..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

samedi 26 novembre 2011

Les paysans ? Ils ne pensent qu'à s'amuser ! (2)





Je l’ai déjà dit, le paysan est d’un naturel joueur. Sa soif inextinguible de distractions stimule sa créativité jusqu’à l’absurde.

Depuis plus d’une semaine, l’un d’entre eux se livre à une activité aussi nouvelle qu’intrigante. Ses tracteurs, roulant à tombeau ouvert, munis de très longues remorques passent d’abord à vide puis, plus lentement, chargés d’une étrange cargaison retournent d’où ils venaient. Je ne vois pas, de mon bureau l’endroit où ils se rendent. J’aperçois simplement, au loin, tracteurs et remorques monter lentement un chemin avant de disparaître de mon champ de vision.

J’ai d’abord cru qu’ils transportaient du bois. Mais, vu le volume chargé, ce n’était pas possible pour des raisons de poids. Intrigué, je profitai du passage devant ma maison d’un chargement pour en avoir le cœur net. Je fis une découverte étonnante : en fait, il s’agissait de sapins ! Pas de grands fûts de sapin, non, de sapins entiers mais petits !  De plus, leur ramure était prisonnière d’une sorte de filet de plastique vert ! Là ne s’arrêta pas ma surprise : j’aurais pu admettre que, ne sachant trop quoi faire au cœur de l’automne, la sainte-Catherine approchant, le paysan ait entrepris de replanter ses sapins dans un endroit plus propice mais, aussi incroyable que ça puisse paraître, il semblait qu’il eût coupé toutes leurs racines  et même retiré l’écorce de la base de leur tronc donnant  à celle-ci une forme tronconique régulière ! 

Je ne vois vraiment pas ce que ce pauvre homme pourra bien faire de ces arbrisseaux mutilés ! Les mettra-t-il à sécher pour en faire un piètre combustible ?  Deviendront-ils, une fois débarrassés de leurs branches,  de minables  piquets de clôture ? Non, ça ne tient pas !

Si vous aviez des suggestions susceptibles de donner une logique quelconque à cette absurde activité, n’hésitez pas. 

Pour moi, cet homme est fou.

vendredi 25 novembre 2011

La retraite ? Un monde merveilleux !




Pierre qui roule n’amasse pas mousse. Pour avoir pas mal roulé, je peux  confirmer. C’est en vain qu’on chercherait sur moi la moindre trace de mousse. D’ailleurs je ne m’appelle pas Pierre. C’est peut-être pour ça.

Toutefois, au plan métaphorique, si  la pierre qui roule est l’homme instable et  la mousse représente les biens matériels, le proverbe demeure vrai. Je ne suis pas très moussu et le pire c’est que je m’en fous complètement. En revanche, et ça ne simplifie pas la vie, pierre qui roule amasse les caisses de retraite. Il y a trois mois que je passe ma vie à écrire aux divers organismes qui sont censés me verser un petit quelque chose moyennant complétion de dossier. Pour l’instant, ils sont sept et, si Dieu me prête vie, dans quatre ans ils seront huit.

Huit retraites ? Si ce n’est pas du cumul ! Mouais… Cumul, certes, mais montant cumulé un peu maigre. Ne nous plaignons pas cependant : il est bien agréable d’être payé à ne rien faire, chez soi, en toute liberté.

Récapitulons : Outre la CNAV, je reçois des sous de mes amis de L’AGIRC et de l’ARRCO. Jusque là, rien que de très normal. Je reçois, depuis mes soixante ans, alors que je travaillais encore, une pension complémentaire du Teachers’ Pension. Pour celle de la sécu anglaise, il me faudra attendre d’avoir 65 ans.  Une autre vie me vaut de recevoir des sous de Mme IRCANTEC. Une autre encore contraint M. RSI (retraite des indépendants) à m’envoyer des sommes risibles.  Enfin, quand ils voudront bien s’en donner la peine, je devrais recevoir un petit quelque chose de l’APC, organisme un rien mystérieux chargé du non moins obscur  « Régime Additionnel ».

Je me suis longtemps plaint de n’avoir qu’une source de revenus alors que j’avais moult sources de dépenses. Tout a changé : j’ai maintenant de multiples sources de revenus et moins de sources de dépenses. Ce que j’appelais le « Miracle de la fin du mois », tant j’appréciais que de façon quasi-magique me soit régulièrement viré un salaire, s’est transformé en une série de petits miracles dont j’espère qu’aucune crise majeure ne viendra altérer la fréquence ni le montant.

Je vis donc désormais dans un monde merveilleux où, entre deux miracles du trimestre viennent s’intercaler les miracles du 9 et ceux, à dates variées,  de  la fin du mois. 

Elle est pas belle la vie ?

jeudi 24 novembre 2011

Voyage (scolaire) au bout des ennuis





Un jour, au zoo, l’idée saugrenue d’emmener l’ensemble des cinquièmes passer une semaine en Angleterre germa dans l’esprit ingénu d’une jeune collègue d’anglais. Le projet dut plaire puisqu’il se réalisa. Je fus choisi, avec mon vieil ami D, anglais et ex-militaire dont la conception musclée de l’encadrement se montra bien souvent utile, une jeune collègue et l’initiatrice du projet pour accompagner le convoi.

Un voyage scolaire n’est jamais reposant. Mais emmener une cinquantaine de p’tits gars en car avec quatre accompagnateurs c’est plus que de la témérité. Cette semaine dépassa mes angoisses.

Je passerai rapidement sur le début d’incendie qu’ils allumèrent dans le car, sur la manière peu protocolaire dont nous nous fîmes virer par les gardes du parvis de Westminster abbey, sur les longues marches à travers Londres au cours desquelles  ils s’amusaient à ennuyer les vieilles personnes croisées, sur les soirées entrecoupées des coups de fils de familles d’accueil qui nous exprimaient leurs nombreux griefs et déceptions  ainsi que sur les pleurs de nos petites collègues quand les événements les dépassaient.  Je ne retiendrai que trois moments forts de cette infernale odyssée : la visite au zoo, ma nuit à l’hôpital et le moment des adieux.

Nos p’tits gars semblant intéressés par les bêtes, nous les laissâmes baguenauder à leur aise dans les allées du zoo, leur demandant de nous rejoindre à une heure donnée dans le hall. Tandis que je les y attendais, l’un d’eux vint me demander ce qu’il pouvait acheter avec la monnaie qu’il tenait dans sa main. Visiblement pas grand-chose, lui dis-je au vu de la somme que je comptais pour lui tout en remarquant qu’elles étaient un peu bizarres d'aspect, ses pièces. Nos ouailles rassemblées, nous montâmes dans le car et nous apprêtions à partir quand un agent de la sécurité frappa à la porte tandis que ses collègues entouraient notre véhicule. Une fois dans le car, il nous expliqua que nos petits anges avaient vidé de son argent la fontaine des vœux et que, s’ils ne restituaient pas ledit argent, ils appelleraient la police. On traduisit et alors les fenêtres du car s’ouvrirent et s’en échappa une pluie de pièces à faire rêver un chanteur de cour : nos chères têtes pas-toujours-aussi-blondes-que-ça se délestaient fissa de leur bigaille afin de ne pas se faire prendre les poches pleines de pièces oxydées.  Après une première quête dans le car, auprès de ceux qui n’étaient pas près d’une fenêtre, quelques volontaires désignés furent chargés de ramasser, par seaux entiers, les piécettes qui jonchaient le sol autour du car sous le regard soupçonneux des gardes. La sécurité, satisfaite, finit par nous laisser partir…

Un soir, alors que nous nous préparions à une nuit de repos bien méritée, le téléphone sonna et une brave dame affolée m’annonça que le p’tit gars qu’elle hébergeait souffrait de violentes douleurs aux parties. Elle allait l’emmener à l’hôpital mais il lui fallait un interprète. J’acceptai. Je n’aurais pas dû. Si vous ne connaissez pas le service d’urgence d’un hôpital anglais, je ne voudrais pas vous priver de la surprise quand vous en ferez l’expérience. C’est,  disons, ...étonnant.  Pour faire court, après quelques longues heures d’attente en compagnie du gars qui geignait, nous finîmes par rencontrer un médecin qui m’annonça que le petit s’était, allez savoir comment, retourné un testicule et qu’il fallait l’opérer d’urgence. Au cas où il serait trop tard, l’ablation s’imposerait. Je tentai alors d’appeler  le numéro de portable  des parents mais, bien entendu, personne ne me répondit. Je me trouvai donc, de facto, responsable légal du gamin ayant à décider de l’opportunité de l’opération. Je ne pus qu’accepter, mais tout le temps qu’elle dura je n’en menais pas large. Un p’tit gars qui se serait réveillé avec un petit quelque chose en moins aurait peut-être été difficilement gérable… Tout se passa bien. Ouf ! Vu l’heure tardive, on me proposa de garder le petit, et, toujours serviable,  j’acceptai de rester lui tenir compagnie. On m’offrit donc un lit pliant particulièrement inconfortable et ainsi je pus passer une nuit d’insomnie rythmée par les hurlements de bébés et de jeunes enfants malades qui font le charme ordinaire d'un service de pédiatrie. A côté de moi, le jeune ronflait du sommeil du soulagé…

Tout ayant une fin, même les pires choses, le jour du départ arriva. Les hébergeurs nous ramenèrent nos  chers petits. Certains, après nous les avoir déposés, revinrent bien vite. Eh oui, certaines séparations sont difficiles… C’était d’ailleurs réciproque. Quelques p’tits gars, probablement pour garder un objet auquel accrocher les souvenirs de cette semaine mémorable, avaient cru bon, dans leur innocente fraîcheur, d’emporter avec eux quelques petits souvenirs de la famille qui les avait accueillis. Curieusement, les familles en question  auraient préféré que leurs souvenirs demeurent purement sentimentaux et venaient donc réclamer qu’on leur rendît les bibelots ou autres pièces d’argenterie selon eux dérobés. Tout le monde n’est pas Monseigneur Bienvenu. C’est dommage mais c’est comme ça. Cerise pourrie sur l’infect gâteau, dans une démarche inverse, un des p’tits gars avait tenu à laisser un souvenir à ses logeurs : n’ayant rien à offrir, le pauvre, avant de refaire consciencieusement son lit, avait copieusement pissé sur le matelas. Les babioles restituées, la propriétaire du matelas dédommagée , nous reprîmes le chemin de  Doulce France, les yeux emplis d’étoiles…

mercredi 23 novembre 2011

Repentance




Comme vous tous, j’ai une forte envie de me repentir un petit peu tous les jours. Je crains, si je faisais pas mon devoir de mémoire de mériter un zéro pointé et de ne pas passer dans la classe supérieure.

De quoi serais-je censé me repentir ?  A peu près de tout ce qui, dans notre histoire nationale, est criminel. Et ce ne sont pas les mauvaises actions qui  manquent : Croisades, esclavagisme, colonisation, participation à la « solution finale », génocide vendéen, massacres de la terreur, guerre d’Algérie, etc.

Certains esprits forts viendront m’objecter qu’ils ne voient pas de raisons pour que l’on se repente de crimes auxquels on n’a pris aucune part vu que qu’ils  furent  perpétrés avant notre naissance et que, même pour ceux commis de notre vivant, il n’y aucune raison de le faire, vu qu’en général on n’a joué aucun rôle dans la prise de décision qui les a entraînés. Que ce n’est pas à nous, mais à l’État de faire acte de repentance. Ah oui, à l’État ? C’est qui l’État ? Si j’en crois le petit Robert, ce serait l’«autorité souveraine s’exerçant sur l’ensemble d’un peuple et d’un territoire déterminés ». l’État à un chef. Il serait donc logique que ce soit lui qui se repente, au nom du peuple.

Vous croyez vraiment qu’il n’a que ça à faire ? Avec la crise de l’Euro, les élections qui viennent et tout ça ?  On critique déjà assez  le peu d’efficacité de son action. Qu’en serait-il s’il passait le plus clair de son temps à se repentir ? Ce ne serait que justice que nous  l’aidions : par générosité d’abord et aussi parce que nous sommes en démocratie. Louis XIV pouvait dire : « l’État, c’est moi ». Les choses ont évolué : maintenant, l’État, c’est nous. Si, si ! Repentons-nous donc et à donf !

Une question se pose cependant : est-il bien raisonnable d’imposer le devoir de repentance à l’ensemble du peuple français ? Je vois mal un français de fraîche date, venu d’une tribu ayant été victime de ce crime inexpiable que fut la traite des Noirs, se voir contraint, en tant que français, à se couvrir la tête de cendres en souvenir de l’esclavagisme. De même, un juif français  devrait-il se repentir de la participation de son pays à la shoah ?  Un algérien, ex-combattant du FLN, venu depuis, par amour de la France, s’établir chez nous et rejoindre par naturalisation le peuple français devrait-il s’excuser de la barbarie française en son ex-pays ? Ainsi, accessoirement, que des crimes du FLN ?

Il est des cas plus complexes : Prenons celui d’un bon français dont la mère était autochtone et le père espagnol. Sa repentance doit-elle porter par moitié sur les crimes de L’Espagne et ceux de la France ? Doit-il endosser en totalité la culpabilité de ses deux peuples d’origine ? Que devrait-il faire le 3 mai ?  Quid de ceux dont les ancêtres viennent de multiples origines ? Ne risqueraient-ils pas de se voir submergés de repentir ? Menacés de schizophrénie carabinée ?

On en a arrive à la conclusion que la repentance ne peut concerner, en admettant que nous soyons responsables des erreurs de nos aînés, qu’une partie d’entre nous. Partie d’autant plus difficile à définir que, sauf rares cas, il est difficile de remonter de plus de quelques siècles dans notre arbre généalogique et par conséquent de savoir si ne s’y seraient pas glissés des éléments allogènes.

Je me demande, la mort dans l’âme et frustré dans mes désirs, s’il ne serait pas raisonnable d’abandonner l’idée de repentance et d’étudier l’histoire sans a priori moraux en se contentant d’expliquer les évènements, leurs causes, leurs conséquences et leur contexte socio-économique. Ce qui n’empêcherait aucunement, si l’envie nous en venait,  d’en tirer d’éventuelles leçons pour le présent voire pour  l’avenir en fonction de nos  idéologies du moment.