..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

lundi 29 octobre 2012

Questionnement d’un fumeur invétéré



J’ai dû commencer à fumer vers l’âge de douze ans. Il y a donc 50 ans de cela. Se défaire d’une telle habitude ne serait pas simple. Même si je ne prends aucun plaisir à cette salle manie.

Je constate depuis quelques années que le prix du paquet de cigarettes ne cesse de grimper, bien plus vite que l’inflation.

Des mises en garde dont l’aspect rappelle furieusement celui des faire-part mortuaires d’antan sont apparues sur les emballages, nuisant à leur esthétique.

Au dos du paquet, des photos également bordées de noir sont plus récemment apparues, censées engendrer la peur chez le chaland.

Une nouvelle innovation fut d’imposer un papier perforé ayant pour mission de faire s’éteindre la cigarette en cas de non-tirage. La principale conséquence en est de rendre l’acte de fumer encore plus désagréable.

Depuis quelques jours, j’entends à la radio un vieux gars qui semble au bord de la tombe se plaindre d’avoir du mal à passer d’une pièce à l’autre ou de monter à l’étage. On évoque plusieurs causes, dont le diabète, le cholestérol, l’hypertension et le tabac. Le moribond s’écrie (enfin, autant qu’il puisse s’écrier le pauvre ! ) que s’il avait su… Aurait-il dans ce cas renoncé au diabète ?

Sans vouloir tomber dans la paranoïa, j’en suis à me demander, si, de manière subreptice, on ne tenterait pas de me décourager de fumer…

samedi 27 octobre 2012

Portail de l’amour ?



Titre énigmatique ! Je détromperai tout de suite ceux qu’une imagination malsaine pousserait à envisager la transformation de ce blog de haute tenue en je ne sais quel site de rencontres coquines. C’est d’un drame humain que je vais traiter.

Au printemps un jeune couple emménagea en face de chez moi dans la maison que possède Maurice, ancien d’Algérie et accessoirement fournisseur de viande d’agneau et de bois de chauffage. Un couple bien discret, bien calme, pas expansif, poussant la discrétion jusqu’à ne jamais dire bonjour ni répondre au signe de la main dont on salue le motorisé qui passe, qu’il soit en voiture ou en tracteur.

Cet admirable effacement était cependant battu en brèche par le petit animal dont la compagnie venait ajouter au bonheur du ménage. Ce carlin compensait largement le mutisme de ses propriétaires par la vigueur et la fréquence de ses aboiements. De plus il tentait sans vraiment y parvenir d’escalader le portail qui clôt la cour de la demeure. La vaillante Elphy, toujours prompte à donner la réplique à tout aboyeur, le rejoignait dans un véhément raffut  concert canin.

Et puis soudain, le portail demeura ouvert et le silence s’établit. Je n’y prêtais pas  plus  attention que cela. Un jour que je prenais le café avec Maurice ce dernier soupira que son pauvre locataire n’avait pas de chance. Je m’enquis de ce qui provoquait ce commentaire désabusé. Ainsi  appris-je que la jeune femme avait  déserté le nid d’amour si récemment construit. Travaillant dans la même usine mais avec d’autres horaires, la volage avait trouvé durant ses moments libres autre chaussure à son pied ou couvercle à son pot ! Le chien lui appartenant, elle l’emporta. Ainsi s’expliquait la béance clôturière.

Il y a quelque temps, je remarquai que le portail était de nouveau fermé. L’amour était-il de retour ? Le malheureux  cocu  éconduit avait-il obtenu la garde alternée du chien ? Sa fierté lui avait-elle, dans un sursaut, dicté de cesser d’étaler son infortune ?

Toujours est-il que le portail demeure clos. 

vendredi 26 octobre 2012

Impudence et folie du campagnol



Hier, j’ai jeté sur le bord de la route la vingt-quatrième dépouille de campagnol de la saison de chasse commencée  voici à peine un mois.  Curieusement, j’ai trouvé cette dernière victime non pas prise au piège mais à côté d’un piège qu’elle avait fait tomber d’une étagère, sans blessure apparente. Comment expliquer ce décès ? Plutôt que de jeter le petit cadavre aurais-je du faire pratiquer une autopsie ? Aurait-il succombé à une crise cardiaque suite à l’émotion  provoquée par le déclenchement du piège ?  Serait-il mort de vieillesse ou de faim alors qu’il s’apprêtait à se repaître du fromage accroché à la tapette ? Autant de question qui resteront à jamais sans réponse.


Quoi qu’il en soit, depuis mon retour de vacances, c’est le deuxième fait troublant que je constate en matière campagnolesque. Le matin, quand j’y pense, je fais le tour des pièges  afin de voir si ceux-ci ont joué leur rôle. Or donc, que vis-je lors d’une de ces tournées ? Tout près d’un piège déclenché, j’aperçus un de ces petits monstres rongeurs. De ses yeux en boutons de bottines il me toisait avec arrogance (c’est du moins l’impression que j’en retirai même s’il est difficile d’évaluer avec justesse l’état d’esprit d’un campagnol). J’aurais pensé normal que, se sentant en danger, la sagesse lui eût conseillé de fuir. Il n’en fut rien. Interloqué, je ne réagis qu’au bout de quelque secondes. Pensant que l’animal avait une patte coincée dans le piège ou qu’il était rendu incapable de se mouvoir par une blessure que lui aurait infligée la tapette, j’avançai la main pour me saisir de cette dernière. C’est alors que la bête s’enfuit  avec une rapidité fulgurante.


Outre le fait que nous étions en plein jour et que l’abominable rongeur des champs est supposé être nocturne, une telle impudence me surprend  comme elle m’inquiète.  Si ma présence ne dérange pas plus que ça la bestiole, s’enhardissant, n’en viendra-t-elle pas à boulotter sous mes yeux ahuris les miettes de mon petit déjeuner, voire dévorer à belles dents les cacahuètes qui accompagnent l’apéro ? 


De telles perspectives me glacent.

jeudi 25 octobre 2012

Un manque criant de diversité





Que dire de la basilique Saint-Sernin de Toulouse ?  Que c’est une merveille.  On pourrait entrer dans les détails.  A quoi bon ?  Ce sanctuaire qui des siècles durant a su attirer la foule des pèlerins remplit son rôle : frapper celui qui y pénètre par sa majesté et, pour les croyants, exalter l’âme.  Les moyens mis en œuvre pour y  parvenir n’ont d’intérêt  que pour les amateurs d’architecture religieuse (dont je suis à mes heures perdues). Seul le résultat compte.  Et ce résultat est atteint.

Lorsque je visite la Sainte-Chapelle, j’aime observer l’expression des visages lorsque, l’escalier gravi, les visiteurs découvrent pour la première fois la chapelle haute. Une sorte de sidération s’y lit. Sans provoquer ce genre de stupeur, Saint-Sernin s’en approche.  Si vous ne me croyez pas, allez-y voir…

Un autre spectacle m’a sidéré, non dans le sanctuaire, mais alentour. Lors de notre visite, le dimanche matin, se tenait sur la place Saint-Sernin un marché aux puces. Notre but n’était pas d’en regarder les stands ni d’écouter, ébaubis, les boniments des posticheurs : nous n’étions venus que pour la basilique. Ce qui me frappa, fut la foule.  Elle manquait de bigarrure. On se serait cru sur quelque marché d’Afrique du Nord. Il y avait bien quelques noirs et quelques rares blancs mais l’écrasante majorité semblait venue du sud de la Méditerranée tant par l’aspect que par la langue pratiquée. Dans les rues adjacentes, de jeunes hommes parlant arabe proposaient aux passants des cigarettes de contrebande.  Des blousons de cuir y étaient offerts à des prix ridicules, le marchand criant avec humour « Volés le soir, vendus le matin ! ». Était-ce de l’humour ?

Tout cela tendait à rendre le sanctuaire incongru, comme déplacé. Un peu comme si le marché de Saint –Lô se tenait à l’ombre d’une mosquée…

mercredi 24 octobre 2012

Voyage dans le temps



Sur une placette du vieux Foix, il est une boutique. Son enseigne en verre peint, de celles qui firent rage jusqu’au début du siècle dernier, annonce, lettres d’or en faux relief sur fond noir, non la nature du commerce mais le nom d’un  fier propriétaire. Nom qui m’échappe. Toutefois quelques appareils ménagers et surtout les interminables rangées de tiroirs  en bois que laisse apercevoir la vitrine nous renseignent : le commerce est une quincaillerie. Bien sûr, l’enseigne a un peu perdu de son lustre. Il est probable que l’actuel propriétaire ne porte plus le nom qui s’y affiche. Quoique…  Pourquoi ne serait-on pas quincailler à Foix de père en fils depuis des générations ?

Un homme en blouse bleue perché sur un massif escabeau de bois, d’époque lui aussi, un chiffon à la main, plusieurs produits d’entretien posés sur la  plate-forme supérieur, nettoie sa vitrine. Il y était quand nous arrivâmes à l’hôtel, il s’y trouvait encore quand nous en sortîmes pour faire un tour en ville. Toujours fidèle au poste quand nous en revînmes. Il faut dire qu’il travaillait à gestes lents et que sa tâche semblait souvent interrompue par une conversation avec quelque passant ou passante. L’homme n’était pas vieux, juste entre deux âges. 

Des quincailleries de ce genre, j’en ai connu dans les années soixante-dix à Tours ou à Lannion. Leurs centaines de tiroirs contenaient toutes les merveilles qu’on pouvait espérer. Vous aviez la serrure, on vous trouvait la clé. Vous aviez la clé, on vous trouvait la serrure. Semences, vis, clous à tête dorée, d'homme ou plate, pentures, crémones, gonds ?  On y trouvait son bonheur. Pour un prix ridicule, un vendeur en blouse grise vous enveloppait les cent grammes de semences que vous guigniez dans un bout de papier journal.

Ces commerces ont disparu. Les frères Brico (Marché, Rama ou Dépôt, les prénoms sont bizarres dans cette famille !) et les compères Leroy et Merlin ont eu leur peau.  C’est du moins ce que je croyais. Et puis j’ai vu cet homme sur son escabeau, la blouse bleue comme une trahison. Trahison ou concession à la modernité, la blouse grise de coton ne se fabricant plus ?

Homme, vitrine, enseigne et commerce anachroniques. Témoins d’un temps plus lent, moins avide de profit. Pour combien de temps encore ?