Deux jours sans le moindre billet ! Même si personne ne
me le demande, je ressens l’obligation morale de m’en expliquer. Je pense aux
centaines de lecteurs qui en ont perdu le sommeil et dont le quotidien s’est
assombri faute du rayon de soleil matinal que leur apportent mes bavardages.
Certains doivent penser que j’ai
succombé à une attaque de piérides et de campagnols ligués pour assouvir quelque
mesquine vengeance. D’autres que j’ai été plus banalement victime d’un AVC ou d’un
infarctus. En fait, il n’en est rien. Je suis toujours là, fidèle au poste,
solide comme le Pont Neuf.
Mon absence est due à des présences : celle de ma fille
et de ma compagne (sans parler du York sanguinaire). La première arriva
vendredi soir au volant de son Audi flambant neuve (si tant est que « flambant »
puisse s’appliquer à une voiture blanche).
La seconde (accompagnée de son inséparable troisième) le samedi. Tout ça a grandement perturbé ma
routine. On bavarde, on cuisine, on apérote,
on ripaille, on se couche et se lève tard et plus de temps pour les billets.
Ces deux jours ont passé à une vitesse ! Bénéficiant de
main d’œuvre gratuite, j’en ai profité pour poser les 20 mètres de grillage
manquant à ma nouvelle clôture dont j’avais, en vue de cette aide, scellé les jours précédents les piquets et tendu
les fils. J’ai également, suite à la démonstration que m’avait faite Erwan, mon
ancien élève et nouvel ami, pu rendre à ma tondeuse la parfaite régularité de son
ronronnement.
Cuisiner de bons repas pour celles que j’aime, bricoler,
bavarder calmement avec deux femmes de
compagnie agréable et d’humeur sereine : que demander de plus à la vie ?
Le retour à la routine sera lui aussi bienvenu.
PS : Cela n’a strictement rien à voir mais j’apprends
avec tristesse par le Daily Telegraph que Gabriel Garcia Marquez est atteint,
depuis déjà plusieurs années, de démence
sénile. Il n’écrira jamais la fin de son autobiographie et ne nous gratifiera
plus d’aucun de ces livres magistraux qui ont fait de lui un des plus grands
écrivains de notre temps. On peut penser
ce qu’on veut de ses prises de position politiques, mais ça n’enlève rien à son
talent ni à ma peine.