilà  le bon docteur qui m’explique que ce genre de lésion, si elle n’est pas létale a tout de même tendance à s’étendre. Et de me citer le cas d’un sien patient qui, faute de soins, y aurait laissé un œil et le nez. J’ai beau avoir deux yeux, je n’ai qu’un nez. De telles menaces vous douchent l’insouciance.

Et voilà : le 28 janvier il me faudra avant l’aube me rendre en taxi ou ambulance (l’anesthésie même locale étant plutôt forte) à la clinique pour me faire charcuter. J’en suis contrarié. D’autant plus que qui dit anesthésie dit point de tabac.

Décidément, la médecine et ses praticiens m’emmerdent.

vendredi 21 décembre 2012

Warehouse blues (3)



Pour filer la métaphore météorologique esquissée précédemment, l’orage n’éclate pas en plein ciel bleu. Ce dernier se voile puis se couvre avant les premiers éclairs.

Dès le début 85, ça devient moins lumineux : après un bon départ, Bourges stagne. Des concurrents ouvrent. Rien de catastrophique, mais quand même. Bien que sachant que, du fait du surcroît de charge de personnel, nos revenus vont forcément baisser, nous faisons un pari. Fort de notre excellent bilan de juin 84, nous décidons au printemps d’emprunter pour d’acheter une belle maison avec un grand parc. Pour en payer les traites, il faudra bien se manier un peu le cul : ça nous boostera !

Comme prévu, le bilan de juin 85 est moins bon : nos revenus sont divisés par deux. Fin 85 M. Bérégovoy nous envoie sa « petite » note : il n’y va pas avec le dos de la cuiller, le vilain petit binoclard.  C’est quand même un peu plus de 36 % du total de nos revenus de 84 qu’il nous réclame ! A payer avant le 15 mars 86 ! Le plus gênant, c’est comme je l’ai dit que notre bel argent de 84, on l’a réinvesti. Et que la somme réclamée représente pas loin de 75 % de nos revenus de 85 !

Je vais expliquer tout ça à la dame de la perception. Elle est gentille et compréhensive comme tout. Elle m’accorde de payer ça en dix mensualités…

Seulement, rien ne s’arrange. A Bourges comme à Châteauroux la concurrence s’accentue. Les chiffres se maintiennent mais pour y parvenir il faut faire de plus en plus de promos et qui dit promos dit plus de pub pour les faire connaître. Marges en baisse pour causes de promos, frais en hausse pour cause de pub, on finit par ne plus rien gagner. Il devient de plus en plus difficile de faire face aux échéances…

Le paiement  des impôts s’avère impossible à assurer. Surtout que ceux sur 85 sont venus s'y ajouter. Les pénalités tombent, s’accumulent. Désormais on ne fait que courir après la trésorerie. Ça va durer deux ans et demi .

Je vous épargnerai les détails. On fermera Bourges, on licenciera, on vendra la maison, la belle auto… Tout foutra le camp, inexorablement… Nos fournisseurs principaux, connaissant eux-mêmes de gros problèmes bradent leurs marchandises aux concurrents. Commencera la ronde des huissiers, des traites impayées, des négociations dont on sait à l’avance qu’on ne pourra tenir les termes, des montages financiers douteux.

Ça  c’est pour l’objectif. Seulement le bonhomme, à force de voir s’écrouler tout ce qu’il avait cru construire, il est en bien piètre état. Il déprime, ce con. Idées noires et tout. Heureusement qu’il a une fille ! La dame, elle va beaucoup mieux.  D’aciers qu’ils sont ses nerfs. Elle s’en fout de laisser un trou de 500 000 ou d’un million de francs. « On ne nous donnera pas une médaille pour avoir limité les dégâts » qu’elle dit.  Mais le monsieur, ne voit pas ça comme ça. Il voudrait qu’on arrête le cirque, après avoir planqué un peu de sous en vue d’un autre départ. Elle ne veut rien savoir et le commerce est à son nom… Du coup, celle qu’il avait pendant plus de dix ans considérée  comme sa planche de salut, une source de force et de bonheur devient à ses yeux une ennemie qui l’entraîne irrémédiablement vers des profondeurs dont il ne voit pas comment il pourra s’extraire.

En janvier 89, ça s’arrêtera. Enfin et bien tard. Je suis en miettes, voire en purée. Quelques mois après ce sera la séparation. Plus de boulot, plus de femme, plus de logement, plus un rond.  Un stage de commerce international  à Brive, puis le départ pour Londres seront les premières étapes d’une longue et lente reconstruction.

Bon, c'est pas bien gai tout ça.  Pour détendre l'atmosphère, en guise de conclusion, je citerai quelques vers du joyeux Louis Aragon :



Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son cœur Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
          Il n'y a pas d'amour heureux